La fièvre du centre-ville n'épargne pas Québec et Sherbrooke


Édition de Mars 2017

La fièvre du centre-ville n'épargne pas Québec et Sherbrooke


Édition de Mars 2017

Le phénomène de la densification touche aussi Québec et même Sherbrooke.

La réappropriation des centres-villes par les résidents ne touche pas que les grandes villes du monde. Ce phénomène mondial se fait sentir de façon spectaculaire à Québec, mais aussi dans une ville de taille modeste comme Sherbrooke.

Si plusieurs nouvelles tours de 50 étages redessinent actuellement la silhouette du ciel montréalais, la plus haute tour de l'est du pays ne verra pas le jour dans l'arrondissement Ville-Marie, mais dans celui de Sainte-Foy, à Québec. Ce projet titanesque, baptisé Le Phare, comprendra quatre tours, dont une proéminente de 65 étages. Sa construction, qui devrait démarrer en 2017, confirmera le déplacement du centre-ville de Québec de son centre historique vers le boulevard Laurier, aux abords des ponts de la capitale.

Cette délocalisation est déjà entamée depuis plusieurs années. Entre 2011 et 2015, le Groupe Dallaire, maître d'œuvre du Phare, a déjà construit les tours de 17 et 28 étages du complexe Jules-Dallaire sur le boulevard Laurier qui connaissent un succès retentissant, avec bureaux aux étages inférieurs et copropriétés aux étages supérieurs. «En attirant les plus importants cabinets d'avocats, Sainte-Foy est devenu de facto le centre des affaires», soutient Michel Dallaire, président et chef de la direction du Groupe Dallaire.

Le Phare poursuit cet élan et sera construit en misant sur la mixité des usages. Ses quatre tours combineront copropriétés, appartements en location, hôtels et bureaux. En son centre, on aménagera une place publique animée, dans l'optique de la tendance live, work, play, qui séduit tant les milléniaux. «On créera un véritable milieu de vie», dit le promoteur.

Sur un échéancier de 10 ans, le Groupe Dallaire prévoit la construction au Phare de 1 100 unités résidentielles, tout en accueillant 3 000 travailleurs. Malgré le surplus de copropriétés actuellement dans le marché de la Vieille Capitale, Michel Dallaire affirme qu'il n'aura aucune difficulté à les écouler. «Je n'ai pas de concurrence dans le secteur haut de gamme, avec des appartements en hauteur offrant des vues spectaculaires», observe-t-il.

Le Phare n'est qu'un début. Étant donné la densification du quartier à venir, qui comblera les stationnements à ciel ouvert et entraînera la démolition des bâtiments de faible densité, ce deuxième centre-ville sera à l'échelle de Québec l'équivalent du quartier de La Défense, à Paris, dit Michel Dallaire.

L'administration municipale encourage fortement la naissance de ce nouveau centre. «Je pense que l'objectif du maire de Québec, Régis Labeaume, est de transformer l'image de la ville, de Vieille Capitale historique en ville en pleine croissance», analyse Jean Dubé, professeur de développement régional à l'Université Laval. Avec une hauteur projetée de 65 étages, Le Phare répond aussi à la mégalomanie du maire de Québec, qui «rêve de devenir un Jean Drapeau».

Ce déménagement vers Sainte-Foy répond aussi à des nécessités économiques. «Plus accessible en voiture et mieux desservi par le transport en commun, ce nouveau centre libère aussi les promoteurs des contraintes de construction inhérentes à un quartier historique comme le Vieux-Québec», dit cet observateur. Selon Jean Dubé, la Ville ne doit cependant pas rater cette occasion de repenser le transport en commun, actuellement déficient, dans cette ville qui connaît une croissance continue depuis 25 ans.

Pendant ce temps dans les Cantons-de-l'Est

La fièvre du centre-ville contamine également Sherbrooke. Près de l'intersection King et Jacques-Cartier, une tour résidentielle de 90 copropriétés sur 12 étages, ce qui équivaut à un gratte-ciel dans cette ville de 150 000 habitants, a vu le jour en 2016, sur la rive nord de la rivière Magog. Dans ce complexe baptisé Urbano, ce sont majoritairement des cinquante ans et plus qui achètent des appartements, mais les propriétaires sont attirés par les mêmes caractéristiques que les Montréalais : ils veulent vivre au cœur de la ville.

SAQ, épiceries, restaurants, espaces verts et piste cyclable au bord de la rivière, tout est accessible à pied. «Depuis qu'on habite ici, les freins de ma voiture sont collés, car on ne l'utilise plus», affirme Guy Péloquin, physicien à la retraite de 54 ans, qui vient d'y emménager avec son épouse, Carmen Gagnon, après avoir quitté le Saguenay. Le couple ne s'ennuie pas du terrain à entretenir et des moustiques.

Les promoteurs d'Urbano, Matthieu Cardinal et Christian St-James, ont pris un gros risque. «Contrairement à Montréal, il fallait créer la demande de ce genre de complexe résidentiel avec services intégrés en plein centre, du jamais-vu à Sherbrooke», raconte Matthieu Cardinal. L'intuition des deux hommes était juste. «Tout le monde pensait qu'on allait se casser les dents. Or, dès la mise en vente d'Urbano, le succès a été immédiat. On a vendu 50 % des condos en six mois, à des prix bien supérieurs à la moyenne du marché sherbrookois, où les prix sont bas», explique cet homme énergique de 40 ans.

Urbano se trouve à 4 km du centre-ville, dans une zone qui se densifie de plus en plus. La Ville projette de doubler, de 3 000 à 6 000, le nombre de résidents dans son centre d'ici quelques années. «On veut créer un milieu de vie plus agréable, attirer les entreprises culturelles et y favoriser l'accès à la propriété», explique Gilles Marcoux, directeur général de Commerces Sherbrooke. L'attrait renouvelé pour les centres n'a pas fini de remodeler les villes.

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