Les occasions de la crise

Publié le 01/04/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:23

Les occasions de la crise

Publié le 01/04/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 11:23

L'économie s'effondre... les prix aussi ! Comme la fourmi, vous avez économisé pendant les années fastes ? C'est le moment d'en profiter !

Malheureusement pour certains, la crise économique signifie perte d'emploi et pertes financières. Mais pour ceux qui gardent leur emploi, la conjoncture économique offre des occasions en or. Les consommateurs fuient, les stocks débordent, les rabais pleuvent. Vous faites partie des chanceux ? Cessez de pleurer sur le sort de votre voisin et profitez de la crise économique ! Voici 10 façons de le faire.

1 Voitures : il faut vendre !

GM, Chrysler et Ford sont à l'agonie. Ils doivent vendre des autos dans un marché moribond, et vite. Résultat : on réduit les prix des véhicules neufs. " Par les temps qui courent, il y a d'excellentes aubaines ", dit Benoît Charette, auteur du guide automobile L'Annuel de l'automobile. " Chez les constructeurs américains, et même coréens ou ja- ponais, il y a des surplus de production. Et chez les concessionnaires, des excédents de stock. Ils doivent s'en débarrasser. " Certains concessionnaires GM du Québec offrent des rabais qui vont jusqu'à 15 000 dollars sur des modèles de camionnettes 2008. Selon Benoît Charette, il faut en profiter maintenant. " Ça ne durera pas éternellement. Quand les stocks commenceront à diminuer, les concessionnaires seront tentés de remonter les prix. " Le financement aussi est gratuit. L'aile financière de GM, GMAC, a obtenu cinq milliards de dollars du gouvernement américain. Un milliard supplémentaire est allé à GM, qui a réinjecté cet argent dans GMAC, et qui offre un financement de 0 % pour écouler les stocks.

2 Voyagez !

Vous n'avez jamais visité l'Europe pendant une récession ? C'est le moment ! Les destinations internationales réduisent leurs prix pour attirer la clientèle touristique. " Nous recevons beaucoup de publicité d'Europe et des États-Unis ", dit Nadine Francis, propriétaire de l'agence VoyagesDestination.com. Normal. Ces deux régions subissent la crise de plein fouet et essaient par tous les moyens de promouvoir leurs produits. " Plusieurs grossistes et compagnies aériennes se font concurrence cette année. Tout cela fait baisser les prix. " Selon Nadine Francis, on peut réserver un vol avec hôtel et voiture à Orlando cet hiver pour environ 360 dollars, alors qu'il en coûtait au bas mot 800 dollars il y a un an. Même chose pour certaines destinations européennes, et les billets d'avion vous coûteront la moitié du prix de l'an dernier.

3 Essence : profitez du répit

Les cours du pétrole chutent... mais pourraient exploser de nouveau dans le futur. Comment en profiter ? On peut sillonner la côte californienne en véhicule récréatif, une idée qu'on avait écartée à jamais à cause du litre d'essence à près de deux dollars. On peut aussi saisir l'occasion pour vendre le VUS dont la soif insatiable nous a coûté un prix fou l'été dernier. " Il vaut mieux essayer de le vendre maintenant, plutôt que d'attendre que le pétrole re-monte à 1,50 dollar le litre ", dit Benoît Charrette, qui souligne que l'appétit des consommateurs pour les véhicules utilitaires revient peu à peu. " Malgré la chute du nombre de véhicules vendus, les ventes de camions ont augmenté d'environ 30 % aux États-Unis depuis trois mois grâce au bas prix de l'essence. "

4 Flairez les faillites !

Vous êtes du genre à attendre les soldes avant d'aller dans un centre commercial ? Que diriez-vous d'une liquidation de faillite ? " Depuis l'automne 2007, on constate un ralentissement des ventes dans le commerce de détail au Canada, dit Marie-Claude Frigon, spécialiste du commerce de détail chez RSM Richter Chamberland. On devrait bientôt voir plusieurs commerces se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. Quand les commerçants font faillite, ils doivent liquider les stocks en magasins. " Quels secteurs pourraient nous offrir les meilleurs rabais ? L'électronique, où les prix ont déjà commencé à chuter, vient en tête. On peut maintenant acheter des appareils photo numériques à moins de 100 dollars et des téléviseurs haute définition de 42 pouces pour moins de 800 dollars. " Chez Best Buy ou chez Future Shop, même les vendeurs disent qu'ils n'ont jamais vu des prix aussi bas ", dit Leyla Ester, étudiante en science politique et consommatrice avertie. " Il y a même des listes d'attente pour acheter une télé ! " Même les produits de luxe, comme les bijoux ou les vêtements griffés, se vendront bientôt à rabais, selon Johanne Labrecque, professeure de marketing à HEC. " Les bijoutiers, par exemple, seront aussi touchés par le ralentissement économique. Ils devront modifier leurs stocks et leurs prix afin de s'adapter à la clientèle, dit-elle. On pourra aussi trouver de bons rabais dans les articles de luxe, c'est clair. "

