Gagne-t-on à calculer ses impôts soi-même?

Offert par Les affaires plus


Édition de Mars 2018

Gagne-t-on à calculer ses impôts soi-même?

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Édition de Mars 2018

Par Didier Bert

Pourquoi payer un comptable, alors qu’un logiciel moins coûteux et un peu de temps suffisent à établir sa déclaration fiscale ? Si les situations les plus simples peuvent se passer de la prestation d’un professionnel, on peut rapidement faire des erreurs coûteuses dès que la situation devient un peu plus complexe…

Le contribuable avec un épais dossier fiscal peut se poser la question selon l’aspect purement financier : soit opter pour l’aide d’un comptable et verser au minimum quelques centaines de dollars, soit remplir ­lui-même sa déclaration de revenus à l’aide d’un logiciel, moyennant quelques dizaines de dollars…

Comptable, préparateur, logiciel...

Entre ces deux possibilités, il y a aussi le préparateur de déclarations fiscales, qui n’est pas soumis aux obligations de formation et de mise à jour des comptables agréés. Il a toutefois l’avantage d’être moins coûteux que ces derniers, tout en étant une présence rassurante pour le contribuable peu à l’aise avec les logiciels d’impôt.

Ce calcul rapide peut conduire les particuliers à s’improviser comptables. L'économie réalisée risque cependant d'être mangée par les erreurs. Bien sûr, il y a peu de risques d'inexactitudes quand on a seulement à déclarer son feuillet T4 et ses coûts de transport en commun. Alors oui, un jeune employé, célibataire, vivant sans colocataire, sera probablement gagnant.

Gare aux changements de situation

La tâche se complexifie vite quand la situation personnelle de ce jeune employé évolue. S’il est aux études, il pourra demander des déductions. Même s’il n’est jamais malade, il pourra demander un crédit pour frais médicaux ! L’inscription au cégep ou à l’université génère souvent l’enregistrement dans un régime de soins de santé dont il est difficile de se retirer, commente Jean-Pierre ­Groleau, ­directeur-adjoint du service de fiscalité au cabinet ­Petrie ­Raymond. Or, les primes versées à ce régime sont admissibles au titre du crédit pour frais médicaux.

À l’inverse, ­Jean-Pierre ­Groleau dit voir régulièrement des particuliers payer leur contribution à la ­RAMQ, alors qu’ils bénéficient d’une assurance collective. « ­Juste parce qu’ils n’ont pas coché la bonne case dans leur déclaration », ­observe-t-il. Dans ce cas, ces contribuables peuvent verser jusqu’à 650 dollars pour rien.

Tout changement de situation familiale ou professionnelle devrait être l'occasion d'une visite chez le comptable, recommande Jean-Pierre ­Groleau. L’arrivée d’un enfant, le changement de conjoint ou de colocataire, le décès d’un proche, un déménagement pour se rapprocher de son travail, un changement d’emploi sont autant de raisons de vérifier l’admissibilité à de nouvelles déductions ou de nouveaux crédits d’impôt. Quand la situation demeure stable, on peut alors établir ­soi-même sa déclaration de revenus, quitte à faire le point tous les trois ans avec son comptable. 

Ces gains oubliés

L’oubli de déductions peut largement dépasser le coût de la prestation du comptable. Son obligation de mise à jour le conduit inévitablement à connaître les possibilités et les nouveautés fiscales.

Par exemple, ­saviez-vous que si vous avez installé un toit blanc sur votre immeuble à ­Montréal avant le 31 mars de cette année, vous avez droit à un crédit d’impôt provincial ? C’est ce genre d’information qui peut échapper au contribuable qui déclare en solo. Le crédit d’impôt pour toit blanc peut pourtant atteindre 10 000 dollars par habitation.

Aussi, la plupart des gens savent désormais que s’ils possèdent des biens étrangers dont le coût est supérieur à 100 000 dollars, ils doivent les mentionner dans leur déclaration de revenus. En revanche, peu savent que cela inclut les actions d’entreprises étrangères : oui, vos actions d’Apple doivent être incluses, de même que votre appartement locatif à ­Paris. « ­Les gouvernements se parlent, prévient ­Jean-Pierre Groleau. Les étrangers qui résident ici ne peuvent plus espérer que leur patrimoine passe inaperçu. » L’oubli de déclarer vos biens étrangers peut vous coûter jusqu’à 2 500 dollars par année. Et le fisc peut revenir jusqu’à dix ans en arrière !

Vous oubliez de déclarer la vente de votre résidence principale ? ­Oui, c’est un gain exempté d’impôt. Vous avez tout de même l’obligation de déclarer la transaction. La pénalité en cas de manquement est de 25 dollars par jour, jusqu’à un maximum de 8 000 $. 

Oublis coûteux

Comme travailleur autonome, vous tentez d’économiser au maximum pour vous en sortir ? ­Attention, n’essayez pas d’économiser sur les acomptes provisionnels, prévient ­Jean-Pierre ­Groleau. Cette économie, ou l’oubli de verser les acomptes, amènera le fisc à vous demander les arriérés de paiement, intérêts compris. Pas encore convaincu ? ­Sachez que le taux d’intérêt appliqué par ­Revenu ­Québec aux paiements en retard des entreprises peut atteindre 15 %...

Si vous êtes un contribuable ponctuel et organisé, votre discipline vous permet davantage d’­autodéclarer vos revenus, contrairement à un contribuable qui sombre chaque année dans la procrastination fiscale. Dans ce dernier cas, un comptable vous rappellera à vos devoirs. Il pourra aussi vous rappeler le coût de la déclaration en retard : le provincial et le fédéral vous imposeront chacun des pénalités de 5 % du montant de l’impôt à payer, auxquelles s’ajoutera 1 % par mois de retard. « ­Tant qu’à être en retard, envoyez donc un chèque aux administrations fiscales », suggère ­Jean-Pierre ­Groleau. Le fisc ne vous comptera pas de pénalité si votre chèque est supérieur au montant dû.

90 %
La proportion de ­Canadiens qui ont transmis leur déclaration en ligne en 2016.
Source : ­Agence du revenu du ­Canada.

En 2017, un ­Canadien sur trois avait déclaré ses revenus un mois avant la date limite. Leur motivation principale pourrait bien être financière :
67 %
des déclarants précoces ont droit à un remboursement du gouvernement fédéral.

Source : ­Agence du revenu du ­Canada.

Un comptable pour tous !

Des particuliers vivant sous le même toit ont intérêt à opter pour le même choix : soit déclarer ­eux-mêmes, soit confier toutes leurs déclarations au même professionnel, affirme Jean-Pierre ­Groleau. « J’ai déjà refusé un client qui voulait me confier sa déclaration d’impôt, tandis que sa conjointe établissait sa déclaration ­elle-même », ­relate-t-il, en ajoutant que ce genre de cas lui donne de l’urticaire.

Le fiscaliste explique que cela conduit immanquablement à rater des occasions de déductions et de transfert entre les personnes vivant ensemble.

« ­Il faudrait donc, à l’avenir, revenir rétroactivement sur les déclarations pour les revoir de A à Z... »

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