Familles recomposées : le casse-tête du budget

Publié le 18/04/2016 à 10:02

Familles recomposées : le casse-tête du budget

Publié le 18/04/2016 à 10:02

Vos deux ados, son petit ange, un frigo… et un seul revenu familial aux yeux de l’État. Lorsqu’il est question de budget, le mot «équitable» peut-il faire partie du vocabulaire des familles recomposées ? Petit guide du partage des dépenses.

Chacun pour soi : en matière de partage des dépenses, c’est la règle qui prévaut dans la majorité des familles recomposées du Québec. Telle est la conclusion d’Hélène Belleau, chercheuse à l’INRS et spécialiste de la gestion familiale de l’argent, qui remarque que 75% à 80% des parents ne partagent pas les dépenses liées aux enfants de l’autre, soit les frais de garde, les médicaments et les vêtements. L’étude paraîtra en juin.

Source de frictions, le budget des familles recomposées représente un enjeu dont plusieurs nouveaux conjoints négligent de discuter avant de cohabiter ensemble, remarque Guylaine Fauteux, conseillère budgétaire à l’ACEF de Lanaudière.

«Plusieurs enjeux humains dans la recomposition familiale peuvent avoir une incidence financière, surtout si les conjoints n’ont pas le même niveau de revenus. Pour réussir la famille recomposée, il faut prendre le temps de parler avant d’emménager, puis ajuster le modèle budgétaire au besoin», dit-elle.

Trois modèles bugétaires

Dans toute bonne famille, recomposée ou pas, il y a essentiellement trois modèles budgétaires, explique Guylaine Fauteux : le «pot» commun –

une seule enveloppe, où atterrissent tous les revenus et à partir de laquelle sont payées toutes les dépenses –, le partage des dépenses à 50-50, ou celui basé sur le pro-rata du revenu.

«La gestion des dépenses au pro-rata est l’un des modèles les plus équitables car il tient compte de la situation de chaque personne. Par contre, il exige un effort supplémentaire car il faut faire des calculs avant de le mettre en pratique. Il faut déterminer quelles sont les dépenses communes, par exemple.»

Quand l’État s’en mêle

Le hic, c’est que l’État redistribue les cartes de la même façon pour tout le monde : après 12 mois de vie commune – ou s’ils ont un nouvel enfant ensemble –, les amoureux deviennent des conjoints de fait. Dès lors, les prestations gouvernementales sont recalculées sur la base du revenu familial… et non individuel. Sans parler de la modulation des tarifs de services de garde, également basée sur le revenu familial.

Prenons un exemple simple : une mère monoparentale gagnant 30 000$ par an emménage avec un nouveau conjoint, sans enfant, qui touche le double de son salaire. Avec ce revenu familial de 90 000$, la mère perdra potentiellement les prestations d’aide aux familles et ce, même si elle assume seule (ou avec le père) les dépenses liées à son enfant.

Comme la majorité des conjoints ne partagent pas les dépenses liées aux enfants, cette interdépendance économique «ne correspond pas à la réalité de la société en 2016», constate Guylaine Fauteux.

Un dossier «problématique» à propos duquel la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec interpelle régulièrement le gouvernement québécois, indique sa directrice générale, Sylvie Lévesque. «Pour certaines personnes, la perte du soutien gouvernemental dûe à la nouvelle famille pose vraiment un problème majeur.»

«Il peut y avoir un coût important à ce nouvel amour, ajoute la fiscaliste Sarah Phaneuf, associée chez Raymond Chabot Gran Thornton. Chaque cas est différent, chaque année aussi. C’est toute une gymnastique d’établir un budget équitable où les conjoints se compensent entre eux.»

Ouvrir les livres

Pour partager les dépenses de façon harmonieuse, il n’y a pas de recette magique, répond Guylaine Fauteux : il faut ouvrir les livres, sortir la calculatrice et discuter.

«Il faut mettre les choses au clair et avoir une discussion franche pour éviter que ça grince par la suite. Ce n’est pas facile à faire. Mais si le modèle ne convient pas ou si la situation change, rien ne nous empêche de le revoir un peu plus tard.»

Ne perdez pas de vue qu’au-delà de la gestion des dépenses, la famille recomposée naît d’abord d’une relation amoureuse, conclut-elle.

 

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