5 Bourse : des aubaines

Pour bâtir un portefeuille d'actions, le coût d'achat est capital. Il déterminera en grande partie votre rendement à long terme. Or, un portefeuille qui coûtait 100 000 dollars l'an dernier ne coûte plus que 65 000 dollars aujourd'hui. Toutefois, la question demeure : est-ce bien le moment d'acheter ? " Certainement, affirme François Rochon. Depuis 1974, le marché n'a jamais été aussi avantageux. " Envers et contre tous, le président de Giverny Capital recommande d'acheter des titres de banques... américaines ! " C'est dans ce secteur que les gens se montrent le plus négatifs. C'est donc là que je vois le plus d'occasions. " On trouve aussi des aubaines dans la haute technologie. " Des titres comme Microsoft ou eBay sont vraiment abordables. " Certains voient les choses autrement. Pour Peter Schiff, président de la firme Euro Pacific Capital, les titres d'entreprises sont à éviter. La manne se trouve plutôt dans l'or et dans les ressources. " Le gouvernement américain est criblé de dettes et se sert de la planche à billets pour financer ses dépenses. Tôt ou tard, le dollar américain s'effondrera. Le prix des ressources - qui est exprimé en dollars - explosera ", prévoit-il.

6 Surfez sur la vague des bailouts

Vous voulez profiter des largesses de Washington pour amoindrir la chute de votre portefeuille ? Inutile de cibler les entreprises qui profiteront des plans de relance du président Obama. Les investisseurs ont déjà flairé le coup, et vous risquez de manquer le bateau. Mais pour ceux qui voient dans le Trésor américain un partenaire d'affaires idéal, le NASDAQ vient de lancer l'indice OMX Government Relief (QGRI), qui regroupe les firmes qui se font renflouer par le gouvernement américain. Vous préférez miser sur la mort de ces canards boiteux ? Des options sur l'OMX sont aussi disponibles à la Bourse de New York...

7 Rénovez !

Cela fait cinq ans que vous reportez la rénovation de votre salle de bains ? Cette année pourrait être la bonne. Le prix des matériaux chute, et les spécialistes de la rénovation, si difficiles à trouver en temps normal, pourraient bientôt frapper à votre porte. " Le boom de la construction a diminué de 8,7 % par rapport à 2007, dit Esther Falardeau, économiste principale à l'APCHQ. Et le prix de certains matériaux a baissé de beaucoup au cours de la dernière année, notamment celui des panneaux de gypse, qui se vendent presque 10 % moins cher, et les câbles électriques. " La main-d'oeuvre aussi pourrait devenir plus abordable. Les gens ont l'intention de moins rénover. La demande de certains types de travaux diminuera, notamment les travaux plus importants, comme la rénovation d'une salle de bains ou d'une cuisine, dit-elle. " Cela libérera les rénovateurs et les spécialistes, et il sera plus facile de négocier des prix. " De plus, Québec et Ottawa viennent d'introduire un crédit d'impôt pour la rénovation. Le gouvernement provincial vous remboursera 20 % du coût de vos rénovations qui se situent entre 7 500 et 20 000 dollars. Le gouvernement fédéral, 15 % des dépenses entre 1 000 et 10 000 dollars. Si vous investissez 20 000 dollars en rénovations, vous aurez droit à un crédit d'impôt de plus de 3 600 dollars.

8 Immobilier : soyez aux aguets !

La question brûle les lèvres : assisterons-nous à l'éclatement d'une bulle immobilière au Canada ? Si oui, il faut se mettre à l'affût pour dénicher les aubaines. " Au Québec, le prix des maisons a doublé depuis 2002 ", dit Frédéric Auger, directeur des communications chez DuProprio.com. Mais c'est plutôt à Toronto, à Calgary et à Vancouver qu'on trouvera des aubaines, dit-il. " Les prix ont

