De quelle classe moyenne faites-vous partie?

Publié le 21/10/2015 à 09:22

De quelle classe moyenne faites-vous partie?

Publié le 21/10/2015 à 09:22

Les politiciens n'en ont que pour la classe moyenne. Mais de quelle classe parle-t-on au juste ? Celle des syndiqués, bardés d'avantages sociaux ? Celle des petits ménages, qui combinent deux ou trois emplois pour joindre les deux bouts ? Portrait d'une classe qui n'a rien d'homogène.

Manon vit seule et est travailleuse autonome. Son salaire varie annuellement de 35 000 à 40 000 $. Blindé d’avantages sociaux, Éric travaille quant à lui pour une entreprise de télécommunications et partage sa vie avec sa conjointe et ses deux enfants. Ensemble, leurs revenus avoisinent les 90 000 $. Malgré la différence de plus de 50 000 $ qui les sépare, Manon et Éric font tous deux partie de la fameuse classe moyenne.

« Pourtant, lorsqu’on entend les discours des politiciens, on a l’impression qu’ils s’adressent tous à une personne qui est personnalisée par le couple avec deux enfants », explique François Delorme, l’un des trois chercheurs de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke qui ont mené l’étude La classe moyenne au Québec s’érode-t-elle vraiment ? publiée en novembre dernier

Or, les résultats de la recherche montrent une mutation de la classe moyenne depuis 1976 dont la moitié était alors composée de couples avec enfants. Depuis 2010, ceux-ci en représentent maintenant le quart. C’est ainsi que les familles monoparentales sont passées de la plus faible proportion de la classe moyenne en 1976 à la proportion la plus élevée en 2010. Maintenant, on y trouve des personnes seules, des familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants ou des couples sans enfant.

« Pour bien cibler les mesures politiques et sociales à prendre pour favoriser la classe moyenne, les politiciens doivent donc prendre en considération ce portrait beaucoup plus complexe qu’avant », souligne François Delorme. 

Un revenu élastique

Pour faire partie de ladite classe moyenne, les revenus des ménages doivent se situer dans l’intervalle compris entre 75 % et 150 % du revenu médian, après impôts et transferts, selon l’approche privilégiée dans l’étude. Cela comprend toutes les sources de revenus, y compris les avantages sociaux, mais aussi les transferts gouvernementaux. Ainsi, les prestations en vertu du Régime des rentes du Québec et les crédits d’impôt pour la solidarité, pour le soutien aux enfants et pour les frais de garde sont également comprises dans ce revenu. Radio-Canada a fourni un calculateur pour que vous puissiez vérifier si vous faites partie de la classe moyenne.

« Les résultats ont montré qu’en tenant compte de ces transferts de tous les paliers de gouvernement, la classe moyenne n’était pas en déclin contrairement à ce qu’on entend souvent », soutient le professeur de l’Université de Sherbrooke. Son visage a changé, mais pas son niveau de revenu.

 Les chiffres c. la réalité

« La classe moyenne, c’est un référent identitaire selon lequel on sent qu’on n’est ni pauvre ni riche et que notre revenu pourra combler nos besoins », explique Julia Posca, chercheure à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). Mais voilà, malgré les chiffres à l’appui, certains ont l’impression d’être pris à la gorge. À preuve, le pourcentage de personnes se disant faire partie de la classe moyenne a fortement diminué au Canada et aux États-Unis, passant de 70 % en 2002 à 47 % en 2014, selon une recherche d’EKOS.

Le filet social a beau avoir maintenu la classe moyenne à flot, ces transferts gouvernementaux ne sont faits généralement qu’à la fin de l’année fiscale. « La paie qu’on reçoit peut alors paraître insuffisante pour combler ses besoins au cours de l’année, ajoute Mme Posca. Et cela est en partie dû au haut taux d’endettement des ménages canadiens. » Ainsi, pour chaque dollar gagné, une famille contracterait une dette de 1,60 $, selon Statistique Canada.

De plus, une enquête de 2012 de Statistique Canada sur la sécurité financière révèle que ce sont les familles de la classe moyenne qui ont le taux d’endettement le plus élevé par rapport à leurs revenus, comme elles sont souvent propriétaires et que l’hypothèque constitue la dette la plus importante.

Les heures travaillées pour obtenir le même salaire ont aussi augmenté depuis 1976. « Cette charge de travail accrue qui peut donner l’impression qu’on doit mettre les bouchées doubles pour arriver au même résultat ajoute au poids financier ressenti », mentionne la chercheure de l’IRIS.

En prenant toutes ces considérations en compte, la classe moyenne d’aujourd’hui, c’est peut-être d’en faire partie sur papier, mais de sentir qu’on a été « choisi » en dernier, comme à l’école primaire.

Calculateur de Radio-Canada

 

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