S’offrir une nouvelle cuisine sans gâcher la sauce!


Édition de Juin 2022

S’offrir une nouvelle cuisine sans gâcher la sauce!


Édition de Juin 2022

Par Claudine Hébert

(Photo: 123RF)

GROSSE DÉPENSE. Investir dans sa cuisine, c’est payant à plusieurs égards. Pourvu que le choix des matériaux se marie avec le reste de la maison… et qu’on ait le budget pour le faire sans trop s’endetter.

La cuisine faisait déjà partie des pièces de prédilection dans les chaumières. Les confinements à répétition et le télétravail, gracieuseté de deux années de pandémie, ont conforté son rôle de premier plan. Ce qui a motivé de nombreux propriétaires à vouloir rénover cette pièce maîtresse au goût du jour.

Les rénovations de cuisine sont si populaires qu’elles représentent plus du tiers des demandes de conseils et de soumissions de travaux intérieurs que reçoit l’organisme RénoAssistance ces jours-ci, raconte Marilena Tricarico, porte-parole de l’organisme. Depuis 2010, ce service soutenu par Desjardins a le mandat de favoriser la mise en relation des propriétaires avec des entrepreneurs qualifiés et dignes de confiance.

Évidemment, la question qui brûle les lèvres de tous ceux et celles souhaitant passer à l’action demeure l’estimation des coûts d’un tel projet. «Tout dépend de l’ampleur des travaux», répond la designer experte en rénovation. «Apporter des modifications mineures telles que changer un évier et sa robinetterie, modifier le plancher ou encore améliorer l’éclairage de la pièce coûtera, tout au plus, quelques milliers de dollars», dit-elle.

Par contre, si les travaux souhaités incluent un lifting complet de la principale pièce de la maison, la facture se calculera aisément en dizaines de milliers de dollars. Plus particulièrement si le propriétaire déplace des murs porteurs pour agrandir l’espace, tient-elle à préciser. «En fait, le budget consacré à la modernisation de la cuisine devrait correspondre à plus ou moins 10% de la valeur de la maison. En respectant l’âme de la demeure et le quartier où elle est située, les propriétaires vont généralement récupérer leur investissement en totalité lors de la vente de leur bien immobilier», explique-t-elle. La plupart des courtiers immobiliers sont d’ailleurs unanimes sur ce point:il est plus avantageux de moderniser sa cuisine que d’installer une piscine dans la cour pour maximiser la valeur d’une résidence.

 

L’option standard

Trois facteurs vont influer sur la facture des travaux, poursuit Marilena Tricarico, soit la dimension de la pièce, le choix des matériaux et le changement de configuration, s’il y a lieu. Une rénovation complète standard pour une cuisine de 100 pieds carrés coûtera au bas mot 22 000 $. Ce montant, indique-t-elle, inclut l’achat d’armoires préfabriquées dont le coût (autour de 10 000 $) revient 30 % moins cher que des cabinets d’entrée de gamme fabriqués sur mesure. Toujours à ce prix, les nouveaux comp-toirs sont composés de matériaux stratifiés qui imitent la pierre.

La rénovation standard implique généralement un nouveau plancher de vinyle ou de céramique ainsi que des dosserets d’entrée de gamme. S’ajoutent un éclairage sans trop de flafla, des frais de plomberie et d’électricité, la finition (gypse et peinture) et quelques dépenses pour des imprévus, énumère-t-elle. Il va de soi que le coût des électroménagers n’est pas compris dans le calcul.

 

L’option sur mesure

Dès que les travaux impliquent des armoires fabriquées sur mesure, il faut prévoir payer entre 25 000 $ à 30 000 $ au minimum, prévient-elle. Et encore, il s’agit d’une cuisine dite d’entrée de gamme. Ce type de rénovation s’effectue, la plupart du temps, en collaboration avec un ou une cuisiniste. D’emblée, les conseils de ce professionnel, qui propose un produit clé en main (incluant les plans, les armoires, les poignées, l’évier, le comptoir, l’îlot et sa surface ainsi que les frais d’installation), correspondent à un coût additionnel de 10 % à 15 % sur la facture.

