Linkurious, la start-up derrière le big data des Panama Papers

Publié le 07/04/2016 à 08:30

Linkurious, la start-up derrière le big data des Panama Papers

Publié le 07/04/2016 à 08:30

Par AFP

[Photo: 123rf]

Comment trouver des pistes dans la masse des 11,5 millions de documents des «Panama papers» ? La start-up Linkurious a fourni aux journalistes son logiciel de visualisation pour les aider à mener leur enquête sur de complexes montages financiers offshore.

Depuis la publication de l'enquête par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui a révélé un vaste système d'évasion fiscale à l'échelle du globe, la petite équipe de cette start-up parisienne est sur un nuage et espère que ce bon exemple de traitement du «big data» (les méga-données) appliqué au journalisme d'investigation fera des émules.

«On est comme des gamins, c'est un rêve pour des créateurs de logiciels (...) quand des gens s'approprient la technologie et améliorent les choses...et c'est magique pour nous», explique à l'AFP Sébastien Heymann, le PDG de cette jeune pousse.

Dans une pièce quasi-monacale, les six jeunes hommes studieux qui forment la start-up scrutent leurs écrans où défilent des lignes de codes pour mettre la dernière touche à leur prochain logiciel.

Après avoir été «incubés» dans le vivier de Telecom Paristech, ils ont déménagé cet automne chez la pépinière de start-ups «Paris Soleillet», dans le 20ème arrondissement.

Linkurious s'était rapprochée de l'ICIJ au moment des «Swiss Leaks», l'enquête sur des comptes cachés en Suisse. Et pour traiter les «Panama papers," elle a mis à disposition des 370 journalistes associés à l'enquête son logiciel de visualisation de graphes de données dans un environnement très sécurisé.

Pour M. Heymann, «le challenge avec l'enquête des +Panama papers+, c'était la quantité phénoménale de documents qu'il y avait, plus de 11 millions de documents, des teraoctets, donc on ne pouvait pas juste se permettre de les lire», cela aurait pris une trentaine d'années.

Il fallait «des medium technologiques, des interfaces pour nous aider à identifier où ça a l'air intéressant et donner des pistes», explique le jeune entrepreneur de 29 ans.

L'interface de Linkurious permet à partir d'une recherche par mots clefs par exemple, de visualiser des liens entre différents documents. Sur l'écran, un réseau de points apparaît semblables à des «neurones».

Une technologie d'agences de renseignement

Ce type de technologie était jusque là réservé aux scientifiques ou aux agences de renseignement, qui ont une tradition de «relier des points» dans une enquête criminelle.

Mais un logiciel comme celui de Linkurious démocratise aussi le traitement du «big data» (des très gros volumes de données) pour des entreprises ou des ONG.

Linkurious avait une idée de l'importance de l'enquête mais ne savait pas de quoi il s'agissait avant les premières publications.

«Dimanche, c'était fantastique. J'étais en randonnée et je répondais aux derniers mails pour résoudre les derniers problèmes. J'ai été ravi de voir les premières informations», raconte Sébastien Heymann.

Sa start-up créée en janvier 2013 avec Jean Villedieu et David Rapin, espère profiter de ce succès pour grandir.

Sa technologie est déjà utilisée par le ministère français des Finances pour la détection de la fraude à la TVA, par plusieurs banques pour améliorer la détection de blanchiment d'argent, et sur des questions de sécurité informatique.

Linkurious collabore même avec la Nasa, l'agence spatiale américaine, pour rendre l'information d'une de ses bases de documents facilement utilisable, en mettant au point un système plus adapté que les moteurs de recherche.

«Très souvent, on n'imagine pas ce qu'on est capable de faire avec les technologies et il suffit d'un bon exemple pour le réappliquer» à d'autres domaines, note Sébastien Heymann.

Il reconnaît que, depuis la publication de l'enquête sur les «Panama Papers», le téléphone sonne beaucoup. Nombre d'entreprises contactent la start-up pour voir si sa solution peut leur être utile.

Linkurious, qui est autofinancée, envisage une levée de fonds, et cette notoriété soudaine pourrait bien lui donner un coup de pouce.

Mais «chaque chose en son temps», tempère auprès de l'AFP Sébastien Heymann. «Pour l'instant on se concentre sur la finalisation de notre produit», leur prochain logiciel commercialisé sous forme de licence, et la confirmation de leur modèle économique.

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