Double fiscalité: attention à la trappe


Édition de Février 2014

Double fiscalité: attention à la trappe


Édition de Février 2014

Le Québec est la seule province du Canada où les contribuables doivent produire deux déclarations d'impôt. De nombreuses différences découlent de cette obligation et certaines d'entre elles peuvent vous coûter cher... Survol de ce qui distingue les deux solitudes sur le plan fiscal.

À la fin de 2013, Jeanne Tessier a reçu un «cadeau» dont elle se serait bien passée. Juste avant Noël, une enveloppe du ministère du Revenu a atterri dans sa boîte aux lettres. Et elle ne contenait pas une carte de voeux ! En réalité, le fisc lui réclamait 1 100 dollars.

«Le même montant de revenu a été déclaré au fédéral et au provincial, alors qu'au provincial, le montant doit être plus élevé», raconte la Montréalaise.

«Le montant inscrit sur le relevé T4 au provincial est toujours un peu plus élevé, car il inclut la prime versée par l'employeur au régime québécois d'assurance maladie. Au Québec, il s'agit d'un avantage imposable, alors que ce n'est pas le cas au fédéral», explique le fiscaliste Luc Lacombe, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Les erreurs commises proviennent souvent de ce chevauchement. Justement, les deux déclarations ne sont pas un «copier-coller» l'une de l'autre, dit-il.

«La plupart du temps, à cause des logiciels d'impôt, les gens commencent par remplir la déclaration fédérale, et la déclaration du Québec est remplie de manière automatique. Il ne faut pas oublier de vérifier de nouveau chaque case pour laquelle il y a une particularité au Québec», souligne Luc Lacombe.

Heureusement, les différences entre les deux déclarations ne tournent pas toujours au désavantage des contribuables. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui laissent de l'argent sur la table en omettant de se prévaloir de certains crédits d'impôt parfois disponibles au fédéral et non au provincial, et vice-versa.

Par exemple, les parents d'enfants d'âge préscolaire qui fréquentent une garderie subventionnée à sept dollars par jour oublient qu'ils peuvent quand même déclarer ces frais de garde au fédéral. Le montant n'est pas énorme, mais quand on le multiplie par un certain nombre d'enfants pendant cinq ans, cela peut représenter une jolie somme !

Les jeunes familles seront également heureuses d'apprendre que la déduction pour l'achat d'une première maison est admissible au fédéral, qui offre un crédit d'impôt non remboursable équivalant à 15 % de la première tranche de 5 000 dollars, soit un maximum de 750 dollars. Pas énorme non plus, mais c'est mieux qu'au provincial, où le gouvernement ne s'émeut guère de cet achat important !

Par ailleurs, les contribuables oublient souvent de se prévaloir des crédits relatifs aux frais de transport en commun, souligne Luc Lacombe. «Au fédéral, les laissez-passer doivent être déclarés par les particuliers, alors qu'au Québec, la mesure ne cible que les entreprises qui paient les titres de transport de leurs employés.»

À l'inverse, d'autres dépenses qui ne sont pas déductibles au fédéral le sont au provincial. Par exemple, le Québec est beaucoup plus ouvert aux médecines douces. Ainsi, les honoraires d'ostéopathie, de naturopathie, d'homéopathie et même de phytothérapie (médecine par les plantes) sont des frais médicaux admissibles au provincial, alors qu'ils sont exclus au fédéral. En revanche, il existe au Québec d'autres frais ou contributions qui n'existent pas au fédéral. C'est le cas notamment de la contribution santé, qui est passée de 200 à 1 000 dollars par personne, pour ceux qui ont un revenu élevé.

Au fédéral, un contribuable peut réclamer des frais médicaux qu'il aura lui-même payés pour une personne à charge (enfants, grands-parents, frères, soeurs, neveux, nièces, etc.). Un calcul distinct doit être effectué pour chaque personne à charge. De plus, pour que le payeur puisse les réclamer, le total des frais médicaux admissibles doit dépasser le moins élevé des montants suivants : soit 3 % du revenu net de la personne à charge (ligne 236), soit 2 152 dollars.

Québec permet également à celui qui paie des frais médicaux de réclamer les frais qu'il aura payés pour des personnes qui sont financièrement à sa charge. Ces frais doivent dépasser 3 % du revenu net familial du payeur.

De façon générale, le fédéral est moins flexible en ce qui concerne les transferts de certains avantages fiscaux d'un conjoint à l'autre. «Au Québec, plusieurs crédits peuvent être transférés du conjoint qui a un plus faible revenu à celui qui gagne plus», rappelle Luc Lacombe. Par exemple, un individu qui prend sa retraite avant son conjoint et qui reçoit une rente de retraite peut transférer son montant personnel de base à l'autre conjoint, ce qui n'est pas possible au fédéral.

