C'est par la voix du ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs que le gouvernement du Québec a répondu à TransCanada au sujet du Projet Oléoduc Énergie Est. Pourquoi le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles est-il absent de cette réponse ? Ce projet majeur d'investissement ne comporterait-il que des enjeux environnementaux ? Les aspects énergétiques et économiques seraient-ils négligeables ? Curieuse conception du développement durable !Selon le ministre David Heurtel, il appartient aux instigateurs du projet d'aller chercher l'acceptabilité sociale auprès des populations et des communautés. C'est un peu l'attitude que semble avoir adoptée le gouvernement du Québec, tous partis politiques confondus, au cours des 10 dernières années.
Le gouvernement doit défendre les intérêts supérieurs du Québec, dont ceux du développement économique. Le gouvernement a donc une responsabilité au chapitre de l'acceptabilité sociale, particulièrement dans un contexte où notre économie a un pressant besoin de stimulation.
Dans de multiples dossiers à caractère économique, les promoteurs sont les seuls à défendre non seulement le bien-fondé de leur projet spécifique, mais celui de la filière tout entière. Tous les projets miniers semblent actuellement enfermés dans cette forme d'antagonisme. Les opposants ne s'en prennent pas seulement à Mine Arnaud sur la Côte-Nord ou à celle de Royal Nickel en Abitibi-Témiscamingue, mais à l'ensemble de l'industrie.
Le gouvernement a, d'un point de vue économique, avantage à ce que ces projets se réalisent, parce qu'ils vont générer des retombées bénéfiques dans tout le Québec. L'intérêt supérieur du Québec doit conjuguer mais dépasser celui des intérêts locaux. Certes, le gouvernement n'a pas à prendre fait et cause en faveur du promoteur. Cependant, le gouvernement a la responsabilité d'accompagner les projets par un processus ordonné. Ainsi, le gouvernement s'assurerait de fournir des informations factuelles, scientifiques et économiques aux populations et communautés sur les enjeux associés à l'exploitation de ces ressources. C'est pourquoi le gouvernement doit apporter lui aussi sa contribution à l'acceptabilité sociale. Pour sa part, le promoteur doit entretenir avec les communautés un dialogue ouvert, réaliser des études crédibles d'impacts environnementaux, adopter les meilleures pratiques et chercher à limiter les inconvénients associés au projet.
Des consommateurs d'énergie
Ce besoin d'une participation du gouvernement à l'acceptabilité sociale est encore plus évident dans le dossier de l'énergie. Bien des voix s'élèvent pour s'opposer au passage de bateaux, de trains, de pipelines ou de lignes de transmission transportant du pétrole, du gaz ou de l'électricité. Mais nous sommes tous consommateurs d'énergie. Le gouvernement a donc la responsabilité de situer les projets qui font l'objet de débats relativement aux besoins énergétiques et économiques du Québec, tout en n'ignorant pas les impacts sur les collectivités.
C'est d'ailleurs ce qu'a fait le gouvernement dans le passé pour la plupart des projets hydroélectriques et éoliens. Le gouvernement a produit des données et des études qui ont apporté un éclairage important et alimenté les débats nationaux et locaux sur l'acceptabilité sociale. Nous souhaitons simplement qu'il s'implique de cette manière dans les autres projets de développement économique.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a annoncé récemment le lancement «d'un grand chantier sur l'acceptabilité sociale des projets liés à l'exploitation des ressources naturelles». Voilà une excellente occasion de confirmer la responsabilité partagée en cette matière.
Françoise Bertrand, pdg de la Fédération des chambres de commerce du Québec
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