Dettes : le temps de séparer le bon grain de l'ivraie

Offert par Les affaires plus


Édition de Mars 2018

Dettes : le temps de séparer le bon grain de l'ivraie

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Édition de Mars 2018

[Photo : Martin Flamand]

­Tenez-vous le pour dit : il y a de « bonnes » et de « mauvaises » dettes. Et des nuances s’imposent…

Pour ­Robert ­Kiyosaki, auteur du livre ­Père riche, père pauvre, l’hypothèque liée à votre maison unifamiliale est une mauvaise dette. La raison ? ­Une maison exige le débours de frais fixes mensuels pour l’entretien et le paiement des taxes municipales et scolaires. Pourtant, d’autres la considèrent plutôt comme une dette saine : bien entretenue, votre piaule prendra de la valeur au fil du temps. Après 25 ans de paiements réguliers, vous serez libéré de tout engagement hypothécaire et profiterez alors d’un budget allégé d’une mensualité. Si une zone grise persiste parfois sur la notion de « bonne » ou de « mauvaise » dette, certaines situations ne laissent planer aucun doute. Explications.

Danger à l’horizon

Clairement, une mauvaise dette coule votre budget. « ­La moins inquiétante demeure celle que vous aurez pris le temps d’analyser en fonction de son coût d’intérêt et de vos besoins réels. Vous aurez d’ailleurs au préalable planifié adéquatement son remboursement », affirme ­Cathy ­Simard, conseillère budgétaire à l’ACEF de ­Laval.

Le prêt sur salaire ne répond pas à cette définition. « ­Un petit 1 000 dollars dans vos poches d’ici une heure », proposent ainsi certains prêteurs de remplacement. Ces derniers doivent détenir un permis de l’Office de la protection du consommateur (OPC) et sont dans l’obligation de limiter le taux d’intérêt facturé à un mirobolant 35 %. Bien qu’ils soient émis pour du court terme — le créancier se rembourse par prélèvements sur le compte bancaire du débiteur le jour du dépôt de la paie —, ces prêts sont… pernicieux.

Les frais liés au crédit parallèle (administration ou de courtage, à titre d’exemple) viennent rapidement gon-fler la facture. « Évitez ces prêts non conventionnels. Parlez plutôt à un proche de confiance : ­pourrait-il vous dépanner pour l’occasion ? », conseille Éric ­Lebel, conseiller en redressement financier et syndic de faillite chez ­Raymond ­Chabot ­Grant ­Thornton.

Comparativement à la solution de rechange précédente, le solde impayé à un taux de 19,99 % sur une carte de crédit paraît anodin. Mais il ne l’est pas ! ­Vous ne profitez que d’un délai de grâce sans intérêts d’au moins 21 jours pour les nouveaux achats si vous réglez la totalité du solde indiqué sur votre relevé mensuel avant la date d’échéance. « ­La carte de crédit devrait être considérée davantage comme un outil de paiement que comme un prêt en tant que tel », dit Éric ­Lebel.

L’emprunt personnel demeure, quant à lui, émis à meilleur taux. Alors, bonne ou mauvaise dette ? ­Denis ­Doucet, directeur de la formation chez ­Multi-Prêts ­Hypothèques, insiste sur l’usage que vous faites du prêt en question. « ­Une mauvaise dette est souvent liée à l’achat de biens de consommation courante, alors qu’une dette saine génère un revenu », résume-t-il. L’emprunt personnel pour réaliser le voyage de vos rêves — alors que vous n’auriez pas autrement la capacité financière de le rembourser — est un choix discutable. À l’inverse, un emprunt personnel pour lancer une entreprise est le gage probable d’une meilleure santé financière éventuelle. Conseil : n’oubliez pas que le recours à une marge de crédit personnelle — idéale pour le consommateur discipliné — occasionne un coût d’intérêt de deux à trois fois moindre qu’un prêt personnel.

Pour Éric ­Lebel, deux critères peuvent aider à trancher le débat en cours : « ­La durée de vie utile du bien acheté et le taux d’intérêt à assumer sur le prêt afférent. » ­Ainsi, plusieurs n’hésitent pas à parler du « mariage des échéances ». Payer sa maison sur 25 ans, c’est normal. En revanche, souscrire son prêt automobile selon un terme de huit ans, ce l’est moins !

Le prêt auto

« ­Vous avez besoin d’un moyen de transport pour aller travailler et gagner le revenu nécessaire pour faire vivre votre famille. L’idéal, pour parler d’une dette dite “intelligente”, serait de financer l’achat d’une voiture sur un terme maximal de cinq ans à un taux d’intérêt avantageux, sachant qu’elle sera encore utile des années durant après la fin du terme », résume Éric ­Lebel. Si votre dossier de crédit est entaché, cependant, méfiez-vous des offres du type « ­Troisième chance au crédit, aucun dossier refusé ! » ­avertit-il. « ­Ces prêts portent souvent intérêt au taux de 30 %. »

Le prêt étudiant

François ­Morency, planificateur financier pour la firme ­Aviso, relève un point additionnel à considérer lorsque vient le moment d’évaluer la qualité d’une dette : la déductibilité des intérêts. « ­Tout est une question de mathématiques financières », ­dit-il. L’exemple parfait : « ­Un prêt étudiant — garanti par le gouvernement et accordé par une institution financière — comporte un crédit d’impôt sur l’intérêt payé et bénéficie ainsi d’un traitement fiscal privilégié », ­dit-il. De plus, pour la durée de ses études, l’étudiant n’a pas à le rembourser ni à payer les intérêts sur ­celui-ci, puisqu’ils sont assumés par le gouvernement.

Une fois le diplôme obtenu, le futur médecin profite d’un délai de grâce de six mois avant d’entamer le remboursement. Les intérêts, cependant, s’accumulent durant cette période d’exemption, au taux en vigueur de 3,70 % jusqu’au 18 mai 2018. « ­Attaquez-vous en premier aux dettes à un taux élevé, dont les intérêts ne sont pas déductibles », ­suggère-t-il. Un rappel : cette « bonne » dette de 35 000 dollars devra néanmoins demander des efforts pour être remboursée ! 

Le prêt levier

Mieux vaut ­peut-être emprunter pour investir, qu’emprunter pour dépenser. Le prêt destiné à l’investissement, qui consiste à contracter un emprunt pour investir la somme reçue, profite aussi de la déductibilité des intérêts. Mais attention ! L’attrait fiscal ne doit pas être la raison principale derrière cette technique audacieuse. Pour en valoir le coût, l’investissement doit dégager un rendement net d’impôt supérieur au taux d’emprunt. Pour vous en prévaloir, vous devrez détenir une bonne connaissance des marchés financiers, une tolérance élevée à la volatilité boursière et être en excellente situation financière. ­Seriez-vous en mesure de rembourser la totalité du prêt dans l’éventualité où l’actif fondrait comme neige au soleil ? « L’utilisation d’un emprunt à des fins d’investissement amplifie les gains et… les pertes », avertit Denis Doucet.

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