L’actuelle explosion du prix du baril de pétrole ne peut que favoriser Via Rail qui s’attend à ce que le nombre de ses passagers augmente de manière presque proportionnelle.
C’est en tout cas ce que Marc Laliberté, président et chef de la direction de la société ferroviaire, a déclaré cette après-midi à Montréal, en marge d’une conférence devant l’Association des MBA du Québec.
En 2008, Via Rail avait enregistré une hausse marquée d’utilisation de ses services dans les jours suivant une flambée particulièrement abrupte du prix du baril de pétrole.
Les frais de carburants compte pour environ 10% des frais d’exploitation de Via Rail, a expliqué le président. Mais comme le nombre de passagers augmente généralement à chaque hausse du pétrole, Via Rail n’a jamais eu jusqu’à présent à imposer de surcharge sur le carburant comme c’est devenu pratique courante dans l’industrie aérienne.
D’ailleurs, le président a démenti la croyance que l’industrie aérienne constitue le concurrent principal de Via Rail. Pour lui, l’automobile –encore utilisée par plus de 90% des voyageurs dans le corridor Québec-Windsor- est le premier concurrent du train.
Ce qui n’a pas empêché, lors de son allocution, le nouveau jeune président du conseil d’administration de Via Rail, Paul G. Smith, 46 ans, de s’en prendre essentiellement aux désagréments du transport aérien pour faire valoir les avantages du train.
Sur le train, a-t-il dit, «vous pouvez manger un repas servi sur un vrai couvert, avec de vrais ustensiles, savourer du vin dans un vrai verre, et boire un café dans une tasse en porcelaine».
Des revenus de nouveau en hausse
Mais au-delà des soubresauts actuels, surtout liés à l’incertitude politique en Libye, le président Marc Laliberté estime que l’augmentation du prix du pétrole et le recours au train en remplacement de l’automobile constitue une tendance lourde. «Dans 10 ou 20 ans, a-t-il prédit, c’est clair que l’essence coûtera plus cher»
À plus court terme, Via s’attend à renouer avec la croissance de ses revenus, chose que l’on devrait confirmer le prochain rapport annuel de Via Rail. Soumis au gouvernement fédéral d’ici le 31 mars prochain, ce rapport doit en principe être rendu publique au cours des 15 jours suivants.
Des investissements payants
En 2009, Via a vu ses revenus décroître à 250 M$, comparativement à 282M$ en 2008. L’année financière de Via correspond à l’année du calendrier.
Grace aux investissements fédéraux de 923 M$ que Via prévoit investir dans la remise à niveau de ses infrastructures et de son matériel roulant, ce qui devrait à terme entraîner une augmentation de la fréquence de ses services de quelque 20%.
Pour le président de la société d’État, cette augmentation du service devrait entrainer une croissance de l’utilisation du train.Une augmentation de l’ordre «10% à 15%» , ou de quelque 700 000 passagers, de 2013 à la fin de 2014. Au plus fort de cette croissance, Via s’attend à une 4,7 M de passagers.
TGV : Via esquive le sujet
Paul Smith a par ailleurs pris soin d’éviter de répondre aux questions des journalistes concernant un éventuel TGV, dans le corridor Québec-Windsor. Ce dernier s’est contenté de dire que la décision finale dans ce dossier ne relevait pas de Via Rail, mais bien du gouvernement fédéral.
Le corridor Québec-Windsor compte pour 80% des activités de Via, tant en terme d’achalandage que de revenu.