Le Festival Mode & Design mise à fond sur l'alliance de la mode et du volet artistique pour prendre un nouvel élan à l'occasion de son édition 2014, qui a lieu jusqu'au 23 août à Montréal.
Installation au Quartier des spectacles, collaborations artistiques avec le Musée d'art contemporain et l'Orchestre symphonique de Montréal : voilà autant d'éléments qui résultent d'une réflexion stratégique effectuée depuis deux ans par les organisateurs de l'événement, le Groupe Sensation Mode (GSM). «Nous avons revu le plan d'affaires et sommes revenus à l'essence de notre vision première», affirme Chantal Durivage, coprésidente de GSM.
La force du Festival est d'allier les volets spectacle et mode. Son déménagement dans le Quartier des spectacles est donc un pas supplémentaire vers le décloisonnement de milieux qui tendent à fonctionner en vase clos, selon Jean-François Daviau, l'autre coprésident de GSM. «Cette arrivée au Quartier des spectacles est tout un symbole, toute une réussite», dit-il.
Le positionnement du Festival, qui a fusionné avec la Semaine de la mode, est en phase avec l'évolution d'une industrie dont la clientèle ne veut plus attendre six mois avant de porter les vêtements présentés lors d'un défilé.
«Avant, les maisons décidaient des tendances, et les distributeurs organisaient la mise en marché. Aujourd'hui, ce sont les consommateurs eux-mêmes qui dictent de plus en plus les tendances du marché, explique Mme Durivage.
«Il faut donc que les créateurs et les détaillants créent un dialogue avec le consommateur. Notre événement permet cette rencontre en réunissant tout le monde», ajoute-t-elle.
Clin d'oeil aux touristes
Le Festival Mode & Design mise également davantage sur le mélange entre marques locales et grandes enseignes, notamment pour plaire aux touristes à la recherche de saveurs locales. Les visiteurs peuvent ainsi acheter des habits, des objets et des bijoux d'ici dans l'une des 25 boutiques éphémères présentes sur le site.
GSM a également décidé de mieux exploiter les possibilités d'Internet, en travaillant sur une plateforme interactive et transactionnelle. «Elle va se nourrir du contenu généré par le festival, notamment des photos partagées par les internautes, précise Chantal Durivage. La plateforme se veut un hub qui va être comme le festival, mais à longueur d'année.» On espère que le site suscitera des achats en ligne.
Le regard de Garance Doré
Le choix de faire appel à Garance Doré dans le rôle de la commissaire du Festival illustre la nouvelle orientation prise par GSM.
Cette blogueuse de mode renommée, suivie par près de 300 000 personnes sur Twitter, a sélectionné les designers québécois dont le travail est présenté dans le volet Collections du festival. Cette partie de la programmation vise à séduire une clientèle plus recherchée, alors que les spectacles à l'extérieur sont davantage destinés à séduire le grand public. «Si l'avenir des créateurs passe par l'exportation, le regard extérieur de Garance Doré [une Française qui vit à New York] va beaucoup les aider», explique M. Daviau
Pour développer son festival, GSM a bénéficié de son nouveau conseil d'administration présidé par Jean-Pierre Desrosiers, associé chez Fasken Martineau. L'expertise des membres du conseil d'administration a aidé les organisateurs à devenir plus créatifs. «Ils nous ont apporté un vent de fraîcheur et le recul nécessaire pour pouvoir aller encore plus loin», souligne M. Daviau.
Près de 15 ans après leurs débuts, Chantal Durivage et Jean-François Daviau sont fiers de leur parcours et ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers. «Au début, on se faisait snober à vouloir faire de la mode dans la rue, raconte M. Daviau. L'émergence des réseaux sociaux et de la mode de rue nous montre qu'on avait vu juste. Mais on ne peut pas s'arrêter là, il faut continuer de croître.»
Les deux producteurs désirent exporter leur concept de festival à Toronto et rêvent aussi de Paris, là où leur événement suscite de la curiosité, disent-ils.
Près de 300 participants et 550 000 visiteurs sont attendus pour l'édition 2014 du Festival à Montréal. La programmation compte une cinquantaine de spectacles.