Comment réagissent les détaillants en alimentation?


Édition de Mai 2017

Comment réagissent les détaillants en alimentation?


Édition de Mai 2017

Symbole impérissable des années 1960, du moins en apparence, le supermarché traditionnel affronte aujourd'hui une concurrence aussi féroce que diversifiée. « Il n'y a pas si longtemps, jamais on n'aurait pensé que les consommateurs iraient faire l'épicerie chez Walmart ou chez Costco », constate Florent Gravel, président-directeur général de l'Association des détaillants en alimentation du Québec.

Cependant, la concurrence accrue des géants américains du commerce de détail ne l'effraie pas outre mesure. « Si les prix sont légèrement plus élevés chez le détaillant en alimentation, les consommateurs québécois savent que le marchand propriétaire offre un service ainsi qu'une variété de produits qu'il ne peut pas trouver dans une grande surface. »

L'épicier doit plaire à une clientèle qui veut à la fois bien manger, consommer de manière responsable et économiser des sous, fait valoir Léopold Turgeon, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. Mais les détaillants s'adaptent aux nouvelles réalités du marché, assure-t-il. Par exemple, il constate l'émergence de nouveaux modèles de magasins d'alimentation, comme Le Silo, une épicerie bio et vrac de Sherbrooke, ou Pasquier, un épicier de Saint-Jean-sur-Richelieu qui consacre les deux tiers de la superficie de son commerce aux denrées périssables.

« L'offre en alimentation se modifie, dit-il. C'est sûr que les indépendants ont peut-être plus de marge de manœuvre [que les franchisés], mais je ne suis pas inquiet pour les grandes enseignes. Tout le monde s'adapte et développe différentes stratégies. »

La chaîne Metro, par exemple, s'efforce de « boutiquer » ses magasins afin d'élargir l'offre de produits distinctifs, comme des fromages fins et des aliments ethniques ou biologiques, explique la porte-parole Geneviève Grégoire. « Le focus client est notre cheval de bataille. Il y a plusieurs tendances émergentes présentement et on s'adapte selon la réalité du milieu où se trouve le magasin. »

Pour mieux comprendre les habitudes et préférences à l'échelle locale, la chaîne décortique notamment les achats des clients inscrits au programme de loyauté metro&moi. En 2013, elle a aussi adopté un programme d'achat local visant à promouvoir l'accès aux produits des régions où se trouvent les magasins Metro et Super C, « ce qui a permis l'introduction de plus de 1 000 produits provenant de fournisseurs locaux », ajoute la porte-parole.

En fin de compte, la personnalisation du service et la fameuse expérience-client continueront de faire le succès des détaillants spécialisés en alimentation, selon Florent Gravel. « Le marchand propriétaire est proche de sa communauté. Je suis convaincu qu'il traversera encore plusieurs décennies. »

L'ÉPICERIE DE DEMAIN : SIX TENDANCES

De plus petites superficies

Dans les grands centres urbains, la tendance est au format d'épicerie réduit, soulignent Jordan LeBel, professeur de marketing alimentaire à l'Université Concordia, et Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal. « C'est le modèle qui s'implante véritablement en Europe en ce moment, dit Jacques Nantel. En Grande-Bretagne, vous avez les Tesco et les Tesco City, plus petits. En France, Carrefour et Carrefour City. Ce sont de petits mais très beaux magasins qui ne tiennent pas tous les produits de base, comme les couches jetables, mais où on trouve des denrées fraîches et de bonne qualité. »

Des cœurs renouvelés

Les interminables rangées de sacs de croustilles et de boissons gazeuses vivraient-elles leurs dernières heures ? « Le centre des magasins [occupé par les denrées non périssables] va tranquillement mourir, estime Sylvain Charlebois, de l'Université Dalhousie, à Halifax. Les épiciers veulent tirer profit de cet espace précieux pour générer plus de revenus. J'ai l'impression que d'ici 15 ou 20 ans, on verra de plus en plus d'aliments frais ou prêts à manger non seulement en périphérie des rayons centraux, mais aussi au centre. »

Une couleur locale

« Les grandes enseignes ont beaucoup standardisé l'approvisionnement et laissent peu de marge de manœuvre aux gestionnaires en place, analyse Jordan LeBel. À l'inverse, les gérants de magasins de la chaîne américaine Whole Foods [présente aussi en Ontario et en Colombie-Britannique] peuvent acheter jusqu'à 25 % des produits localement. Avec l'analyse des données, c'est en train de changer ici aussi, mais c'est un peu lent. »

Les épiceries restaurants

Aux États- Unis, on appelle « grocerants » - une contraction des mots grocery store (épicerie) et restaurant - les magasins où on peut à la fois faire ses courses et casser la croûte. Selon Jacques Nantel, « les commerces proposant des produits alimentaires intéressants ou différents de ceux qu'on peut trouver en ligne ont tout avantage à déployer une offre conjointe de restauration. Cette tendance est d'ailleurs en train de transformer la configuration des grands centres commerciaux, où les fameuses food courts [foires alimentaires] sont appelées à disparaître. »

Prêt-à-manger

Comme les consommateurs sont pressés, les supermarchés offriront de plus en plus de mets déjà cuisinés et prêts à emporter, croit Jordan LeBel. Mais cette tendance soulève des enjeux, notamment en matière de santé. « On ne sait pas trop ce qui est vendu dans les comptoirs de prêt-à-emporter des supermarchés, car il n'y a pas d'obligation d'affichage des valeurs nutritives. Quelle est la proportion de sodium, par exemple ? »

L'épicerie en ligne

Un incontournable, dit Sylvain Charlebois. « Le commerce en ligne prendra de plus en plus de place en alimentation, car il permet de gagner du temps, une valeur que prise notamment la génération Y. Aux États-Unis, AmazonFresh - et on s'entend que le géant Amazon n'a pas besoin de vendre des aliments pour survivre - garantit la livraison en une heure dans 25 centres urbains. C'est dans cette direction qu'on s'en va ici aussi. »

Alimentation : l'essor des magasins à grande surface

Évolution des parts de marché en alimentation au Canada par enseigne (pour celles présentes au Québec)

Supercentres Walmart

2013: 10,6 %

2016: 14,1 %

Maxi

2013: 3,1 %

2016: 3,1%

Metro

2013: 2,8 %

2016: 2,7 %

IGA Extra

2013: 1,5 %

2016: 1,7 %

Super C

2013: 1,3 %

2016: 1,4 %

IGA

2013: 1,5 %

2016: 1,4 %

Loblaw

2013: 1,9 %

2016: 1,5 %

Provigo

2013: 2,6 %

2016: 1,6 %

Les petits détaillants voient grand

Variation des % de ventes des détaillants en alimentation au Canada 2012-2016

Supermarchés et épiceries (en excluant les dépanneurs) : + 5 %

Dépanneurs : + 11 %

Magasins d'alimentation spécialisés : + 13 %

Source : Statistique Canada, février 2017

 

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