Une reprise en W serait catastrophique pour l’immobilier
La Presse Canadienne|Publié le 21 janvier 2021Une reprise en W après la pandémie pourrait entraîner un recul de près de 50% des prix des logements, dit la SCHL.
Une reprise en forme de W après la pandémie COVID−19 pourrait entraîner une baisse de près de 50% des prix des logements et faire grimper le taux de chômage jusqu’à 25% si le gouvernement n’offrait pas d’aide, a estimé jeudi la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Une reprise en forme de W se produit lorsqu’une économie commence à rebondir rapidement après une récession, puis entre rapidement dans une autre période de ralentissement avant de se redresser.
«Ce scénario est très grave et improbable par nature, mais il est très important de le comprendre», a souligné jeudi la chef de la gestion des risques de la SCHL, Nadine LeBlanc, lors d’un point de presse.
Les scénarios évoqués par l’agence fédérale ne sont pas des prédictions ou des prévisions liées à ce qu’elle envisage pour le Canada dans sa lutte contre la COVID−19, a précisé Mme LeBlanc, mais la SCHL exécute tout de même les simulations pour aider à atténuer les risques et être transparente envers les Canadiens.
Elle a commencé les simulations au début de la pandémie, ce qui leur donne une impression plus réaliste, mais la SCHL a étudié ces dernières années sa capacité à faire face à la faiblesse des prix du pétrole, une guerre commerciale mondiale, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques majeures et des cyberattaques contre les institutions financières.
De tous les scénarios examinés par la SCHL cette année, la reprise en forme de W sans le soutien du gouvernement est le plus invraisemblable, mais c’est aussi celui qui est susceptible de causer les impacts les plus graves, a affirmé Mme LeBlanc.
Elle a prédit que la solvabilité et la capitalisation de la SCHL seraient probablement remises en question dans une reprise en forme de W où le gouvernement n’interviendrait pas pour offrir son soutien.
La SCHL a constaté qu’une reprise en forme de W avec le soutien du gouvernement réduirait la gravité et serait plus gérable, n’entraînant qu’une baisse d’environ 32% des prix des maisons et un taux de chômage de 24%.
Si la reprise en forme de W avec le soutien du gouvernement s’accompagnait d’une grave cyberattaque ciblant l’ensemble du secteur financier du pays, les résultats des simulations de crise de la SCHL montrent qu’une baisse de 37% des prix des logements et qu’un taux de chômage de 24% seraient probables.
Dans ce scénario, les pertes cumulées des réclamations d’assurance atteindraient 8,4 milliards $ — environ la moitié du montant évalué par la SCHL dans le scénario d’une reprise en forme de W sans aide gouvernementale.
D’autres scénarios en U ou en K
La SCHL a également envisagé une reprise en forme de U, dans laquelle l’activité économique connaît une baisse abrupte, mais brève, avant de rebondir relativement rapidement.
Dans une telle reprise, les prix des maisons chuteraient de près de 34% et le taux de chômage de pointe serait près de 15%, a précisé la SCHL. Les pertes cumulées des réclamations d’assurance atteindraient 9,6 milliards $.
Ce scénario est le plus plausible et générerait probablement les impacts les plus modérés, a noté Mme LeBlanc.
De nombreux économistes prévoient que le Canada connaîtra une reprise en forme de K après la pandémie du COVID−19, au cours de laquelle les riches deviennent plus riches et les pauvres, plus pauvres.
Ce scénario n’était pas sur le radar de la SCHL lorsqu’elle a entamé ses simulations de crise en mars dernier, mais il suscite un certain intérêt, a laissé entendre Mme LeBlanc.
«Nous ne sommes évidemment pas sortis de cette crise, alors la SCHL continue actuellement d’effectuer des simulations de crise et l’un de ces scénarios, qui nous semble très intéressant, est celui de la reprise en forme de K.»