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Jacques Daoust veut savoir de quoi les PME ont vraiment besoin pour grandir

Par François Normand


Édition du 21 Juin 2014

Le programme des gazelles n'est pas mort. Mais pour aider les petites entreprises à grandir, il faut mieux cibler leurs besoins et étendre le soutien du gouvernement à un maximum de sociétés, affirme le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec, Jacques Daoust.


Dans un entretien à Les Affaires, il déclare que «beaucoup de monde» a mal interprété ses propos au sujet de l'abolition du programme des gazelles de l'ancien gouvernement péquiste, qui visait à accélérer le développement de 300 petites entreprises performantes.


«Que le gouvernement essaie de mieux faire réussir ses entreprises performantes, c'est louable, tout le monde est d'accord avec ça. Mais il faut voir comment on va le faire», dit-il, en reprochant au programme des gazelles d'être «élitiste», sans parler du fait que ce n'est pas à Québec choisir des «gagnants» dans l'économie.


Selon lui, le gouvernement doit avant tout mieux comprendre ce dont les PME québécoises ont vraiment besoin pour grandir. Est-ce de subventions, de financement, de capital-risque, de coaching ? Une réflexion s'impose, alors que Québec réévalue toutes ses dépenses de programmes, souligne Jacques Daoust.


«Avant de mettre 30 millions de dollars dans un nouveau programme, [le gouvernement] va se demander à quoi servira ce programme et si l'argent qu'il y investit répond aux besoins ou aux problèmes à régler. Là, on dirait qu'on a trouvé une solution et qu'on cherche le problème à régler... [Le gouvernement] marche à reculons !»


Le ministre s'inquiétait aussi des effets pervers qu'aurait pu créer le programme des gazelles dans sa forme originale. Le Québec abrite quelque 245 000 PME, rappelle-t-il. Si on en sélectionne une centaine par année, qu'arrivera-t-il aux autres ? s'interroge M. Daoust.


«Disons qu'on choisisse une entreprise et qu'elle réussisse à faire fermer son concurrent de longue date grâce à l'aide de l'État, trouvez-vous que c'est correct ? Pas moi !»


Crédit d'impôt : révisions en vue


Par ailleurs, le gouvernement n'a pas pris de décision définitive dans la foulée de la réduction de 20 % des crédits d'impôt consentis aux entreprises, annoncée dans le dernier budget. Un comité révise la fiscalité, y compris celle des programmes. Et au terme de l'exercice, Québec s'attend à récupérer de l'argent.


Ce qui permettra d'ajuster le tir au besoin, précise Jacques Daoust. «Il y a des programmes qui pourraient revenir à leur financement original. Mais il y a aussi des programmes qui sont peut-être appelés à disparaître», dit-il.


Relancer les exportations


Le ministre Daoust veut relancer les exportations du Québec, qui traînent la patte depuis la récession de 2007-2009 aux États-Unis (et ailleurs dans le monde).


En 2013, nos expéditions de marchandises dans le monde se sont élevées à 65,7 milliards de dollars canadiens, en hausse de 3,4 % par rapport à 2012. Par rapport à 2006 (avant la récession), il s'agit d'un «manque à exporter» de 7,4 G$, car les exportations du Québec avaient atteint 73,1 G$ cette année-là.


Pour relancer les exportations, le gouvernement continuera de développer le réseau d'Expansion Québec, qui compte près d'une trentaine de bureaux dans le monde. Ils offrent des services d'accompagnement aux entreprises et un incubateur.


Jacques Daoust veut aussi accroître les expéditions du Québec dans les autres provinces. «Pour un État comme le Québec, si on vend en Ontario, c'est de l'exportation.» Pour accroître les échanges au Canada, son gouvernement tentera de réduire les barrières au commerce interprovincial.