Habitation: un petit pas hier et deux grands dans les prochains
Jean Sasseville|Publié le 22 mars 2023(Photo: 123RF)
BUDGET DU QUÉBEC. Le budget 2023-2024 n’offre presque rien pour améliorer l’offre sur le marché immobilier. Hier une plus grande nouvelle est passée presque inaperçue. Plusieurs intervenants recommandent un meilleur dialogue entre les trois paliers de gouvernements.
1 milliard dédié aux enjeux liés à l’Habitation
Une somme de 650 millions sur six ans permettra de réaliser plus de 5 250 logements sociaux et abordables et d’assurer l’entretien du parc existant.
C’est en deçà de l’engagement électoral de 11 700 logements abordables et sociaux, et surtout beaucoup moins des attentes des villes.
«Le budget 2023-2024 du gouvernement du Québec ne répond pas aux demandes qui ont été clairement exprimées par la métropole et la région métropolitaine. La métropole mobilisera dès demain ses partenaires en habitation pour trouver des solutions», a déclaré la mairesse Valérie Plante.
Afin de soutenir les Québécois qui doivent faire face à la hausse des coûts de logement, le gouvernement annonce une bonification, dès juillet prochain, de la composante logement du crédit d’impôt pour la solidarité. Cette aide supplémentaire de 292 millions de dollars sur cinq ans bénéficiera à 1,8 million de personnes.
Une somme de 59 millions permettra d’aider 2 000 ménages de plus à se loger grâce au programme Supplément au loyer et d’aider les municipalités et les offices d’habitation à soutenir les ménages sans logis.
Le déséquilibre financier et fiscal entre Québec et les villes demeure
Pour l’Union des municipalités du Québec (UMQ), six grands chantiers génèrent des répercussions financières considérables sur le milieu municipal, soient les changements climatiques, l’itinérance, l’habitation, la mobilité, le développement économique et l’aménagement du territoire.
Les villes ont de grands besoins, mais ont des revenus insuffisants. Le budget ne rétablira pas ce déséquilibre.
«Les municipalités de partout au Québec portent à bout de bras ces grands chantiers. Maintenant, j’appelle la ministre des Affaires municipales, madame Andrée Laforest, à s’asseoir rapidement avec l’UMQ pour identifier des pistes de solution durables. C’est urgent», a mentionné le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté.
Une réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme
Hier, la tant attendue réforme de la loi sur l’aménagement et l’urbanisme a été déposée. Avec le plan de mise en œuvre de la politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, promis pour avril, le Québec avancera d’un grand pas.
Les municipalités désireuses de densifier un secteur pourraient empêcher la tenue d’un référendum susceptible de contrer leurs visées dans plusieurs circonstances.
Récemment, je recommandais que la province impose aux villes de 50 000 habitants et plus un zonage de 3 étages plus demi-sous-sol. C’était une mesure drastique. Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales, a eu la sagesse de ne rien imposer et de donner un puissant outil pour aider les municipalités qui désirent densifier.
«Le projet de loi est un point de départ pour faciliter la réalisation de projets immobiliers en milieu urbain. Certains écueils demeurent, mais ça ouvre des portes jusque-là fermées pour les promoteurs», souligne Louis-Benoit L’Italien-Bruneau, urbaniste et directeur stratégique en urbanisme pour Paré + Associés inc.
Mesures souhaitables laissées de côté
Avec un besoin criant d’augmenter l’offre de logements et avec la baisse de nouvelles constructions, j’espérais des mesures visant à faciliter l’accès à la propriété, à stimuler davantage la construction de logements partout au Québec et à revoir les nombreux mécanismes qui freinent les mises en chantier au Québec.
Québec aurait dû actualiser les règles permettant le remboursement de la TVQ pour les habitations neuves et mettre en place un crédit d’impôt sur les investissements permettant d’atteindre les cibles de décarbonation dans le parc immobilier existant.
Pour un bond de la construction de logements
«Pour que la situation puisse être corrigée, les différents acteurs de l’immobilier résidentiel doivent partager une compréhension commune de la situation. Le gouvernement du Québec devrait d’abord rechercher une plus grande cohérence dans les actions des différents paliers décisionnels,» soutient Jean-Marc Fournier, PDG de l’Institut de développement urbain du Québec.
Québec pourrait réunir les différents acteurs politiques, économiques et sociaux à l’occasion d’un sommet sur l’habitation pour convenir des priorités, de cibles nationales, régionales et locales, ainsi que des moyens à déployer pour les atteindre.
«De concert avec eux, il devrait produire une analyse indépendante et objective des enjeux pour dresser un état des lieux neutre et exhaustif sur le déficit de l’offre, ses causes et les moyens d’y remédier,» ajoute Jean-Marc Fournier.
Depuis sa nomination, la ministre de l’Habitation a retroussé ses manches. Elle tente de hausser la cadence de construction. Elle semble avoir un plan clair. En continuant à multiplier ses rencontres avec les municipalités, souhaitons que les positions pour les logements abordables convergent de plus en plus.
Je vous invite à consulter mes articles précédents.