Personne ne peut prédire avec précision l’évolution future des taux. À qui vous fier? Moi, votre banque, un courtier hypothécaire, un économiste, un raton laveur ou une marmotte? (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. La majorité des premiers acheteurs sont en hibernation. Selon la tradition, une marmotte qui émerge de son terrier le 2 février, et qui ne voit pas son ombre, signifie que l’hiver se terminera bientôt. Après un long hiver immobilier — les hausses de taux ayant refroidi le marché — je m’attends à ce que le climat soit plus clément sous peu.
Le 2 février 2024, Phil, la célèbre marmotte de Punxsutawney aux États-Unis, a prédit un printemps hâtif. Fred de la Gaspésie, Shubenacadie Sam de la Nouvelle-Écosse et Wiarton Willie, la marmotte albinos de l’Ontario, sont tous du même avis.
Baisse surprise de l’inflation
La croissance annuelle de l’Indice des prix à la consommation (IPC) s’est établie à 2,9% en janvier, soit une baisse significative par rapport au 3,4% annoncé un mois auparavant. Les experts prévoyaient 3,3%.
Le principal moteur de l’inflation est l’intérêt hypothécaire (+27,4%), dont le prix est lui-même fixé par rapport aux anticipations d’inflation. Cette relation circulaire est intéressante. Lorsque les taux d’intérêt vont baisser, l’IPC va baisser.
Les intérêts hypothécaires ne font pas partie du calcul d’inflation en Europe et aux États-Unis.
La croissance annuelle des loyers (+7,7%) est le deuxième facteur ralentissant la descente de l’IPC.
La BNC prédit que l’IPC va atteindre 2% cet été, un an plus tôt qu’a prédit la Banque du Canada.
Dans leurs annonces, j’ai toujours trouvé que la Banque du Canada pouvait être parfois aussi fallacieuse qu’un raton laveur.
(Photo: 123RF)
Baisse imminente du taux directeur
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a mentionné récemment qu’il fallait laisser plus de temps à la politique monétaire pour faire son travail. Comme plusieurs, je crois qu’il se doit de baisser les taux dans les prochains mois. Il se doit de stimuler l’économie.
Selon la Banque Nationale, le taux directeur passerait de 5% à 3,25% d’ici la fin de l’année. Pour les économistes de Desjardins et de la CIBC, il passerait à 3,5%. Avec une prédiction à 4%, RBC est plus pessimiste.
Que le taux directeur commence à baisser en mars ou en juillet, des acheteurs astucieux vont faire une offre d’achat, sachant que le taux ne sera établi que quelques mois plus tard, juste avant de signer l’acte de vente chez le notaire.
Actuellement, les taux fixe ou variable sur trois ans me semblent les meilleurs choix.
Personne ne peut prédire avec précision l’évolution future des taux. À qui vous fier? Moi, votre banque, un courtier hypothécaire, un économiste, un raton laveur ou une marmotte?
À SUIVRE -> Pas une génération perdue
Pas une génération perdue
Ces dernières années, le rêve d’accéder à la propriété a été de moins en moins accessible. On a atteint un niveau record d’inaccessibilité.
Les mouvements de taux d’intérêt ont plus de répercussions maintenant avec des prix élevés. La majorité des jeunes ont abandonné l’idée d’être propriétaire, mais cela changera quand le climat sera meilleur.
Avant de sombrer dans le désespoir et d’insister sur cette iniquité générationnelle, il me semble toutefois plus enthousiasmant de conseiller aux premiers acheteurs la meilleure stratégie.
Il faut analyser le marché actuel, réaliser que la probabilité que les prix baissent est faible et agir pour être en mesure d’acheter.
Heureusement le CELIAPP gagne en popularité. Les jeunes qui reçoivent de l’aide financière de leurs parents sont privilégiés.
Ce sont les jeunes écureuils qui accumulent qui seront en meilleure posture pour acheter.
Historiquement, la moitié de tous les acheteurs de maison sont de premiers acheteurs. Ils seront une source de redynamisation du marché.
Il y a un effet domino. Un premier achat par un jeune ménage libère un logement pour un nouveau ménage locataire et qui libérera probablement un autre logement et ainsi de suite.
Pas une fable
Pris au premier degré, cet article peut être vu comme une fable incluant des marmottes, un raton laveur et des écureuils.
Dans les faits, l’article veut tout simplement convaincre un acheteur de ne pas trop se préoccuper de l’avenir. Dans le passé, l’immobilier était un placement avec de bons rendements sur le long terme.
L’immobilier c’est un marathon, pas un sprint. Les jeunes investisseurs peuvent profiter de leur plus grand allié: le temps.
Un jeune qui n’a pas les fonds requis doit épargner. Quand les taux baisseront et qu’il peut faire un achat, il ne devrait pas hésiter à aller de l’avant. Que son immeuble baisse de prix un peu n’est pas dramatique. Car s’il le conserve pour plusieurs années, il est presque garanti qu’il aura une plus-value.
Le 8 mars 2023, j’ai conclu ma chronique avec ce conseil: «Que ce soit en 2023 ou en 2024, si vous pouvez vous le permettre, cherchez un immeuble qui répond à vos besoins, et achetez-le. En le conservant longtemps, il va prendre de la valeur. Peu importe le type d’investissement, tenter de choisir le meilleur moment pour acheter est hasardeux. On ne peut pas prédire avec précision les variations à court terme des prix. Il est préférable de tout simplement bien choisir son investissement et de le conserver longtemps.»
Le 20 décembre 2023, j’ai renchéri: «Je suis convaincu que c’est un excellent moment pour acheter, pour ceux qui peuvent se le permettre».
Je n’ai pas changé d’avis. Je suis convaincu que 2024 est une bonne année pour acheter ou vendre.
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