EMD-Batimo vise une cadence de 2000 mises en chantier par année
Charles Poulin|Mis à jour le 18 novembre 2024«Nous voulons conserver une vitesse de croisière à 2000-2500 unités par an pour les dix prochaines années», affirme le président d'EMD-Batimo, Francis Charron. (Photo: courtoisie)
La construction doit s’accélérer au Québec pour parvenir à rétablir l’abordabilité du marché immobilier résidentiel, estime la Société canadienne d’hypothèques et logement (SCHL). Le Groupe EMD-Batimo entend faire sa part en tentant de maintenir une cadence de 2000 mises en chantier par année, et ce pour les dix prochaines années.
Il s’agit là d’un objectif ambitieux lorsqu’on réalise qu’il y a eu un grand total de 38 900 mises en chantier en 2023. Pour les neuf premiers mois de l’année 2024, la SCHL a recensé 28 786 mises en chantier dans la province, ce qui donne une tendance d’environ 38 400 pour l’année complète.
C’est donc dire qu’EMD-Batimo construirait, à elle seule, environ 5% de tous les logements et habitations bâties annuellement au Québec.
La barre est haute, mais le président de l’entreprise, Francis Charron, croit fermement qu’il peut y arriver.
«Comme tout le monde, on a été moins actifs en termes de construction en raison des conditions de marché, précise-t-il. Mais pendant ce temps, nous avons acheté des terrains, nous les avons préparés. On fait en sorte que dans la prochaine année, c’est 2500 unités qu’on va construire, dont 1000 ont démarré ces trois derniers mois. Après ça, nous voulons conserver une vitesse de croisière à 2000-2500 unités par an pour les dix prochaines années.»
Expertise et partenariat
Francis Charron se base notamment sur l’expertise d’EMD-Batimo, qui célèbre ses 30 ans cette année. L’entreprise possède 10 000 unités d’habitation construites ou en voie de l’être comprenant des complexes multirésidentiels, des résidences pour retraités ainsi que des logements sociaux et abordables, un objectif qu’elle a entre autres réalisé grâce à son partenariat avec Chartwell. Ce dernier lui a permis de lever de terre un peu plus de 4000 unités.
« Ce qui nous caractérise, c’est notre intégration verticale, estime Francis Charron. Nous sommes développeurs, constructeurs et gestionnaires des édifices que nous construisons. Nous contrôlons ainsi le processus d’investissement de A à Z. »
Données et IA
L’autre carte dans le jeu d’EMD-Batimo est sa grande utilisation des données.
« Nous sommes très data-driven, explique-t-il. Nous nous servons de toutes les métriques de développement, que ce soit le coût d’électricité au pied carré, à la porte, au pourcentage de notre budget. Les données de tous les postes budgétaires possibles et impossibles ont été répertoriées et nettoyées pour avoir la bonne donnée. »
L’entreprise tire également profit de l’intelligence artificielle (IA) pour prendre ses décisions d’affaires. Les logiciels de business intelligence (BI) qu’elle utilise lui permettent de s’assurer qu’elle prend les meilleures décisions avec la bonne information pour minimiser le risque et optimiser les rendements, soumet Francis Charron.
«Ce qu’on a réalisé, particulièrement dans les quatre dernières années avec l’arrivée de l’IA et de la BI, ça nous permet d’avoir une rentabilité supérieure au marché. Cette rentabilité, en retour, nous permet de démarrer des mises en chantier supplémentaires.»
Livre noir de la construction
EMD-Batimo a développé un outil qui fait un peu office de black book des sites où construire au Québec. Grâce à l’IA, le logiciel va prédire à quel endroit l’entreprise devrait développer de nouveaux projets au Québec.
« Ça nous indique où il y a une demande latente, donc une demande potentielle, et qui a la capacité de payer pour les différents types de projets, précise Francis Charron. Parce que ce n’est pas vrai que tout le monde est capable de payer le loyer marchand. Il faut aussi développer du logement abordable, parce que nos familles, celles dans le besoin et qui sont les plus démunies, ne peuvent payer un loyer à 2000$, 2500$, 3000$ par mois. »
Son petit livre noir lui permet ainsi de mettre le doigt précisément sur où développer du logement abordable, du logement marché, de la résidence pour personnes âgées ou encore ses concepts 55+, qu’EMD-Batimo a nommés Le Lib.
L’outil indique de plus la typologie de bâtiment à utiliser, le nombre d’appartements de chaque type (3 ½, 4 ½, 5 ½, etc.), quel loyer demander et la croissance des cinq premières années ainsi que la compétition à prévoir dans les secteurs visés.
« Ça génère même un pro forma économique avec une analyse de sensibilité, laisse tomber Francis Charron. Tout ça en ne tapant qu’une adresse. Nous possédons donc un top 50 des villes qu’on doit développer au Québec, et nous le suivons religieusement.
EMD-Batimo a une équipe de 85 personnes dédiées au développement et à la construction de projets multirésidentiels. Au total, elle emploie 522 personnes.