Ces professionnels, dont le carnet de réservations déborde depuis deux ans, ont l’avantage de faire économiser du temps. «C’est un peu plus cher sur le coup, concède Émilie, une propriétaire qui a entrepris en juin 2022 la réfection complète de sa cuisine. Toutefois, ces services nous ont épargné au moins quatre à cinq jours de magasinage dans les centres de rénovation. Si ce n’est pas plus.»

Les cuisinistes proposent généralement trois catégories de matériaux pour les cabinets et tiroirs. Les écarts entre les gammes de produits peuvent faire fluctuer le coût des armoires de 20 000 $ à plus de 40 000 $, explique la porte-parole de RénoAssistance. Ces matériaux peuvent contenir du polymère, du polyester, des matières considérées plus abordables que le thermoplastique ou le bois massif. Le choix d’un comptoir en pierre naturelle (granite, quartz ou marbre) ou en Dektron, l’actuelle coqueluche des matériaux venus d’Espagne composée de verre, de quartz et de porcelaine, peut à lui seul représenter de 5000 $ à 10 000 $sur la facture.

Il suffit d’ajouter un îlot (un impératif selon les cuisinistes), qui vaut entre 3000 $ et 10 000 $ en fonction de sa taille et des matériaux, une sélection de fermoirs et une quincaillerie de qualité, sans oublier des panneaux pour camoufler la présence des électroménagers (une tendance qui vient d’Europe), et voilà que les travaux de rénovation frisent les 50 000 $, si ce n’est pas 60 000 $.

À moins d’avoir des amis pour accomplir la tâche, il faut aussi prévoir les coûts de démolition de l’ancienne cuisine qui peuvent varier entre 2000 $ et plus de 3500 $ selon les travaux, prévient Marilena Tricarico. «Les gens sont d’ailleurs encouragés à recycler leurs vieilles armoires en faisant un don à des organismes de charité ou en les utilisant pour le garage», dit-elle.

Dans un contexte d’inflation, tous ces prix sont sujets à des hausses incontrôlables. «Les matériaux de construction et les accessoires de cuisine ont justement bondi d’au moins 35 % depuis deux ans», signale Richard Darveau, président de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT). Au cours de la dernière année seulement, ces matériaux ont augmenté d’au moins 15 %, précise-t-il. Sans compter la main-d’oeuvre qui, elle aussi, a modifié ses tarifs à la hausse.

Les propriétaires bricoleurs sont, de l’avis du président de l’AQMAT, ceux qui écopent le moins de ces fluctuations. «Depuis cinq ans, les grandes chaînes, présentes au Québec, ont justement saisi l’importance qu’occupe la cuisine dans les maisons en bonifiant leur division rénovation. La plupart des centres de rénovation, dit-il, ont ainsi établi des partenariats avec des fabricants québécois d’armoires en plus de se doter de logiciels d’aménagement. «Ces outils permettent non seulement de concevoir l’espace, mais aussi d’indiquer les prix de la réno-vation selon le choix des matériaux sélectionnés», explique Richard Darveau.

 

Dosez les tendances

Certes, les propriétaires sont gâtés par les réseaux sociaux, les magazines et les émissions télé de rénovation qui débordent de décors de cuisines à faire rêver. Attention toutefois aux idées plus audacieuses, avertit Isabelle Dion, cuisiniste et propriétaire de District Cuisine. Le gris, le beige et le blanc demeurent des teintes indémodables. «L’important est de respecter le style de la maison. La cuisine doit être fonctionnelle, intelligente et pratique», renchérit-elle. En fait, la cuisine doit surtout bien vieillir. Non seulement sur le plan esthétique, mais aussi en fonction de l’âge de ses utilisateurs qui vieillissent eux aussi.»

 

D’autres avantages non négligeables

Enfin, puisque la rénovation de la cuisine coïncide habituellement avec l’arrivée de nouveaux électros, c’est l’occasion d’opter pour des appareils moins énergivores. Ce qui se traduit par des économies en énergie de plus ou moins 100 $à 200 $annuellement. Foi du site britanno-américain Houzz, une cuisine mieux adaptée aux besoins de ses occupants aurait comme avantage d’encourager le goût de cuisiner et de manger des aliments plus santé. Ce qui n’est pas banal non plus !

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