L'Autorité des marchés financiers (AMF) pourra bloquer le projet de fusion des bourses de Toronto et de Londres si la bourse de Montréal n'y trouve pas son compte, a indiqué mercredi le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand.
Alors que le ministre Bachand reste prudent pour la suite des choses, le patron de la bourse de Londres se fait rassurant sur le sort réservé à Montréal dans cette vaste consolidation boursière.
Selon Xavier Rolet, Montréal aura un rôle "capital" à jouer dans la nouvelle bourse fusionnée.
"Montréal sera le centre mondial d'excellence du groupe, donc la direction de toutes les opérations dérivées du groupe à l'échelle mondiale sera basée à Montréal", a dit M. Rolet lors d'une conférence de presse à Toronto.
"C'est une opportunité unique pour la place de Montréal, non seulement d'étendre ses compétences (...) mais aussi d'asseoir la distribution de sa technologie, notamment les opportunités de vendre sa technologie dans les marchés émergents", a-t-il poursuivi.
Entre-temps, le ministre québécois des Finances a demandé à l'AMF de mener des consultations publiques pour peser le pour et le contre de la transaction pour les activités de la bourse de Montréal, fusionnée depuis 2008 avec celle de la Ville-Reine.
"Nous allons nous assurer que cette transaction soit dans l'intérêt du Québec", a déclaré M. Bachand, en point de presse, en marge d'une réunion du caucus libéral.
"Ce qui est important, c'est de protéger la place de Montréal au niveau des produits dérivés. Si ça peut donner à Montréal un accès plus international pour notre leadership de produits dérivés, ce serait une bonne nouvelle", a-t-il ajouté.
Si ce n'est pas le cas, le Québec pourra utiliser son véto.
"L'AMF a le pouvoir, lorsqu'il y a plus que 10 pour cent de la propriété de la bourse qui change, de bloquer la transaction", a fait valoir le ministre, rappelant que la transaction est assujettie à l'approbation de l'Autorité des marchés financiers.
Les dirigeants des bourses de Londres et de Toronto ont rencontré le ministre Bachand à son bureau lundi dernier pour le rassurer sur l'avenir des activités boursières à Montréal.
Le discours était positif mais il doit être mis en pratique, a dit M. Bachand.
"Ils nous ont donné des assurances verbales et il faut s'assurer que ces assurances se retrouvent dans les textes, les plans d'affaires, les plans technologiques", a-t-il insisté.
Invoquant la "défense des intérêts du Québec", le Parti québécois s'est pour sa part élevé contre la transaction projetée.
À l'Assemblée nationale, le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'institutions financières, Jean-Martin Aussant, a exhorté le ministre Bachand à s'opposer à l'intégration du groupe TMX à la bourse de Londres.
"En 2008, le gouvernement n'avait rien fait pour empêcher que la bourse de Montréal se déplace vers Toronto. Est-ce qu'aujourd'hui, oui ou non, le gouvernement libéral va se tenir debout et empêcher que les intérêts économiques et financiers du Québec soient décidés à plus de 5000 kilomètres d'ici?", a-t-il lancé pendant la période de questions.
Bachand estime cependant qu'il vaut mieux éviter les excès d'émotion et examiner la transaction à son mérite.
"Il s'agit de regarder ça et de voir quels sont les meilleurs intérêts économiques du Québec pour les 15 ou 20 prochaines années", a-t-il argué.