Les Canadiens sauront le 22 mars s'ils se dirigeront aux urnes ce printemps, le ministre des Finances, Jim Flaherty, ayant confirmé mercredi qu'il déposera son budget dans trois semaines.
Et à en croire les propos tenus par le ministre, au moment d'en faire l'annonce, il semble que le pays devrait effectivement se préparer à un scrutin printanier.
Promettant toujours de renouer avec l'équilibre budgétaire à moyen terme, M. Flaherty a réitéré que son gouvernement n'entreprendrait pas de nouveaux programmes de dépenses.
Le plan sera néanmoins certainement déficitaire, comme l'étaient les deux précédents, mais M. Flaherty a indiqué que le déficit pourrait être "modestement moins élevé" que prévu. L'automne dernier, le ministre disait s'attendre à un manque à gagner d'environ 30 milliards $.
"Dans la prochaine phase du Plan d'action économique, le gouvernement ne fera pas de dépenses irresponsables. Ces dépenses risquent d'entraîner des hausses d'impôt, d'éliminer des emplois et de freiner la reprise économique", a affirmé le ministre, en répétant qu'Ottawa ne réduirait pas ses transferts aux provinces.
Mais questionné sur les demandes budgétaires des partis d'opposition, il a été catégorique: les exigences des libéraux et des bloquistes ne seront pas satisfaites.
Quant aux demandes du Nouveau Parti démocratique (NPD), le ministre Flaherty a laissé planer le doute.
En point de presse, mercredi midi, pour annoncer la date du dépôt du budget - qui pourrait entraîner la chute du gouvernement conservateur à moins qu'il n'obtienne l'appui d'au moins un parti d'opposition -, Jim Flaherty a critiqué la position de ses opposants libéraux et bloquistes, qui ont promis de s'opposer au plan budgétaire si leurs demandes ne sont pas honorées.
"Franchement, je trouve que c'est une insulte aux Canadiens, que c'est une insulte au Parlement. Je pense que la moindre chose à laquelle s'attendent les Canadiens de la part des parlementaires, des personnes qu'ils ont élus à la Chambre des communes, c'est qu'ils regardent les documents avant de décider s'ils vont voter oui ou non", a accusé le ministre Flaherty.
Le Parti libéral de Michael Ignatieff réclame entre autres l'annulation des réductions d'impôt pour les grandes entreprises. Mercredi, le ministre des Finances a certifié qu'il n'y aurait "rien" dans le budget sur le sujet.
Du côté du Bloc québécois, Gilles Duceppe tient mordicus à ce que le Québec obtienne une compensation de 2,2 milliards $ pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ, mais M. Flaherty a déjà indiqué que la demande ne serait pas accordée.
Le NPD a pour sa part formulé quatre demandes, soit l'amélioration du Régime de pensions du Canada, une hausse du supplément de revenu garanti, une réduction de la taxe fédérale sur le chauffage et le renouvellement des crédits d'impôt pour la rénovation domiciliaire. Mais le chef Jack Layton a refusé d'identifier une condition non-négociable à son appui au budget conservateur.
Le ministre des Finances a cependant rejeté l'idée de réduire la taxe sur le chauffage, arguant que, comme cinq provinces ont harmonisé leur taxe avec celle du fédéral, cela viendrait modifier leurs revenus et il faudrait discuter du dossier avec l'ensemble des provinces et territoires.
"Ce n'est pas simple. C'est comme faire un changement au Régime de pensions du Canada", a-t-il tranché, en écartant du coup une autre demande des néo-démocrates.
La sortie du ministre des Finances est ainsi venue augmenter la pression sur le leader néo-démocrate Jack Layton, qui aura le dernier mot quant au sort du gouvernement de Stephen Harper.
M. Flaherty a toutefois suggéré que son plan budgétaire puisse tenter d'améliorer le sort des aînés moins nantis au pays, un dossier cher au NPD, en affirmant que c'est le genre de "mesures importantes qui peuvent aider les gens qui en ont réellement besoin dans notre société".
La tendance qui se dégage des derniers sondages menés au pays indique que les troupes conservatrices profitent d'un appui plutôt stable au pays, le dernier coup de sonde, mené par Ipsos fin février, plaçant même les conservateurs en terrain majoritaire.