Trop à l'étroit à Montréal, les Van Houtte, Presse Café et compagnie ciblent les régions pour accroître leur part de marché. Mais deux jeunes femmes d'affaires promettent de leur livrer une chaude lutte dans leur fief de Val-d'Or. Dans cette ville de l'Abitibi-Témiscamingue, la guerre du café a commencé.
Caroline et Michelle Lefebvre, deux soeurs dans la vingtaine, ont ouvert le Balthazar Café en octobre 2009, dans une ville où les cafés-bistros sont rares. Le Balthazar, situé en plein coeur de Val-d'Or, profite du boom économique qui anime cette ville de 33 000 habitants, riche en or et autres minéraux.
Une mise de fonds totalisant 100 000 $, qui vient d'économies personnelles, d'un prêt et d'une subvention, a permis aux frangines de se lancer en affaires. Un an après son ouverture, " le Balthazar Café est rentable ", affirme Caroline Lefebvre, responsable du branding.
" Certains croient que les gens des régions sont fermés. C'est faux ! Les Abitibiens ont les moyens de dépenser quatre ou cinq dollars pour un café latte, à condition que le menu soit varié ", explique Caroline.
Les régions du Québec recèlent un potentiel commercial important pour les cafés-bistros, confirme François de l'Étoile, vice-président et directeur général de la division des cafés-bistros du géant Van Houtte.
La guerre des cafés-bistros, qui fait rage depuis 10 ans dans la métropole, a atteint les régions, notamment à Val-d'Or, où Tim Horton's construit son troisième café. Grâce à ses 400 succursales au Québec, Tim Horton's règne en monarque quasi absolu à l'extérieur de la métropole.
Presse Café et Van Houtte s'activent donc à lui ravir des parts de marché partout au Québec. Depuis le 1er octobre dernier, Van Houtte a ouvert trois nouveaux cafés, un à Québec, un à Saguenay et un à Rouyn-Noranda, en Abitibi, indique M. de l'Étoile.
" Tant qu'à ouvrir des cafés en Abitibi, nous voulons maximiser nos efforts dans cette région. Les villes de Val-d'Or, d'Amos et de La Sarre nous intéressent ", explique-t-il.
Van Houtte compte une cinquantaine d'établissements dans la province.
Marcel Hachem, propriétaire de Presse Café, a ouvert un café-bistro à Rimouski et un autre à Chicoutimi, en mai 2010, ce qui porte le nombre d'établissements à 41 au Québec. " Nous voulons aussi nous installer à Val-d'Or ", affirme-t-il, étonné d'apprendre l'existence du Balthazar dans la municipalité.
Les guerrières sont prêtes
Confrontée à l'éventualité d'un débarquement des grandes chaînes dans leur ville, Caroline Lefebvre est catégorique : " Les enseignes peuvent aller se rhabiller. Nous et le Balthazar Café avons l'avantage du terrain ", dit-elle.
" Nous sommes situées au centre-ville. Il n'y a pas de meilleur emplacement et nous avons des partenariats stratégiques avec des fournisseurs locaux ", dit Michelle.
En bons princes, les représentants des grandes chaînes saluent l'initiative des jeunes femmes. " La concurrence est toujours bonne ", lance M. de l'Étoile.
" Il y aura toujours des puristes et des aventuriers qui iront dans des cafés indépendants. Les consommateurs au profil conservateur voudront cependant la sécurité et la prévisibilité du service Van Houtte ", dit-il.
" J'admire leur courage ", dit M. Hachem, de Presse Café, au sujet des jeunes propriétaires du Balthazar Café.
L'homme d'affaires a prévu faire un tour à Val-d'Or à la fin du mois de novembre pour étudier le marché. " J'irai prendre un café au Balthazar ", promet-il.