déjà baissé de 20 % dans ces marchés au cours des derniers mois. À Calgary, des bungalows qui valaient 100 000 dollars il y a cinq ans se vendaient près de 500 000 dollars l'an dernier. Les prix continueront de chuter, c'est certain. " Au Québec, il faut plutôt surveiller le marché des chalets pour trouver des aubaines. " Tous les chalets au bord de l'eau, partout au Québec, ont profité d'une bulle immobilière. Et celle-ci éclatera forcément. Les prix baisseront, si ce n'est pas déjà fait ", dit Frédéric Auger. Mont-Tremblant, par exemple, a connu de fortes hausses de prix. D'une part, parce que c'est un endroit touristique. Mais aussi parce que c'est un endroit où beaucoup d'Européens et d'Américains possèdent des propriétés. " Plusieurs de ces personnes-là éprouvent des difficultés financières en ce moment. Certains vendront, et d'autres seront moins portés à acheter au Québec. " Les véritables aubaines tardent à se manifester. Cependant, si la crise économique se poursuit, elles surgiront bientôt, ajoute Frédéric Auger. " Une chose est sûre, nous nous dirigeons vers un marché d'acheteurs. Ceux qui peuvent être les premiers a s'emparer de la rondelle feront de bonnes affaires. "

9 Renégociez votre hypothèque

Ralentissement économique oblige, les taux d'intérêt des banques resteront bas pendant un certain temps. Comment en profiter ? " C'est une excellente occasion pour refinancer son hypothèque, suggère Jacques-André Marcoux, planificateur financier. Aujourd'hui, on trouve des taux flexibles à 4 %. J'ai même vu des taux fixes pour cinq ans à 4,79 %. " Un point de pourcentage sur une hypothèque de 100 000 dollars équivaut à un rabais de 1 000 dollars par an, rappelle-t-il. Le hic : la banque vous pénalise lorsque vous renégociez votre hypothèque. Il faut alors déterminer si cet exercice est rentable. " Cela diffère selon l'institution, mais souvent, cette pénalité équivaut à trois mois de la portion intérêts de votre hypothèque ", ajoute Jacques-André Marcoux.

10 Soulagez-vous de vos dettes

Le solde de vos cartes de crédit - à un taux d'intérêt qui avoisine 18 % - vous étouffe ? Utilisez l'hypothèque de votre maison pour les payer. " Je vois souvent des clients qui possèdent deux ou trois cartes de crédit, pour un solde total de 20 000 dollars. Or, en empruntant sur la maison pour rembourser le solde de ses cartes, on paye moins d'intérêts ", dit Jacques-André Marcoux. Une fois de plus, il faut s'assurer que les frais de refinancement seront inférieurs aux économies prévues. Mais surtout, évitez le piège : " Parfois, les gens conservent leurs cartes, dépensent et atteignent leur limite à nouveau l'année suivante, ajoute Jacques-André Marcoux. Quand mes clients veulent refinancer, je m'assure de diminuer la limite de crédit de leurs cartes ou d'en éliminer certaines. Je les protège contre eux-mêmes ! "

Une maison en Espagne

Vous avez toujours rêvé d'une maison de vacances en Espagne ? Ce pays traverse en ce moment une crise immobilière semblable à celle des États-Unis. Le prix des propriétés sur la côte méditerranéenne a fondu de 20 % en 2008, et les experts s'attendent à ce que 2009 soit pire.

De bonnes habitudes

Profitez de la crise pour prendre de saines habitudes budgétaires. Vous avez réduit de 200 à 100 le nombre de vos chaînes de télévision pour réduire vos dépenses ? Bravo ! Le défi : ne pas recommencer à faire ces dépenses quand de meilleurs jours s'annonceront. Le truc : utiliser l'argent épargné pour quelque chose de précis, dit Jacques-André Marcoux, planificateur financier. " Par exemple, placer l'argent dans un fonds d'urgence. C'est la meilleure façon de ne pas retomber dans le piège des dépenses superflues. "

Crédit d'impôt à la rénovation

Attention ! Les deux programmes n'ont pas les mêmes critères. Une dépense admissible au provincial pourrait ne pas l'être au fédéral. Informez-vous. Aussi, notez que le crédit d'impôt fédéral est frappé d'un abattement fiscal provincial. Ainsi, le contribuable québécois ne touchera que 83,5 % du crédit fédéral.

Libérez-vous !

Profitez de la crise pour apprendre à vivre sans carte de crédit. Laissez-la à la maison. Et dépensez seulement l'argent que vous avez dans votre portefeuille. Vous verrez qu'au contraire de ce que dit la publicité d'une banque bien connue, vous êtes moins riche que vous ne le pensez.

aplus@transcontinental.ca

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