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Le partage du travail, une utopie ? Pas pour Richard Branson et les employés de Virgin en Grande-Bretagne.
En 2012, l'entrepreneur en série a écrit une lettre ouverte au premier ministre David Cameron, alors que le Royaume-Uni venait de franchir la barre symbolique des trois millions de chômeurs. L'objet de la missive : lutter tous ensemble contre le chômage grâce à une mesure très simple : l'incitation au partage du travail.
«Nombre d'entreprises et d'employés aimeraient pouvoir partager le temps de travail, ce qui contribuerait à donner un emploi à ceux qui n'en ont pas aujourd'hui. Mais cela ne se produit pas, parce que le coût de l'opération est trop élevé pour l'employeur : quand deux employés partagent un même poste, le coût est de 120 % par rapport à celui d'un temps plein classique», a écrit M. Branson.
Et de suggérer : «Ne serait-il pas envisageable de mettre en place un incitatif fiscal encourageant les employeurs à miser davantage sur le partage du travail ? De faire en sorte que cela leur coûte moins cher ?»
Le fondateur de Virgin n'a pas attendu la réponse du premier ministre pour donner l'exemple. Désormais, il n'offre plus d'emplois à temps plein en Grande-Bretagne : chaque nouveau poste est scindé en deux, si bien que des jeunes, au lieu de ne pas avoir de travail du tout, disposent au moins d'un poste à mi-temps. Quant au gouvernement britannique, il a fait passer une loi en juin selon laquelle tout employé est maintenant en droit de bénéficier d'une certaine flexibilité dans son travail, en particulier s'il souhaite partager son poste avec un collègue.
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Maintenant, c'est au tour des deux fondateurs de Google d'y songer, préoccupés qu'ils sont par le gâchis de talents attribuable au chômage. «Si chacun acceptait de réduire son temps de travail, dans l'optique de le partager avec d'autres, et si cela se faisait de manière réfléchie et coordonnée, alors on pourrait s'attaquer efficacement à la pandémie de chômage qui sévit à l'échelle de la planète», a dit Larry Page, aux côtés de Sergueï Brin, lors d'une entrevue diffusée sur YouTube en juillet.
«De nos jours, l'idée que nous avons besoin de travailler fort et longtemps pour satisfaire nos besoins fondamentaux n'est plus vraie. L'ennui, c'est que nous avons du mal à nous en rendre compte. Car s'ajoute à cela un phénomène particulier : notre besoin de nous accomplir par le travail, de sentir qu'on est utile à quelque chose, voire à autrui. Pour le comprendre, il suffit de voir à quel point les chômeurs se sentent inutiles», a expliqué le pdg de Google.
«Cette idée viscéralement ancrée en nous de devoir travailler fort et longtemps nous amène, aujourd'hui, à en faire trop. C'est comme ça, par exemple, que nous bousillons avec acharnement l'environnement. À force de travailler toujours de plus en plus, nous nous nuisons à nous-mêmes et à notre écosystème. Ça me préoccupe beaucoup. Ça finira mal, si on ne change pas de mentalité», a-t-il poursuivi.
Et de souligner, les yeux en l'air comme s'il pensait pour lui-même : «Oui, réduire la semaine de travail, ce serait une bonne piste à explorer».
Une vision que partage l'homme d'affaires mexicain Carlos Slim, considéré par le magazine Forbes comme la personne la plus riche du monde. «Le monde du travail a besoin d'une réforme radicale», a-t-il lancé en juillet lors d'une conférence tenue au Paraguay.
«Les gens devront travailler davantage d'années, jusqu'à 70 ou 75 ans. L'idéal serait de travailler 11 heures par jour, mais seulement trois jours par semaine», a-t-il dit. Pourquoi ? Essentiellement parce que notre espérance de vie ne cesse de croître. «Avec trois jours de travail par semaine, nous aurions davantage de temps pour nous détendre, et avoir une meilleure qualité de vie. Cela serait également une excellente façon de créer de nouvelles activités de divertissement et de loisirs», a expliqué le magnat des télécommunications.
M. Slim prêche par l'exemple. Au sein de Telmex, l'entreprise phare de son conglomérat, Grupo Carso, il existe depuis peu un programme permettant aux employés qui le veulent de travailler quatre jours par semaine, passé l'âge de la retraite.
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