Le manque de logements a un impact économique important pour les villes, souligne la mairesse de Granby, Julie Bourdon. Cela empêche notamment de pouvoir recruter des travailleurs, car les municipalités ne sont pas en mesure de les loger. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. À la suite du budget provincial, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a accusé le gouvernement Legault d’ignorer la crise du logement. Pourquoi c’est si long de construire des logements sociaux et abordables? L’Union des municipalités du Québec (UMQ) recherche des façons concrètes d’améliorer les résultats.
La crise qui perdure dans l’ensemble des régions du Québec a des répercussions importantes sur les familles, notamment celles à faible revenu. Les budgets provincial et fédéral ont été décevants pour ceux qui espéraient une augmentation importante de construction de logements sociaux et abordables.
«Le manque de logements a un impact économique important pour les villes, souligne la mairesse de Granby, Julie Bourdon. Par exemple, cela nous empêche de pouvoir recruter de nouveaux travailleurs afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre, car nous ne sommes pas en mesure de les loger. Le gouvernement doit mettre en place des mesures innovantes avec des budgets adéquats pour répondre aux besoins de la population.»
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Approche de l’UMQ
Dans le cadre de ses demandes prébudgétaires, l’UMQ avait réclamé que le gouvernement du Québec devance le versement du 1,8G$ promis à l’automne dernier dans le cadre de la campagne électorale pour la construction de 11 700 logements sociaux et abordables. Dans son budget 2023-2024, le gouvernement a plutôt annoncé un investissement de 650M$ sur six ans pour compléter la livraison de 5250 logements et assurer le maintien du parc existant. De plus, il y a 350M$ comme subvention à 2000 familles pour les aider à payer leurs loyers.
L’UMQ ne s’est pas contentée de dénoncer avec vigueur ces mesures comme insuffisantes. D’ici quelques semaines, l’Union proposera des actions ciblées et documentées pour optimiser les programmes en logement social et abordable.
Mises de fonds trop élevées
Pour l’UMQ, les exigences des programmes actuels, additionnées par une hausse importante des coûts dans le marché de la construction, nuisent à la concrétisation des projets partout au Québec.
«Sortir de terre un projet AccèsLogis relève de l’exploit, déclare le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté. Après des années d’analyse et un projet accepté par Québec, les municipalités sont confrontées à une hausse de coûts qui fait en sorte que le projet est mis sur la glace.»
«Pour le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), ce n’est pas mieux, car les mises de fonds exigées sont trop élevées. Il faut dégrossir les processus, alléger les lourdeurs administratives, et surtout, ajuster le financement des programmes en fonction de l’inflation», ajoute Daniel Côté.
Québec est en train de changer ses programmes
Seulement des promoteurs communautaires peuvent participer au programme Accèslogis. Plusieurs intervenants n’aiment pas le PHAQ, car on permet des promoteurs communautaires et privés.
AccèsLogis est en fin de vie et c’est le PHAQ qui prendra la relève. La ministre de l’Habitation a annoncé que le PHAQ sera modifié.
En 2022, il y a eu des ententes avec le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins et Fondaction pour la construction de 3000 logements sociaux et abordables. La ministre de l’Habitation a déclaré qu’elle vise à conclure d’autres ententes.
Le ministre des Finances a mentionné que d’autres fonds seront alloués plus tard.
Vers de meilleurs résultats
En supposant que les villes et Québec seront en mode collaboration, le chemin vers une solution ne m’apparaît pas si ardu. Il faut sortir d’une vision technocratique sur les moyens et se concentrer d’abord et avant tout sur les résultats. Il faut qu’un projet prenne trois ou quatre ans à être complété, pas huit ans.
«On peut bien avoir tous les outils en main pour réaliser un projet, mais si collectivement on ne met pas l’accent sur les résultats, on ne sera jamais en mesure de régler la crise du logement», a conclu Daniel Côté.
«La suggestion des villes de Québec et de Laval de créer un fonds national pour les logements sociaux était d’ailleurs une idée novatrice qui aurait mérité que le gouvernement puisse en faire l’analyse plus longuement, ajoute Julie Bourdon. Il est important que le gouvernement fasse preuve d’ouverture afin que nous puissions, ensemble, trouver des solutions pour faire face à la crise du logement.»
Et Montréal?
Essentiellement, Montréal a deux options: faire cavalier seul, décider de sa solution et quémander plus de foin ou encore prendre acte des changements que Québec est en train d’apporter et faire des propositions constructives.
Montréal a créé une équipe tactique avec toute l’expertise nécessaire pour bien analyser la situation.
Montréal veut sincèrement augmenter le nombre de constructions. Mais dans les faits, c’est ardu d’y obtenir des permis de construction. Le naturel revient au galop. François Legault a pointé du doigt l’administration montréalaise pour les délais indus dans la réalisation des projets.
Lors du premier mandat, l’objectif initial était de construire 12 000 logements abordables et il s’en est construit le tiers. À Blue Bonnets, Montréal cavale en rond. Montréal doit prendre des mesures concrètes pour inciter les promoteurs privés à construire plus. La mairesse a fixé un objectif de 60 000 logements abordables d’ici dix ans.
Les fonds gouvernementaux ne sont pas illimités. J’ai écrit un article le 18 janvier où la SCHL, la ministre de l’Habitation et l’UMQ indiquaient que c’est en harnachant mieux l’énergie du secteur privé que l’on augmentera encore plus l’offre de logements, et cela pour tous les types d’habitations.
On s’attelle!
Je vous invite à consulter mes articles précédents.