Depuis son lancement, la plateforme d'innovation ouverte jevoismtl.com connaît un vif succès. L'objectif de 120 propositions d'actions pour relancer la ville a été pulvérisé. Plus de 200 ont été présentées avant la date limite du 31 octobre. Environ 150 d'entre elles seront discutées lors d'un grand rassemblement, le 17 novembre 2014, à la Place des Arts. Retour sur la genèse d'un projet qui se voulait modeste, mais qui ne cesse de grandir.
Relancer Montréal et redorer son image, c'est un peu une obsession pour L. Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier, Québec. En 2012, il commande une étude du Boston Consulting Group, lequel passe en revue la relance d'autres villes telles Boston, Melbourne ou Seattle. Le rapport débouche sur 10 propositions que M. Ménard s'empresse de partager avec Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
«Plusieurs de ces propositions en appelaient à une mobilisation des citoyens, des groupes communautaires et des gens d'affaires, souligne Michel Leblanc. Nous avons d'abord imaginé un forum d'une demi-journée, où ces gens pourraient se réunir et discuter des recommandations. Mais nous avons senti un réel désir de la part des citoyens et des groupes joints d'aller plus loin et d'incarner ces propositions dans des projets concrets.»
L'idée grandit
L'aventure prend alors une tout autre tournure. L. Jacques Ménard et Michel Leblanc prennent leur téléphone pour amasser des fonds. Pas plus de 25 000 $ par donateur, afin que personne ne puisse s'approprier l'événement. Un consultant développe le concept jevoismtl. Le site Web est élaboré.
Un comité-conseil est formé, rassemblant des représentants de milieux aussi divers que la culture, la santé, les universités, le communautaire ou les affaires. Leur mission : retourner dans leur milieu pour brasser des idées et susciter des projets.
Sur le Web, les idées proposées par les citoyens pour relancer la métropole québécoise sont scindées entre quatre chantiers : Identité et aspiration, Talent et compétences, Entreprises et Cadre de vie. Deux critères majeurs à respecter : les projets doivent être nouveaux et ne pas dépendre d'une aide de l'État.
M. Ménard est encore saisi de l'ampleur que sa modeste idée de départ a prise. «Si l'on m'avait dit cela il y a trois mois, je ne l'aurais pas cru», admet-il.
«S'il y a une constante dans le rapport du Boston Consulting Group, c'est que la relance d'une ville ne se fait pas de haut en bas, mais de bas en haut, lance Michel Leblanc. Ce sont des citoyens que viendront les idées qui transformeront Montréal.»
En ce sens, L. Jacques Ménard croit que jevoismtl.com crée une belle dynamique en brisant l'isolement des citoyens qui souhaitent améliorer leur ville. «C'est une véritable communauté qui se fonde là», dit-il. Les gens proposent des actions et croisent d'autres personnes rêvant de projets semblables. Des liens se tissent. «Les citoyens s'approprient le devenir de leur ville, et c'est cela qui va lui redonner tout son élan», conclut-il.
Trois des projets qui seront examinés le 17 novembre
Une bière pour le 375e anniversaire de Montréal
Verdir Montréal en y plantant du houblon, puis le récolter pour brasser des bières bien montréalaises. C'est l'action proposée par Mathieu Garceau-Tremblay, chef-brasseur à la toute nouvelle Brasserie Harricana.
Cultiver du houblon dans sa cour, M. Garceau-Tremblay le fait depuis longtemps. Celui qui fera bientôt revivre à Montréal la Brasserie Harricana, qui a désaltéré les Amossois avec ses bières de 1975 à 1982, y voit un avantage bien concret. «On peut utiliser le houblon dès sa récolte, quand il est frais et juteux, ce qui donne une bière savoureuse», dit-il.
De là à transformer Montréal en houblonnière ? Le brasseur s'esclaffe, admettant qu'au départ l'objectif était surtout de verdir la ville. «C'est beaucoup la vigne qui est utilisée pour ça, dit-il. Mais tant qu'à verdir, pourquoi ne pas se servir de plantes offrant une récolte pouvant être utile ?» L'action nécessite d'initier les citoyens, puisqu'il poussera dans leurs quartiers, et par leurs soins.
