Micro-prêts, maxi frais

Publié le 18/07/2016 à 09:35

Micro-prêts, maxi frais

Publié le 18/07/2016 à 09:35

Le prêt rapide est un moyen facile mais coûteux d’emprunter une petite somme d’argent à court terme. Voici ce qu’on ne vous dit pas à son sujet.

«Un prêt de 750$ approuvé en une heure, ça vous intéresse ?»

Très fréquent sur le Web et dans certains médias, ce type de publicité devrait plutôt afficher : «Un prêt de 750$ à environ 300% de taux de crédit annuel, ça vous intéresse ?» Car, tous frais calculés, c’est au minimum le taux que vous paierez en contractant un micro-prêt de 500$ à 1500$ auprès d’entreprises spécialisées dans ce type d’activité, calculent les organismes de protection des consommateurs.

Cette forme de crédit parallèle ne fait l’objet ni d’une définition, ni d’un encadrement spécifique, indique l’Office de protection du consommateur. Si certaines entreprises ont pignon sur rue, d’autres opèrent exclusivement en ligne. La plupart font fi des mauvais dossiers de crédit – les «aucun crédit refusé» trônent en évidence sur leurs sites Internet – et plusieurs promettent un prêt déposé dans votre compte en quelques heures, pour peu que vous fournissiez le nom d’un employeur ainsi que vos coordonnées bancaires.

Chose certaine, cette industrie mouvante repose sur des modèles d’affaires changeants, explique Charles Tanguay, porte-parole pour l’Office de protection du consommateur (OPC). Combien d’entreprises spécialisées dans le prêt rapide compte-t-on au Québec et qui les exploite ? «On ne le sait pas. L’une de nos difficultés est d’identifier le commerçant derrière tel ou tel site Web. Ce qui est sûr, c’est qu’Internet semble faciliter le déploiement d’entreprises comme celles-là.»

Des moyens créatifs

Au Québec, tout prêteur d’argent doit détenir un permis de l’OPC ; en juillet 2016, 157 entreprises ou individus en possédaient un. Mais certains commerçants se désignent comme courtiers en prêt personnel plutôt que comme prêteurs – prétendant que l’argent vient d’un tiers –, ce qui les dispense de cette obligation, explique Sylvie De Bellefeuille, avocate chez Option Consommateurs.

Dans les faits, leur modus oprandi s’apparentent à celui des prêteurs sur salaire, une pratique officiellement interdite au Québec, dit-elle. «Certains prêteurs y vont de moyens créatifs pour contourner les règles. Ils visent une clientèle qui n’a pas accès au crédit traditionnel en raison d’un mauvais dossier ou de revenus trop faibles, par exemple.»

Cette «créativité» s’exprime également dans la facturation de taux de crédit annuel exorbitants, poursuit-elle. Comme le Code criminel canadien interdit les prêts d’argent à un taux d’intérieur supérieur à 60% par année, ces entreprises proposent des taux oscillant autour de 30%. Sauf qu’ils y ajoutent des frais de courtage à géométrie variable qui font grimper le montant à rembourser bien au-delà de ce seuil.

Un besoin

Si ce marché existe, c’est qu’il y a un besoin pour ce type de prêt rapide, dit Sylvie De Bellefeuille. «C’est un problème sociétal : les institutions financières traditionnelles ne répondent pas aux besoins de certains consommateurs. Si votre frigo flanche et que vous ne pouvez pas emprunter pour en acheter un nouveau, vous faites quoi ? Les gens qui font affaire avec ce type de prêteurs savent que ça leur coûte cher. Mais ils n’ont pas d’autres options.»

Cette clientèle est d’ailleurs peu encline à porter plainte à l’OPC, ce qui ne facilite pas le travail d’enquête, note Charles Tanguay. «On procède à des vérifications au sujet de diverses entreprises et on intervient au besoin. Mais chaque situation doit faire l’objet d’un examen spécifique.»

Nouveau projet de loi ?

L’OPC a néanmoins ce type de commerces sous la loupe, assure son porte-parole. Dans le cadre d’un projet de révision de la législation sur le crédit, il soumettra des recommandations à la ministre de la Justice au cours des prochains mois. Cette mise à jour devrait notamment permettre de mieux encadrer ce type de pratiques, tel le faisait le projet de loi 24, déposé en 2011 et abandonné depuis. L’OPC souhaite par exemple que les frais de courtage soient obligatoirement inclus dans le calcul du taux de crédit.

Entre-temps, pour éviter les emprunts coûteux, Charles Tanguay suggère de se renseigner sur l’entreprise, notamment au moyen d’une recherche sur le site de l’OPC, et de comparer les offres. En outre, sachez que certains organismes octroient des prêts d’entraide sans intérêt afin d’aider certains consommateurs à faire face à un besoin ponctuel urgent, indique Sylvie De Bellefeuille. Pour vérifier si vous y êtes admissible, contactez l’ACEF de votre territoire.

 

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