Pendant que les électeurs choisissent leur gouvernement provincial ce mardi, les acteurs économiques se préparent à plusieurs éventualités, selon qui sera élu lors du scrutin.
LesAffaires.com a consulté quatre organisations du Québec économique pour leur demander quelles seront leurs priorités, en fonction de quel parti formera le prochain gouvernement.
Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)
Pour la FCEI, le résultat de l’élection importe peu. « Les priorités de nos PME membres ne changent pas selon la couleur du parti, et cela va demeurer, peu importe qui sera élu, ou que le gouvernement soit majoritaire ou minoritaire », a insisté Martine Hébert, vice-présidente Québec de la FCEI. Chaque formation a pris des engagements, en fonction d’un cadre financier basé sur des hypothèses, mais dès mercredi, c’est le retour à la réalité. Le défi restera le même : équilibrer les finances publiques, et alléger le fardeau fiscal et règlementaire des PME. Quitte à ce que cela se traduise par une diminution des subventions ou autres coups de pouce financiers aux entreprises. « Donnez du lest aux entrepreneurs, au poumon économique du Québec, et ils vont en créer des emplois et de la richesse ».
Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ)
La gestion rigoureuse des finances publiques occupera le haut du pavé pour la CCIQ, que ce soit sous l’angle de la réduction de la dette, de l’équilibre budgétaire, de la taille de l’état ou du contrôle des dépenses. Selon une consultation menée sur Internet pendant la campagne, « c’est la priorité des priorités de 51 % de nos membres », a plaidé Alain Kirouac, président et chef de la direction de la CCIQ. Mais surtout, lors d’un débat où les candidats des trois principaux partis étaient présents (PLQ, PQ, CAQ), « les gens d’affaires sont restés sur leur faim. Sur le remboursement de la dette par exemple, aucun n’indiquait de vrai plan de match, alors que c’est ce à quoi nous nous attendions », a précisé M. Kirouac. « Cela crée une certaine crainte pour la communauté d’affaires dans le contexte mondial actuel, surtout si nous sommes la province canadienne la plus endettée ».
Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ)
Un rappel devra être fait quant à l’importance de l’industrie manufacturière au Québec, même si elle a connu des moments difficiles, insiste Simon Prévost, président de MEQ. « Ce n’était pas au centre de la politique industrielle pour aucun des partis, ça reste le parent pauvre », a-t-il rappelé.
Si un gouvernement péquiste entre au pouvoir demain, M. Prévost voudra leur faire comprendre qu’il va faire augmenter le fardeau fiscal des contribuables et des entreprises, et que cela nuira à l’emploi et à l’investissement. Il ciblera également son approche concernant le Plan nord.
Dans l’éventualité d’un gouvernement caquiste, le fardeau fiscal sera aussi ciblé, mais plus spécifiquement au sujet des entreprises. Il estime l’impact de certaines mesures à 250 M$. Par exemple, l’ajout de congés personnels pour les travailleurs représente une « mauvaise-bonne idée », juge M. Prévost. Le programme concernant les investissements au Québec de la Caisse de dépôt et placement du Québec sera aussi ciblé. « Ils veulent injecter plus d’argent au Québec, mais encore faut-il y trouver les occasions qui le justifient ».
Avec un gouvernement libéral, « il y aura moins à dire puisqu’on travaille avec eux depuis neuf ans, mais il faudra continuer le travail d’amélioration du climat d’affaires au Québec, insiste M. Prévost. Ils devront finir ce qu’ils ont commencé », notamment en offrant une politique industrielle plus intégrée avec le Plan nord. « Là, ça n’existe pas, le développement économique devra devenir une réalité plus que des mots ».
Chambre de commerce du Montréal Métropolitain (CCMM)
« Les entreprises veulent des engagements sur les infrastructures de transport de Montréal. Chaque grande ville a des problèmes, mais c’est pire à Montréal », martèle Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM. En gros, il ne faut pas de temps d’arrêt sur les projets déjà enclenchés, comme l’échangeur Turcot. Aussi, aucune remise en question n’est possible pour les engagements pris en transport en commun, peu importe lesquels. « Il faut les confirmer rapidement », que ce soit avec le métro, le train de banlieue ou les voies réservées.
Si les libéraux renouvellent leur mandat, il y aura peu de nouveau, concède M. Leblanc, mais ils devront continuer le Plan nord, de façon à ce que Montréal aussi en profite.
Avec un gouvernement caquiste, la CCMM voudra une prise de conscience sur l’importance que représente la Caisse de dépôt en matière d’épargne-retraite. Les investissements au Québec, s’ils sont augmentés, devront quand même être faits de façon judicieuse. « Ils voudraient investir dans tous les projets », avertit M. Leblanc. Quant aux services publics, il faudra s’assurer de les maintenir malgré les affrontements à prévoir avec les syndicats.
La CCMM voudra « sensibiliser très rapidement » un gouvernement péquiste sur les propositions fiscales avancées. « Taxer davantage les dividendes et le gain en capital ne favorise pas les entrepreneurs ».