Les derniers mois ont été particulièrement fertiles en acquisitions pour Jean Coutu. Le groupe a réussi à recruter huit pharmacies au cours de son troisième trimestre terminé le 27 novembre. « C’est pas mal, j’en conviens », a indiqué le président et chef de la direction, François Jean Coutu, au cours d’un entretien avec lesaffaires.com. Depuis cinq ans, son entreprise procède en moyenne à une douzaine d’acquisitions … par année.
Dans plusieurs cas, les transactions se préparaient depuis un certain temps et c’est, en quelque sorte, une coïncidence qu’un aussi grand nombre se soient concrétisées au même moment. Mais le grand patron de la chaîne de pharmacies a confié qu’il aimerait « maintenir ce rythme », tout en étant conscient que le recrutement ne sera pas facile puisque le marché compte très peu d’indépendants. De plus, « les autres enseignes vont faire des pieds et des mains pour garder leurs pharmaciens fidèles », prévoit-il.
Même s’il soutient ne pas vouloir imiter Rona qui recrute un maximum de petits commerces pour augmenter ses parts de marché, François Jean Coutu souligne qu’il « offre des solutions pour des gens qui voudraient se joindre au Groupe Jean Coutu et qui ne veulent pas opérer un grand concept ». Le dirigeant fait ainsi référence à ses concepts PJC Clinique, PJC Jean Coutu Santé et PJC Jean Coutu Santé Beauté, plus petits que les PJC Jean Coutu traditionnels.
« Au cours des 5 prochaines années, l’augmentation du nombre de pharmacies va se faire peut-être plus au ralenti au Québec. Donc, les groupes vont s’arracher les indépendants qui restent. Il va y avoir un jeu de séduction et je ne vois pas pourquoi on ne serait pas aussi bon que les autres à ce jeu. »
En plus de ses huit acquisitions, Jean Coutu a relocalisé 5 pharmacies et en a ouvert trois nouvelles. L’entreprise commence à s’implanter dans de plus petits marchés. Le groupe possède actuellement 2,8 millions de pieds carrés d’espace de vente, plus du double qu’il y a 10 ans.
Après des années de déclin, la photo rebondit
Pour accroître ses ventes, Jean Coutu mise notamment sur ses marques maison et le secteur de la photo. Au cours du troisième trimestre, 68 nouveaux produits de marque privée ont été mis en marché. À l’heure actuelle, 11,8 % des ventes sont générées par ces items exclusifs. L’objectif est d’atteindre 12 % d’ici avril. Selon François Jean Coutu, le principal avantage réside dans le fait que ces produits « créent une certaine forme de loyauté chez les consommateurs». En outre, les marges de profit sont supérieures.
Par ailleurs, Jean Coutu recommence à être optimiste en ce qui concerne le secteur de la photo. Au cours des dernières années, des baisses de vente de 25 % ont déjà été enregistrées parce que les consommateurs ont cessé d’acheter des films, de faire développer des photos et de commander des agrandissements.
Aujourd’hui, la tendance se renverse : les revenus de cette catégorie ont crû de 3 % au cours du dernier trimestre comparativement à la même période un an plus tôt.
Jean Coutu explique ce résultat par l’introduction de « produits complémentaires » tels que la possibilité de faire imprimer des photos sur des tasses et des t-shirt ou de créer des albums personnalisés. « C’est un nouveau marché pour nous (…) C’est un secteur où il y a un chiffre d’affaires à réaliser car la compétition est moins structurée qu’elle était. Aujourd’hui, il faut être équipé. Il faut une borne de développement et être relié à un laboratoire spécialisé, ce que toutes les pharmacies et les dépanneurs ne peuvent pas offrir. »
En outre, Jean Coutu augmentera son offre au rayon de l’électronique et promet un plus grand nombre de produits saisonniers importés.
Troisième trimestre au-dessus des attentes
À son troisième trimestre, Jean Coutu a réalisé des ventes de 677,3 millions $, en légère baisse par rapport aux 678,1 millions $ à la même période l’an dernier.
Le bénéfice net a progressé de 7,6 % pour atteindre 48 millions $ (0,21$ par actions). Les analystes prévoyaient un bénéfice par action de 0,19 $.
À la surprise générale, les ventes des magasins comparables ont également dépassé les attentes. Et ce, même si le troisième trimestre du précédent exercice avait été particulièrement fort en raison de la grippe A(H1N1).
Ainsi, les ventes dans la section commerciale ont diminué de 1,7 % alors que l’analyste James Durran, de la Financière Banque Nationale, s’attendait plutôt à une baisse de 4,5 %. Du côté des médicaments, on a enregistré une hausse de 0,7 % alors que le marché n’anticipait aucune variation.