Médicaments : des prix qui font mal au portefeuille

Publié le 19/04/2017 à 08:59

Médicaments : des prix qui font mal au portefeuille

Publié le 19/04/2017 à 08:59

Par Nafi Alibert

La pilule a de plus en plus de mal à passer avec l’envolée du coût de nombreux médicaments qui affichent aujourd’hui des prix exorbitants.

Selon L’Institut canadien d’information sur la santé, les dépenses en médicaments prescrits ont atteint un sommet de 29,4 milliards $ à l’échelle nationale en 2014.

Au Québec, l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) a quant à elle observé que le coût moyen des ordonnances des personnes couvertes par des régimes privés avait explosé de plus de 50 % au cours des 20 dernières années.

Par définition, les assureurs ne prennent pas de risque et, année après année, ils augmentent leurs primes pour couvrir l’augmentation du coût des médicaments.

« Ultimement, ce ne sont pas les assureurs qui assument ce coût-là, mais les employeurs et les employés et la hausse du coût des médicaments devient pratiquement une taxe sur la masse salariale », déplore Lyne Duhaime, la présidente de l’ACCAP-Québec.

Comment justifier une telle inflation?

Quand on pose la même question à Marc-André Gagnon, professeur en santé publique à l’Université Carleton, il n’hésite pas à parler d’« une arnaque institutionnalisée ».

Le système serait-il aussi malade que les patients qu’il prend en charge? Des spécialistes mettent en lumière trois des multiples facteurs qui expliquent pourquoi les médicaments coûtent si cher.

1. Une politique de gonflement des prix

Que les Québécois se soignent avec des substances génériques ou brevetées, ils payent, depuis des décennies, parmi les prix les plus chers de la planète pour leurs médicaments.

« À la fin des années 80, on a accepté de payer des prix très généreux pour à attirer l’investissement pharmaceutique », expose M. Gagnon.

Et ça continue d’être comme ça, même si les investissements en recherche et développement ne sont plus au rendez-vous.

2. Un curieux mariage privé-public

Si le gouvernement cherche à obtenir des prix avantageux pour les médicaments qu’il rembourse au travers de son régime public, les assurances privées ont tendance à fermer les yeux et à payer « n’importe quel médicament » approuvé par Santé Canada, peu importe son prix. Or, la majorité des Québécois (60 %) bénéficient d’une couverture médicament privée.

« Cela pose un problème, car si la majorité du marché accepte de rembourser n’importe quoi à n’importe quel prix, cela réduit la capacité de négociation que peut avoir le gouvernement, analyse M. Gagnon. On est en train de se tirer dans le pied au niveau de notre pouvoir de négocier des rabais confidentiels. »

Ces rabais, les autres pays de l’OCDE réussissent à les négocier en obtenant des ristournes de l’ordre de 25 % en moyenne. Ici, ils représentent moins de 5 %, estime l’expert en santé publique.

3. Des prix fixés à la tête du client

Eh oui, les Québécois assurés au privé payent une facture plus salée que ceux qui bénéficient du régime public. L’ACCAP-Québec a observé que ses assurés payaient 17 % de plus pour un médicament qu’une personne couverte par le public, et ce dans une même pharmacie.

Le prix de la molécule est la même dans les deux cas, puisqu’elle est établie par le gouvernement. La différence de coût émane des honoraires et des frais des pharmaciens qui ne sont pas réglementés par les régimes d’assurance privée.

« Dans les autres provinces, les assurances peuvent conclure des ententes avec les pharmacies, mais au Québec, on n’a pas le droit. Les pharmaciens nous chargent le prix qu’ils veulent, et peuvent doubler, voire tripler leurs honoraires », explique Mme Duhaime.

Et c’est ce qui explique que d’une pharmacie à l’autre, les prix peuvent varier énormément.

Benoît Picard et Karl Desjardins, deux pharmaciens avant-gardistes ont ouvert, en juin dernier, une pharmacie en ligne qui permet aux patients de sauver du temps et de l’argent, en leur indiquant, en avance, le montant de leur prescription.

« Les pharmaciens font partie du problème et de la solution », reconnait un des deux acolytes qui prônent la transparence des prix, avant de conseiller aux patients atteints de maladie chronique de renouveler leurs prescriptions tous les 90 jours au lieu de tous les mois.

« C’est une manière de réduire de 2/3 les coûts liés aux honoraires des pharmaciens, approuve Lyne Duhaime. À part ça, il n’y a pas de solution miracle pour faire baisser sa facture de médicaments et sa prime d’assurance ».

Et les génériques alors? Bien que la RAMQ ait constaté que les bannières commercialisaient ces médicaments sous leur marque maison à des prix parfois 10 fois plus élevés que ce qu’elles avaient payé au fabricant, les génériques peuvent aider à réduire le coût de nos prescriptions.

 

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