Accepteriez-vous de payer une part sociale de plus de 1 000 $ pour sauvegarder votre station de ski ? C'est ce qu'ont fait, en 2012, une soixantaine d'investisseurs dans Chaudière-Appalaches pour que la station Mont-Orignal ne ferme pas ses portes. La station de 300 mètres de dénivellation est ainsi devenue une coopérative de solidarité.
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«Faute d'avoir trouvé un acheteur, le propriétaire avait décidé de démanteler la station», souligne Marc Lacroix, chef des patrouilleurs. Ce dernier a réussi à mobiliser la population de la MRC des Etchemins afin de recueillir les 1,5 million de dollars nécessaires au rachat de la montagne et de ses équipements, dont l'unique remontée mécanique à six places au Québec.
En moins de 11 semaines, Marc Lacroix a convaincu des investisseurs d'acheter des parts valant de 1 000 à 25 000 $ sans qu'ils obtiennent pour autant un privilège quelconque en échange. «Ces investisseurs sont pour la plupart des propriétaires de commerces et de services dans la région. Ils se sont rendu compte qu'ils avaient gros à perdre avec la fermeture du Mont-Orignal. La station rapporte en moyenne de 2 à 3 M$ de retombées économiques dans la région par saison», soulève M. Lacroix. Une soixantaine d'employés ont acheté une part sociale de 50 $. La municipalité de Lac-Etchemin a, quant à elle, versé 400 000 $ pour racheter le chalet.
Depuis la mise en place de la coopérative, l'achalandage du Mont-Orignal a augmenté de 25 % en deux ans. «Nous avons mis en place des promotions pour attirer la clientèle de Lévis. L'effort collectif pour sauvegarder la station a également eu un effet attrayant au sein de notre communauté. Les entreprises de la région viennent faire leur party de Noël au chalet depuis deux ans», mentionne M. Lacroix.
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Mont-Orignal est devenue la troisième coopérative du Québec, après la station Valinouët, au Saguenay (1996) et celle du Mont Adstock, à Thetford Mines (1998). Ces trois stations s'ajoutent à la quarantaine d'OBNL et stations municipales de la province.
«Toutes ces stations ont déjà appartenu à des intérêts privés. Dans chacun des cas, le milieu a dû se mobiliser d'une façon ou d'une autre pour que leur station ne ferme pas ses portes», soulève Maxime Legros, qui représente l'ensemble des petites stations de ski québécoises au sein du conseil d'administration de l'Association des stations de ski du Québec. M. Legros est également directeur général de l'OBNL Mont-Vidéo, à Barraute, en Abitibi. Aujourd'hui, à peine un tiers des stations du Québec appartiennent encore à des intérêts privés (investisseurs ou familles), soit 28 sur 74 stations.
En plus de mobiliser la population, la coopérative procure d'autres bénéfices. «Les gens qui deviennent membres sont nos meilleurs ambassadeurs et de très bons bénévoles», explique Nicolas Bolduc, directeur général de Ski Mont Adstock, dans Chaudière-Appalaches.
La coopérative n'est pas une solution parfaite, concède tout de même Stéphane Leblond, directeur des communications du Valinouët, dans les monts Valin. «Bien que tous les membres se retrouvent sur un pied d'égalité, ça prend une certaine hiérarchie pour gérer la station», explique-t-il. Quoi qu'il en soit, ce modèle a sauvé la station de la faillite en 1995. «Aujourd'hui, près de 20 ans plus tard, le Valinouët n'a plus aucune dette», dit M. Leblond.
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