Le hasard faisant bien les choses, la première récolte de ce houblon coïncidera avec le 375e anniversaire de la ville, en 2017. De là l'idée d'inviter les micro-brasseries montréalaises à brasser une bière locale pour célébrer l'occasion.
Le projet remporte déjà une forte adhésion sur la plateforme jevoismtl.com.
Explorer l'univers de l'innovation
Après nous avoir montré les étoiles, l'ancien Planétarium Dow verra naître les inventions de demain. L'École de technologie supérieure veut en faire une plaque tournante de créativité et un catalyseur de l'innovation.
L'ancien planétarium Dow a été cédé à l'École de technologie supérieure (ÉTS) en 2013. L'établissement conservera la valeur patrimoniale de l'édifice, tout en le revalorisant dans le cadre du développement du Quartier de l'innovation (QI), qu'elle érige dans le sud-ouest de la ville en collaboration avec l'Université McGill.
«Ce que nous voulons y faire est différent des incubateurs ou accélérateurs qui se multiplient pour appuyer l'innovation et les entreprises en démarrage, explique Damien Silès, directeur général du QI. Il s'agira d'un véritable marché de l'innovation. La superficie du rez-de-chaussée permet d'accueillir des forums internationaux, des écoles d'été, des événements pour présenter des innovations de chez nous ou pour valoriser l'éducation et la culture.»
Quant au 2e étage, il deviendra un catalyseur de l'innovation, facilitant l'accès aux connaissances acquises dans le milieu universitaire et aux innovations qui en sont issues. Un lien qu'il n'est pas toujours facile de tisser entre les entrepreneurs ou les citoyens et les grandes institutions.
Le projet présente un grand défi structurel : celui de modifier l'intérieur de l'immeuble sans sacrifier sa valeur historique ni défigurer le quartier. «Le Quartier de l'innovation n'est pas un quartier industriel, c'est un milieu de vie et un point de passage très fréquenté vers les ponts de la Rive-Sud», note Damien Silès.
Conséquemment, l'établissement vise une construction harmonieuse, qui emportera l'adhésion des résidents et deviendra une vraie signature visuelle pour ce quartier dynamique.
La puissance de l'innovation ouverte
Créer des synergies entre des acteurs de milieux différents afin de favoriser l'innovation et le démarrage d'entreprises. Ce sera la mission du Centre d'innovation et d'entrepreneuriat, proposé par la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) Rosemont-Petite-Patrie.
Le Centre d'entrepreneuriat et d'innovation (CEI), c'est un peu l'extension du Campus des technologies de la santé, qui offre aux entreprises un accès à des expertises en commercialisation, réglementation, exportation, propriété intellectuelle et clinique. «Ce service a fait ses preuves, lance Mirentxu Aguerre, agente de développement à la CDEC Rosemont-Petite-Patrie. Nos investissements, totalisant 814 500 $, ont jusqu'à maintenant généré des retombées de 5,2 millions de dollars, avec notamment la création de 9 entreprises et 76 emplois.»
La CDEC souhaite lancer un CEI qui soutiendra l'innovation et le démarrage d'entreprises, sans se limiter à la santé. Le centre offrira des bureaux fermés et partagés, des ateliers et laboratoires, mais surtout des espaces communs. «C'est souvent dans la cuisine, à l'heure du lunch, que se font des rencontres inattendues menant à des projets intéressants», lance Mme Aguerre.
Le CEI offrira aussi des services d'accompagnement, de financement, de réseautage, de résolution de problème et de démarrage de projet en mode d'innovation ouverte.
«L'accompagnement, c'est crucial pour les jeunes entreprises et les entrepreneurs, poursuit l'agente de développement. Environ 70 % des entreprises accompagnées par la CDEC dépassent le cap des cinq ans, par rapport à 34 % des autres. Le CEI constituera un atout majeur pour Montréal.»