Les régimes à prestations déterminées à l’abri d’une tempête parfaite
Charles Poulin|Édition de la mi‑septembre 2024Selon la firme Mercer, le degré de solvabilité médian des quelque 450 régimes de retraite à prestation déterminée de sa base de donnée était à la fin juin de 118 %. (Photo: 123RF)
IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES. Les régimes de retraite canadiens à prestations déterminées jouissent d’une santé globale qui les place relativement à l’abri d’une « tempête parfaite », car ils sont de loin mieux capitalisés qu’avant la pandémie.
Si la santé financière de ce type de régime a beaucoup varié pendant le deuxième trimestre de 2024, la capitalisation globale en fin de trimestre était dans une situation similaire à celle au début du même trimestre.
La firme Mercer, qui mesure le degré de solvabilité médian des quelque 450 régimes de retraite à prestations déterminées de sa base de données, a noté un degré de solvabilité de 118 % à la fin juin, soit un chiffre identique à celui qui a été comptabilisé à la fin mars.
Le degré de solvabilité a atteint un sommet de 123 % au 30 avril 2024, et un creux de 116 % une semaine avant la fermeture du trimestre.
« C’est assez puissant comme volatilité, 7 % à l’intérieur d’un seul trimestre, commente Hubert Tremblay, conseiller principal des avoirs chez Mercer. C’est une des raisons pourquoi de plus en plus de promoteurs de régimes, principalement les grands régimes, vont suivre cette mesure-là presque au jour le jour. »
Mieux capitalisés qu’avant
Comme les régimes de retraite, quels qu’ils soient, sont capitalisés grâce à des placements, ils ne sont jamais totalement à l’abri de la volatilité. Malgré un degré de solvabilité médian au-dessus de 100 %, sont-ils relativement sécurisés à long terme ?
Deux principaux facteurs pourraient compromettre la bonne santé financière des régimes, estime Hubert Tremblay. Une correction sur le marché des actions jumelée à une baisse simultanée des taux d’intérêt pourrait créer ce qu’il qualifie de tempête parfaite.
« Ça peut aller rapidement et provoquer une détérioration de la situation financière des régimes, concède-t-il. Cela dit, notre point de départ est solide. Avec des niveaux médians de solvabilité à 118 %, nous avons un coussin de protection qui, même après de mauvaises nouvelles, pourrait quand même nous laisser en terrain relativement confortable, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. »
Hubert Tremblay rappelle notamment les tempêtes parfaites de la crise financière de 2008 et de la COVID-19, où la solvabilité des régimes n’était pas aussi solide après des baisses de 15 % à 20 %. Les répercussions étaient plus importantes, car la médiane de solvabilité se situait juste au-dessus de 90 % en 2008 et sous 100 % en 2020.
Certains régimes encore moins bien capitalisés
Il n’en demeure pas moins que le degré de solvabilité de 118 % est une médiane. Si près de 85 % des régimes de retraite à prestations déterminées sont solvables à 100 % ou plus, il en reste 15 % qui sont sous cette barre.
Environ 2 % ou 3 % sont même sous la barre des 70 %, ouvrant leur flanc à des répercussions peu alléchantes pour les bénéficiaires en cas de tempête parfaite.
« Une combinaison de plusieurs facteurs explique cette situation, raconte Hubert Tremblay. Ces régimes ne “précapitalisent” pas certaines prestations, comme les augmentations salariales qui sont renégociées à chaque convention collective dans des environnements syndiqués. Ces régimes tirent souvent de la patte parce qu’ils n’ont pas, dans leur mécanisme de financement, ces augmentations déjà prévues. »
C’est comme si ces régimes capitalisaient a posteriori, ajoute-t-il. À l’inverse, les régimes qui sont à salaires finaux ont déjà un modèle de coûts et une projection de l’augmentation des salaires futurs.
« Il y a plus d’argent qui rentre plus vite dans le régime et ça favorise une meilleure capitalisation, souligne-t-il. Dans des régimes syndiqués ou dans des régimes qui sont indexés de façon ponctuelle, les différents paramètres ne sont pas des choses qui sont automatiques. Cela
va donc générer des déficits actuariels supplémentaires. »
Ce sont ces régimes qu’on retrouve dans des positions un peu moins favorables dans l’indice.