Cogeco (TSX:CGO) compte ouvrir au printemps 2014 un centre de données informatiques dans l'île de Montréal, un investissement qui pourrait atteindre 100 millions $ sur dix ans, a annoncé mercredi le grand patron de l'entreprise, Louis Audet.
Ce centre de 100 000 pieds carrés s'ajoutera aux six autres que Cogeco exploite déjà au Canada anglais: cinq à Toronto et un à Vancouver.
Ces centres de données permettent aux entreprises de se départir de plusieurs de leurs serveurs informatiques, qui occupent souvent beaucoup d'espace et qui nécessitent une main-d'oeuvre spécialisée.
"C'est une nouvelle avenue de revenus dans un marché qui pourrait être mieux servi", a expliqué M. Audet lors d'une rencontre avec la presse, après avoir prononcé un discours devant le Cercle canadien de Montréal.
Le dirigeant n'a pas voulu préciser quels segments du marché Cogeco souhaitait cibler avec le futur centre de Montréal.
Le centre s'installera dans un édifice que l'entreprise est sur le point d'acquérir. Il a fallu plus d'un an pour trouver le lieu adéquat.
Au cours des dernières années, des entreprises étrangères ont songé à ouvrir des centres de données dans le Nord québécois afin de profiter d'un avantage substantiel: le climat plus froid, qui permet de réduire les coûts de climatisation, une dépense importante pour de telles installations. Or, Cogeco n'a jamais envisagé adopter ce modèle venu de Scandinavie.
"Vous choisissez votre clientèle et après ça, vous décidez où vous construisez", a lancé Louis Audet, en refusant d'en dire davantage.
Cogeco est actif dans le créneau des centres de données depuis l'acquisition, en 2008, de la division des télécommunications de la firme de services publics Toronto Hydro. L'entreprise a ensuite mis la main sur la firme ontarienne Quiettouch et la québécoise MTO Telecom.
Prises de contrôle
M. Audet a par ailleurs répété mercredi que Cogeco n'était pas à vendre.
"C'est sûr que certains de nos actionnaires ont laissé courir le bruit que nous serions prêts à faire une transaction, mais ce n'est pas le cas", a assuré le dirigeant.
Incidemment, Louis Audet a tenu à aborder la question des prises de contrôle étrangères, y compris celle qui a tant fait jaser ces dernières semaines: la tentative du géant américain Lowe's d'avaler Rona (TSX:RON) pour 1,8 milliard $.
Selon lui, les politiciens ne doivent pas resserrer la réglementation pour rendre plus difficiles les offres publiques d'achat, mais plutôt intervenir publiquement dans certains cas précis, comme celui de Rona.
"Je peux aisément comprendre qu'on ait voulu s'assurer que les produits canadiens continuent à être offerts dans les quincailleries québécoises, a-t-il soutenu. Tant que ça n'a pas de grandes conséquences d'inefficacité industrielle ou d'impact culturel, je ne pense pas qu'il y a grand mal (à bloquer certaines transactions)."
Bien sûr, M. Audet a réitéré son opposition au projet de Bell Canada (TSX:BCE) d'acquérir Astral Media pour 3,4 milliards $.
"Nous jugeons contraire à l'intérêt des consommateurs, de l'industrie dans son ensemble et de notre entreprise la création d'un pareil géant capable de tirer sur toutes les ficelles à la fois et d'imposer sa loi", a-t-il déclaré.
Enfin, le pdg de Cogeco a joint sa voix à celle d'autres gens d'affaires pour dénoncer certaines mesures que veut mettre en place le nouveau gouvernement de Pauline Marois, plus particulièrement la hausse d'impôt rétroactive pour les contribuables gagnant plus de 130 000 $ par année.
"Quand il y a des mesures qui n'encouragent pas l'entreprise à créer la richesse et qui tentent de la redistribuer avant qu'elle n'ait été créée, c'est sûr qu'on est déçus, je ne peux pas dire le contraire, a-t-il affirmé. Je pense qu'il est encore temps de rectifier le tir."
L'action de Cogeco a clôturé à 36 $ mercredi, en hausse de 10 cents, à la Bourse de Toronto.