Devant l'arrivée de nouveaux concurrents dans le marché de la téléphonie sans fil, notamment Vidéotron au Québec, Bell Canada continuera d'investir massivement afin de persuader ses clients de ne pas lui fausser compagnie.
"Nous avons certainement augmenté (nos dépenses en fidélisation) au troisième trimestre et nous anticipons que cela se poursuivra", a déclaré le président et chef de la direction de Bell Canada Entreprises (BCE), George Cope, au cours de la téléconférence portant sur les résultats trimestriels.
Les dépenses en fidélisation prennent généralement la forme de promotions ou de rabais que les entreprises de télécommunication consentent aux clients qui menacent de passer à la concurrence.
À la fin septembre, Vidéotron, une filiale du conglomérat Quebecor Media, a lancé son réseau sans fil dans certaines régions du Québec. C'est Bell, numéro du sans fil dans la province, qui a le plus à perdre de cette offensive: l'entreprise plus que centenaire avait grandement souffert de l'entrée de Vidéotron dans le marché de la téléphonie filaire, il y a cinq ans.
Dans le marché ontarien, Bell fait face à deux nouveaux concurrents: Mobilicity, Wind Mobile et Public Mobile, ce dernier étant également présent dans la région de Montréal.
Il faut croire que les efforts défensifs de Bell ont porté leurs fruits: au troisième trimestre, Bell n'a pratiquement pas senti l'arrivée des nouveaux joueurs. Cela pourrait toutefois changer au quatrième trimestre, alors que Vidéotron aura bien amorcé le recrutement de nouveaux clients.
Au cours de la période qui a pris fin le 30 septembre, Bell a enregistré des ajouts nets de 159 465 abonnés à ses services sans fil postpayés, un record pour l'entreprise. Il s'agit d'une hausse de 31 pour cent par rapport au même trimestre de l'an dernier.
Le revenu moyen tiré de chaque abonné a augmenté de 1,41 $ en un an pour atteindre 53,54 $, au-delà des attentes des analystes financiers. M. Cope a tenu à préciser que le revenu moyen provenant des abonnés au nouveau réseau celllulaire de Bell, lancé il y a un an, s'élève à 80 $. Rogers a récemment annoncé une baisse des ajouts nets d'abonnés et du revenu moyen par client.
Le revenu moyen par abonné issu des services de données a crû de 39 pour cent, de sorte que ce segment représente désormais 23 pour cent du chiffre d'affaires de la division sans fil.
Le chiffre d'affaires de celle-ci a donc progressé de 8,1 pour cent pour atteindre 1,27 milliard $. Par contre, en raison de la hausse des dépenses engagées pour "acquérir" et fidéliser des clients de plus en plus attirés par les téléphones intelligents, plus coûteux, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) a reculé de 1,7 pour cent pour s'établir à 467 millions $.
La bonne tenue de la division sans fil a fortement contribué à l'augmentation de 3,1 pour cent du BAIIA de BCE au troisième trimestre. Le bénéfice net du conglomérat a toutefois reculé de 5,4 pour cent pour s'établir à 528 millions $ (70 cents par action), du fait principalement d'une charge d'impôts moins élevée il y a un an, alors que les profits nets avaient atteint 558 millions $ (72 cents par action).
Le bénéfice par action ajusté s'est élevé à 82 cents, alors que les analystes financiers tablaient en moyenne sur 75 cents.
Le chiffre d'affaires trimestriel de BCE s'est accru de 1,8 pour cent pour atteindre 3,86 milliards $.
Le secteur des services "sur fil", d'où provient la plus grande partie des profits de Bell, a connu un bon trimestre, limitant à 0,9 pour cent le recul de ses revenus, qui se sont chiffrés à 2,64 milliards $. Grâce à la diminution des coûts d'exploitation, le BAIIA a crû de 5,4 pour cent pour s'établir à 1,03 milliard $.
Bell a continué à réduire la perte du nombre d'abonnés à ses services filaires tout en enregistrant une hausse du revenu moyen par client.
Les revenus des services interurbains ont reculé de 14 pour cent, à 227 millions $, mais ceux des services de données, ce qui comprend l'accès à Internet, ont progressé de 0,9 pour cent pour atteindre 900 millions $. Le chiffre d'affaires des services de télévision a connu une hausse de 9,3 pour cent pour s'établir à 437 millions $.
George Cope a assuré jeudi qu'en dépit des acquisitions du groupe de télédiffusion CTV, de la firme technologique Xwave et du fournisseur d'hébergement de données québécois Hypertec, toutes annoncées récemment, BCE entendait maintenir sa politique d'augmentation du dividende.
Dans une note publiée jeudi, l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, a indiqué qu'il s'attendait toujours à ce que BCE annonce une hausse de son dividende au début de 2011.
En milieu d'avant-midi, l'action de BCE s'échangeait à 34,13 $, en haisse de 1,1 pour cent, à la Bourse de Toronto.