La baisse des prix, la protection prolongée des brevets et la signature d'un accord de libre-échange avec l'Europe sont perçus comme des irritants par l'industrie du générique.
Ottawa et Québec négocient actuellement un accord de libre-échange avec l'Union européenne, du type de celui conclu avec les États-Unis et le Mexique en 1994. L'objectif est d'arriver à une entente à l'horizon 2012.
Dans le cadre de cet accord, le Canada devrait prolonger la durée des brevets des médicaments d'ordonnance de trois ans et demi en moyenne. Ce délai contribuera à retarder l'arrivée sur le marché de produits génériques, dénonce cette industrie.
Cette éventualité ferait grimper le prix des médicaments de près de 2,8 milliards de dollars par an au pays. Au Québec, la facture globale des médicaments gonflerait de 773 millions de dollars (M$), selon une étude commandée par l'Association canadienne du médicament générique (ACMG).
"Les Européens ont tout à gagner de cet accord. Les fabricants canadiens, eux, seront lourdement pénalisés", dénonce Daniel Charron, porte-parole de l'Association.
Un avis que ne partage pas l'ensemble de l'industrie, toutefois. "Au contraire, on a tout à y gagner. Avec cette accord, les entreprises canadiennes auront une arme pour convaincre les sièges sociaux à l'étranger d'investir ici", estime Russel Williams, président de Rx&D, l'association des compagnies de recherche pharmaceutiques au Canada.
La "fameuse" règle des 15 ans
Contrairement aux autres provinces, qui appliquent la politique du prix le plus bas, le gouvernement du Québec rembourse la version originale d'un médicament pendant une période de 15 ans, même si une version générique est disponible.
Cette mesure visait à l'origine à inciter les fabricants de médicaments d'origine à investir en R-D dans la province.
Pour l'industrie du générique, cette politique prive ses membres de revenus importants. Elle coûte cher également au Trésor public. D'après les chiffres de la RAMQ, les coûts de la règle des 15 ans sont passés de 30 à 161,5 millions entre 2005 et 2009.
Si le Québec favorisait davantage l'utilisation du médicament générique, le gouvernement réaliserait des économies de près de 450 M$ par année, selon les calculs de l'ACMG.
S'ajuster à la baisse
La baisse du prix des médicaments génériques à 30 % des médicaments de marque est venue corser le tableau. Cette décision, prise l'an dernier par le Québec pour s'aligner sur l'Ontario, devrait lui permettre d'épargner 164 M$ par an.
Pour amortir les baisses de revenus liées à la diminution des prix, les fabricants de génériques adoptent diverses stratégies : gel des embauches pour certains, recherche de nouveaux marchés pour d'autres.