Le montant personnel de base est un crédit d'impôt que tous les contribuables peuvent demander. Ce montant est rajusté chaque année en fonction du taux d'inflation et d'autres facteurs. Pour 2013, le montant personnel de base au fédéral est de 11 038 dollars, et au Québec, de 11 195 dollars. Autrement dit, aucun contribuable ne paie d'impôt sur les premiers 11 1195 dollars de revenus à Québec et 11 038 à Ottawa.

Ces montants qui permettent de réduire vos impôts sont des crédits d'impôt non remboursables. Donc si votre impôt à payer est moindre que le montant accordé, la différence ne vous sera pas remboursée.

Certaines règles comme celle-là sont immuables, mais d'autres règles peuvent changer. D'ailleurs, les étudiants et les travailleurs qui suivent des cours de formation continue verront pour la première fois cette année les effets du «printemps érable» sur leur impôt !

Comme les frais de scolarité n'ont pas été augmentés d'un coup, mais plutôt indexés à 3 % annuellement, il y aura une réduction du montant admissible, prévient Luc Lacombe. Ce crédit d'impôt non remboursable, autrefois de 20 %, diminuera à 8 % pour les frais engagés après la fin de la session d'hiver 2013.

«Cette mesure sert à financer l'augmentation des bourses qui découlera de l'indexation des frais de scolarité», explique le fiscaliste.

Au fédéral, un montant est aussi admissible pour les frais de scolarité et également pour l'achat de manuels scolaires.

Les subtilités de ce genre sont nombreuses. (Cliquez ici pour consulter le tableau)

Aussi, cela vaut la peine d'examiner chaque année les nouvelles mesures mises en place par les gouvernements et de consulter son comptable. En effet, rien ne sert de frapper sur des casseroles, les deux déclarations seront là pour un bon bout de temps.

Abolition du crédit d'impôt pour les fonds de travailleurs

Lors du dépôt de son dernier budget, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il voulait abolir le crédit d'impôt de 15 % dont bénéficient les épargnants qui contribuent à des fonds de travailleurs comme le Fonds de solidarité FTQ ou le Fondaction CSN. La mesure prendra effet en 2015, et le retrait sera progressif. Le crédit passera de 15 % à 10 % en 2015, puis à 5 % en 2016, pour être totalement retiré en 2017. Il est possible de déduire un maximum de 5 000 dollars par an. Il reste donc deux ans pour en profiter pleinement, ce que conseillent les fiscalistes. «En 2015, il faudra surveiller ce qui se passera. Ce ne serait pas étonnant que le gouvernement crée d'autres instruments de placement pour pallier la disparition de cet outil d'épargne», souligne Luc Lacombe. Source : Agence de la consommation en matière financière du Canada http://www.planiguide.ca/planiguide/

Petit lexique

Déductions fiscales, crédits d'impôt - remboursables ou non -, comment s'y retrouver ?

Les déductions fiscales font baisser votre revenu imposable, c'est-à-dire le montant du revenu sur lequel vous payez de l'impôt. Les contributions à un REER en sont un bon exemple.

Quant aux crédits d'impôt, ils permettent de réduire l'impôt à payer sur votre revenu imposable. Plus vos crédits d'impôt sont nombreux, moins vous payez d'impôt. Les gouvernements fédéral et provincial offrent chacun des crédits d'impôt, selon votre situation.

Il y a deux types de crédits d'impôt : les crédits remboursables et les crédits non remboursables. Les crédits d'impôt remboursables vous seront versés, que vous ayez ou non à payer de l'impôt à même votre déclaration.

Il existe aussi des programmes fiscaux auxquels vous pourriez être admissible. Par exemple, si votre revenu familial n'excède pas un certain plafond, vous pouvez demander un crédit pour la taxe sur les produits et services et la taxe de vente harmonisée (TPS/TVH) que vous avez payées pendant l'année.

Quant aux crédits d'impôt non remboursables, ils ne peuvent s'appliquer qu'au montant d'impôt que vous devriez payer. Par exemple, les crédits pour les frais médicaux, les dons à des organismes caritatifs et les montants accordés pour le soutien aux personnes handicapées ou aux aidants naturels viennent réduire l'impôt à payer. Cependant, si le total de ces crédits est plus important que le montant d'impôt à payer, la différence ne vous sera pas remboursée.

À noter : certains crédits sont aussi transférables entre conjoints, d'où l'importance de produire vos déclarations fiscales ensemble.

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