Le Groupe Jean Coutu (TSX:PJC.A) s'apprête à modifier le fonctionnement de ses succursales afin de s'adapter à l'entrée en vigueur de la loi qui élargira les pouvoirs des pharmaciens.
La loi 41 permettra aux pharmaciens de prolonger des prescriptions, d'adapter le dosage des médicaments et de commander des tests sur l'efficacité des traitements sans consulter les médecins traitants.
Ces changements, qui visent à contribuer au désengorgement des urgences des hôpitaux et des cliniques, pourraient accroître la charge de travail des pharmaciens.
"Il va falloir être plus efficaces", a commenté mardi le président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu, François J. Coutu, à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires, tenue au siège social de l'entreprise, à Longueuil.
"Les techniciens qui travaillent en laboratoire devront aider davantage les pharmaciens pour les rendre plus disponibles à la population", a-t-il ajouté.
Un renforcement de la formation des techniciens et des améliorations aux logiciels qui gèrent les dossiers pharmaceutiques des patients sont aussi à l'ordre du jour.
Reste une inconnue importante: la date d'entrée en vigueur de la loi 41. Sanctionnée en décembre, elle est toujours inapplicable parce que le règlement qui y est associé n'a pas été adopté.
Avant d'aller de l'avant, le gouvernement doit s'entendre avec les pharmaciens sur les honoraires qu'il leur versera pour les nouveaux actes prévus à la loi 41. Ces négociations s'ajouteront à celles portant sur la hausse des honoraires déjà existants, que les pharmaciens attendent depuis des mois.
M. Coutu a dit espérer que la nouvelle grille d'honoraires entre en vigueur le 1er janvier prochain, un objectif qui paraît fort ambitieux, surtout si des élections sont déclenchées le mois prochain.
C'est sans compter que les relations sont tendues entre les deux parties depuis que Québec a décrété plusieurs baisses du prix des médicaments génériques, l'an dernier.
Il convient toutefois de noter que Jean Coutu s'est plutôt bien tiré d'affaire malgré ce vent de face.
À son premier trimestre, qui a pris fin le 2 juin, le détaillant a enregistré un bénéfice avant éléments exceptionnels de 51,7 millions $ (24 cents par action), en hausse de 4,2 pour cent par rapport aux 49,6 millions $ (22 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.
Ces résultats sont conformes aux attentes des analystes financiers, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 24 cents, selon Thomson Reuters.
Les revenus se sont chiffrés à 681,5 millions $, en hausse de 3,2 pour cent.
Les ventes des pharmacies ouvertes depuis au moins un an ont augmenté de 3,4 pour cent. Celles de la section pharmaceutique ont crû de quatre pour cent alors que celles de la section commerciale ont progressé de 2,5 pour cent. L'introduction de nouveaux médicaments génériques et les réductions de prix de ces produits ont retranché en tout 2,2 pour cent à la croissance des ventes pharmaceutiques au premier trimestre.
Les profits nets se sont chiffrés à 397,4 millions $ (1,81 $ par action), comparativement à 49,9 millions $ (22 cents par action) l'an dernier.
La vente de 56 millions d'actions de la chaîne américaine Rite Aid a fait gonfler les chiffres: la transaction s'est traduite par un gain sur disposition de 82,8 millions $ et par un "gain non réalisé" de 265,2 millions $ en raison du "changement de méthode de comptabilisation entraîné par la perte d'influence notable" de Jean Coutu sur Rite Aid.
Au début juin, Jean Coutu détenait toujours 19,8 pour cent des actions de Rite Aid, un placement d'une valeur de 226,2 millions $. François Coutu et son frère Michel siègent toujours au conseil d'administration de l'entreprise. Jean Coutu avait obtenu une participation de plus de 30 pour cent dans Rite Aid lorsqu'elle avait vendu à cette dernière, en 2007, l'ensemble de ses activités américaines.
"À plus long terme, étant donné qu'on n'est plus présents dans les opérations (de Rite Aid), probablement qu'on ne sera plus présents dans cet investissement-là, a expliqué le chef de la direction financière de Jean Coutu, André Belzile. La question, c'est de déterminer le meilleur moment pour disposer des actions. On pense que de le faire par étapes, graduellement, c'est une stratégie qui nous permet d'optimiser la valeur."
Enfin, les ventes de Pro Doc, la filiale de fabrication de médicaments génériques de Jean Coutu, ont augmenté de 5,3 pour cent pour atteindre 37,8 millions $. La contribution de Pro Doc aux profits de Jean Coutu a quant à elle crû de 12,6 pour cent pour s'élever à 15,2 millions $.
Jean Coutu continue d'examiner les possibilités d'acquisitions au Québec et dans le reste du Canada, que ce soit dans le secteur des pharmacies ou dans des domaines connexes de la santé, mais les occasions d'affaires intéressantes se font rares pour l'instant.
L'entreprise privilégie donc le rachat d'actions pour disposer de ses liquidités.
L'action de Jean Coutu a clôturé à 14,77 $ mardi, en hausse de 0,1 pour cent, à la Bourse de Toronto. En un an, le titre a gagné 27 pour cent.