Une grande vague d'automatisation de tous les domaines manufacturiers québécois aurait dû être commencée il y a 15 ans, pense Serge Bouchard, mandaté à la direction générale du Regroupement des équipementiers en automatisation industrielle. «Parfois, je me demande même s'il n'est pas trop tard. Si on veut assurer la pérennité de notre industrie aéronautique, par exemple, il faut des projets et des stratégies des entrepreneurs et des gouvernements. Oui, le Québec est le troisième pôle mondial en aéronautique, mais nous sommes très loin derrière Seattle et Toulouse. Avec l'ouverture des marchés, ça devient très difficile de rester concurrentiel. Il faut décloisonner nos associations, collaborer, créer des coentreprises et augmenter l'aide à la commercialisation. Il s'agit d'une priorité économique nationale.»
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«Bien qu'il s'agisse d'un phénomène quasi mondial, tout le pan des secteurs manufacturier [...] est ici délaissé», souligne le rapport de l'Indice entrepreneurial québécois 2014 de la Fondation de l'entrepreneurship. Le secteur périclite, sa part dans le produit intérieur brut étant passée de 23,6 à 16,3 % entre 2000 et 2010, soit une chute de plus de 30 %. De plus, seulement 2 % des jeunes Québécois envisagent de se lancer dans ce secteur.
Pourtant, l'intégration de l'automatisation dans les secteurs traditionnels représente de formidables occasions d'affaires. En augmentant l'efficacité, la productivité dans des secteurs fortement délocalisés comme la production de vêtements, les coûts de la main-d'oeuvre peu qualifiée sont réduits au maximum.
«Pourquoi je me suis lancé»
Pour Luc Jalbert, là est la clé pour recomposer notre tissu industriel. Il fonde Jalbert Automatisation à Boisbriand à la fin des années 1990. «J'ai commencé dans une chambre qui était libre à la maison ; on peut vraiment partir tout petit», explique-t-il. Pas besoin d'investissements majeurs pour démarrer son entreprise, «c'est de l'expertise technique qu'il faut».
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«J'avais découvert des lacunes, et j'ai développé des solutions pour faciliter la mise de bouchons sur les bouteilles, souligne M. Jalbert. C'est un peu paradoxal, parce qu'on dit que notre industrie supprimera des emplois. Mais c'est prouvé qu'une entreprise qui fait de la place à l'automatisation créera des emplois.»
Beaucoup y croient déjà. «L'Oréal, un de nos clients, y croit. Ce n'est pas compliqué d'entrer un robot dans leurs installations. Mais d'autres, surtout des PME, sont plus difficile à convaincre. Ce sont des projets coûteux, qui peuvent représenter 1 ou 2 millions de dollars. Mais de beaux projets, ça peut se payer en six mois !»
La clé pour démarrer
Créer des partenariats, des coentreprises (le Québec est un petit, il faut élargir l'offre en automatisation et avoir les reins solides pour la commercialisation) + Miser sur les finissants de Polytechnique, de l'ÉTS, de l'Université de Sherbrooke, etc. L'expertise technique existe, il reste à transformer les idées en projets.
LES FAITS
La croissance du marché de l'automatisation industrielle est d'environ 6 % par année depuis 2003. - ce sont les logiciels qui connaîtront la plus forte hausse dans ce domaine, soit 8 % de 2013 à 2016 - Quant au matériel, la demande devrait croître de 4 % pour la même période. Source : Crédit Suisse
JALBERT AUTOMATISATION
En activité depuis 17 ans, Jalbert Automatisation compte près de 40 employés, et son chiffre d'affaires avoisine les 5 M $.
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