Le festival de films Cinemania attire vedettes et cinéphiles sans dépenser une fortune en publicité.
Pour la présidente et fondatrice de Cinemania, Maidy Teitelbaum, inutile d’engloutir une fortune en publicité. « Le bouche à oreille reste la stratégie marketing la moins coûteuse et la plus efficace. Pourtant, les entreprises continuent de la négliger », déplore-t-elle.
Depuis sa fondation en 1995, le festival de films Cinemania mise à fond sur le bouche à oreille pour attirer les grands noms du cinéma francophone au Québec.
Malgré ses moyens limités, il a encore frappé un grand coup cette année. Sa 16e édition, qui s’est tenue du 4 au 14 novembre à Montréal, a attiré deux monstres sacrés du cinéma français : Isabelle Huppert et Ludivine Sagnier ont présenté leurs films aux fans entassés dans le cinéma Impérial du centre-ville de la métropole.
« Les vedettes apprécient notre accueil. Notre salle est toujours pleine quand elles viennent présenter leurs films. De retour en Europe, elles parlent en bien de nous à leur entourage. Résultat : d’autres stars acceptent de venir à leur tour », renchérit Geneviève Royer, directrice générale du festival.
Au Québec, les billets du festival trouvent preneurs grâce à cette même stratégie. « Nous n’avons pas les moyens d’annoncer à pleines pages publicitaires dans les journaux. Pourtant, la fréquentation augmente continuellement », dit Mme Teitelbaum. Les ventes de billets pour Cinemania ont triplé depuis 2004 pour atteindre un total de 20 000 en 2009, précise Mme Royer, tout en rappelant que c’est un festival dont les moyens sont très limités.
Une obsession du détail
L’efficacité du bouche à oreille est loin d’être surfaite, selon Harold Simpkins, professeur de marketing à la John Molson School of Business de l’Université Concordia. « Le bouche à oreille est d’une grande crédibilité, mais les entreprises s’en désintéressent, parce qu’elles contrôlent mal cette stratégie. »
Bernard Motulsky, professeur de marketing à l’UQAM, abonde dans le même sens. « Les entreprises préfèrent la publicité traditionnelle qui donne des résultats plus prévisibles.
Les deux experts estiment toutefois qu’il y a moyen d’implanter une stratégie de bouche à oreille efficace. À commencer par porter attention aux détails liés aux services et aux produits offerts, affirme M. Motulsky.
Maidy Teitelbaum, de Cinemania, met ce principe en pratique. « Nous ne laissons rien au hasard. Par exemple, nous allons chercher nos artistes invités à l’aéroport, nous les logeons dans des hôtels réputés et nous les sortons au restaurant. Ils sont traités comme s’ils faisaient partie de la famille. Ils apprécient ces petites attentions et ils reviennent », dit Mme Teitelbaum, qui insiste sur le fait qu’aucun cachet n’est versé aux artistes.
L’autre aspect d’une stratégie de bouche à oreille réussie consiste à trouver un créneau et à ne pas y déroger. « Cinemania est un festival boutique. Nous ne présentons que des films en français. Nous en choisissons 30 pour les projeter dans une même salle, pas 450. Nous ne présentons que du cinéma. Le public sait à quoi s’attendre », explique Mme Royer.
En cinéma comme en affaires, un bon bouche à oreille repose sur la réputation bâtie par une organisation, prévient Harold Simpkins. « C’est important de répondre aux attentes que vous créez chez les clients, sinon le bouche à oreille négatif se répand rapidement. »