Nouvel arrivé, dernier financé?

Publié le 20/07/2016 à 09:37

Nouvel arrivé, dernier financé?

Publié le 20/07/2016 à 09:37

Par Nafi Alibert

Chaque année plus de 50 000 immigrants s’établissent au Québec. Si chacun à sa propre histoire, aucun n’a d’historique de crédit au pays. Une réalité contraignante pour prouver sa solvabilité aux institutions financières quand vient le temps de demander un prêt.

Pourtant l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) stipule qu’il est important de commencer dès que possible à se bâtir un dossier de crédit pour exister aux yeux des institutions.

Bien qu’elle reconnaisse que c’est encore difficile, Kate Dunn de l’ACFC affirme que « l’une des meilleures façons de constituer des antécédents en matière de crédit est de faire une demande de carte de crédit et d’effectuer vos paiements à temps ».

Un serpent qui se mord la queue

En bref, il faut s’endetter pour avoir un historique de crédit. Il faut un historique de crédit pour avoir accès à un prêt. « C’est un choc pour plusieurs immigrants », admet Pierre-Franck Honorin, directeur pour la clientèle des nouveaux arrivants et des communautés culturelles aux Caisses Desjardins.

Depuis 2011, il dirige une équipe dédiée spécifiquement à l’accompagnement des nouveaux arrivants qui les familiarise au fonctionnement du système bancaire nord-américain qui leur est souvent totalement étranger.

Au Québec comme ailleurs au Canada, Transunion et Equifax sont les deux sociétés de notation qui centralisent les informations des contribuables (historique ou dossier de crédit) pour évaluer le risque que chaque emprunteur représente (cote de crédit).

« Il ne suffit donc pas d’obtenir une carte de crédit, il faut non seulement l’utiliser, mais aussi effectuer des remboursements complets chaque mois pour ne pas affecter sa cote de crédit, précise M. Honorin, en général au bout de six mois on commence à voir des résultats ».

M. Honorin rappelle d’ailleurs qu’il y a aussi la possibilité de souscrire un crédit auprès de concessionnaires ou de magasin de meubles lors d’un achat.

Regagner sa réputation

De plus en plus de banques et d’institutions financières mettent en place des programmes pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. Si les salariés arrivent ainsi à se bâtir un historique de crédit rapidement, pour les immigrants sans emploi, l’accès au crédit n’est toujours pas gagné.

« Une alternative est de souscrire un contrat de téléphone et d’être un bon payeur », suggère quant à elle Olga Cherezova, conseillère budgétaire à l’ACEF de l’est de Montréal, une association qui organise notamment des ateliers sur la consommation avertie.

Il existe également des organismes permettant aux personnes exclues du système financier traditionnel d’avoir accès à un crédit.

C’est le cas de Fonds d’emprunts Québec qui accorde des prêts de 1000 $ à 20 000 $ en priorité aux immigrants, aux femmes et aux jeunes.

« Pour nous une cote de crédit inexistante ou mauvaise n’est pas éliminatoire, dit Lysiane Randria, conseillère au Fonds. C’est au travers de la relation personnelle avec les gens que nous apprenons à les découvrir et à leur faire confiance ».

Même son de cloche à l’ACEM qui dessert les populations à faible revenu en leur offrant des crédits communautaires à des taux concurrentiels (4%) depuis 26 ans.

« Nous faisons des prêts d’honneur à des personnes et non à des dossiers qui ont reçu une côte de crédit », explique Indu Krishnamuthy, la directrice adjointe de l’organisme.

Pas qu’une histoire de migrants

Tous les intervenants cités sont unanimes : ces conseils sont valables pour les nouveaux arrivants comme pour les Canadiens.

À son retour au pays après une dizaine d’années passées à l’étranger, Alex témoigne de ses difficultés. Travailleur autonome à l’époque, il se fait refuser la location de plusieurs appartements, car il n’avait pas de dossier de crédit récent. « J’ai vite voulu le rebâtir, mais je n’ai pas eu accès à une carte Visa ordinaire, mais une carte de crédit avec garantie », se plaint-il encore. Cette option est aussi offerte aux immigrants. Elle implique le versement préalable d’un dépôt de garantie équivalent à la limite de la marge de crédit accordée.

« Il n’y a pas 150 façons de s’en sortir, le nerf de la guerre est définitivement d’avoir un revenu stable et d’entretenir son crédit », termine Mme Krishnamuthy.

En cas de refus de crédit, l’ACEF conseille d’attendre 6 mois avant de refaire une demande, car les refus de crédits à répétition nuisent aussi à la fameuse cote de crédit.

 

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