Gare aux frais liés à la rupture d’une hypothèque pour obtenir un meilleur taux
La Presse Canadienne|Publié le 08 octobre 2024Le refinancement d’un prêt hypothécaire impliquera généralement des frais juridiques, des frais d’évaluation, des frais d’enregistrement et, en cas de changement de prêteur, des frais de quittance. (Photo: La Presse Canadienne/ Christinne Muschi)
Les taux d’intérêt sont en baisse, mais de nombreux Canadiens ressentent encore les effets des coûts d’emprunt les plus élevés depuis une génération.
Pour ceux qui sont obligés de payer des taux hypothécaires élevés ou qui souhaitent réduire leurs dettes de consommation à taux d’intérêt élevé, il peut être judicieux de rompre un contrat hypothécaire. Mais des experts affirment que les emprunteurs doivent se méfier des frais qui pourraient être élevés.
L’attrait du refinancement survient alors que les taux hypothécaires fixes sont passés d’environ 5,49% en octobre dernier à des taux désormais proposés à un peu moins de 4% pour les emprunteurs les mieux cotés, selon RateHub.
Obtenir cette baisse de 1,5 point de pourcentage sur un solde hypothécaire de 400 000 $ permettrait d’économiser environ 338 $ par mois. Diminuer le taux d’intérêt sur un solde de carte de crédit de 10 000 $ de 20% à 4% réduirait, en gros, les paiements d’intérêt mensuels de 167 $ à 33 $.
Les économies potentielles surviennent alors que la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont commencé à réduire leurs taux pour la première fois en plus de quatre ans, maintenant que l’inflation a ralenti.
Pour ceux qui ont bloqué un taux près du sommet, ou qui ont dû ajouter des cartes de crédit à taux d’intérêt élevé et d’autres dettes de consommation pour gérer la crise du coût de la vie, il pourrait être judicieux d’obtenir un taux plus bas ou de consolider la dette dans un nouveau prêt hypothécaire, a indiqué Leah Zlatkin, courtière en prêts hypothécaires et experte de LowestRates.ca.
«Sans nul doute, certaines personnes ont accumulé des dettes supplémentaires au cours des deux dernières années et maintenant que les taux baissent, c’est l’occasion de les refinancer», a-t-elle affirmé.
«Remboursez certaines de ces dettes de carte de crédit que vous payez à plus de 15% et placez-les plutôt dans un prêt hypothécaire», a-t-elle suggéré.
De nombreux Canadiens ont dû se tourner vers les dettes de carte de crédit, les soldes impayés ayant atteint 122 milliards de dollars au deuxième trimestre, selon Equifax, en hausse de 13,7% par rapport à l’année précédente. Les soldes ont augmenté davantage pour ceux qui payaient également une hypothèque.
La pression financière due à l’augmentation de la dette et des coûts d’emprunt a contribué à faire grimper le taux de défaillance des dettes non hypothécaires de 23% par rapport à l’année précédente, a déclaré l’agence d’évaluation du crédit.
De multiples frais pour rompre une hypothèque
Mais rompre une hypothèque n’est pas sans écueils, notamment en raison de tous les frais qui y sont associés.
Certains prêts hypothécaires, y compris la plupart à taux variable, ont une pénalité assez simple de trois mois de paiements d’intérêts. Mais cela peut devenir plus compliqué avec les taux fixes, où les frais peuvent varier considérablement selon le prêteur.
De nombreux prêts hypothécaires à taux fixe utilisent ce qu’on appelle un différentiel de taux d’intérêt pour aider à déterminer le coût, qui tiendra compte de l’avancement du prêt hypothécaire et, comme son nom l’indique, de la différence de taux d’intérêt entre le moment où le prêt hypothécaire a été obtenu pour la première fois et celui où il est refinancé.
«C’est très nuancé. Cela dépend vraiment de vous et de votre prêteur», a souligné Mme Zlatkin.
Le refinancement d’un prêt hypothécaire impliquera généralement des frais juridiques, des frais d’évaluation, des frais d’enregistrement et, en cas de changement de prêteur, des frais de quittance.
Bien que les conditions doivent être précisées dans le contrat de prêt hypothécaire, Mme Zlatkin recommande de parler à un courtier, car de nombreuses variables doivent être prises en compte, notamment le moment où effectuer le changement.
Des baisses de taux déjà prises en compte
Si les taux d’intérêt baissent davantage, comme prévu, les emprunteurs pourraient faire face à des pénalités plus élevées sur l’écart de taux d’intérêt.
Mais ce qui fait qu’il est peut-être temps de consolider, c’est que les taux fixes ont déjà pris en compte les baisses de taux d’intérêt attendues.
Le rendement actuel des obligations canadiennes à cinq ans, qui aide à déterminer les taux hypothécaires fixes, intègre déjà la possibilité que la Banque du Canada réduise ses taux à 2,5%, contre 4,25% actuellement, a noté un rapport de Beutel Goodman.
Si la Banque du Canada cesse de réduire ses taux à 2,75%, ce qui se situe au milieu du niveau où la banque centrale pense que son taux directeur se stabilisera, alors les rendements obligataires et les taux hypothécaires fixes pourraient augmenter.
Le risque de changement des perspectives, par exemple si l’inflation recommence à accélérer, signifie qu’il est important de fixer un taux sans trop attendre, a souligné le stratège hypothécaire Robert McLister.
«Les attentes du marché peuvent changer radicalement, a-t-il affirmé. Donc au moins, vous savez, obtenir un taux maintenant vous protège au cas où l’inflation accélérerait dans les prochains mois.»
Au lieu de refinancer un prêt hypothécaire, les propriétaires pourraient également envisager une ligne de crédit sur la valeur domiciliaire pour rembourser une dette à taux d’intérêt plus élevé, mais M. McLister a noté qu’il s’agit surtout d’une option intéressante à court terme. S’il faut des années pour rembourser la dette, les taux hypothécaires seraient probablement le meilleur choix, a-t-il fait valoir.
Même si la consolidation de la dette à taux élevé dans un prêt hypothécaire peut être utile, il prévient que ceux qui sont aux prises avec un mauvais crédit, une perte d’emploi potentielle ou une baisse de la valeur de leur maison pourraient avoir du mal à refinancer.
Mais la consolidation de la dette à un taux inférieur devrait réduire le montant à payer chaque mois. Cela améliorerait le ratio du service de la dette et devrait faciliter l’admissibilité à l’hypothèque, tandis que la capacité à gérer les paiements moins élevés pourrait également améliorer la cote de crédit d’une personne, a indiqué M. McLister.
«Si vous consolidez vos dettes et que tout d’un coup vous remboursez toutes ces dettes renouvelables, c’est une bonne chose.»
Par Ian Bickis