Airbus a tiré jeudi une nouvelle salve de commandes, portant son bilan du salon aéronautique de Farnborough à 16,9 milliards de dollars, pour contrer l'annonce attendue de l'achat de 100 Boeing 737 par la compagnie américaine United Airlines.
"Nous sommes satisfaits du bilan de ce salon aéronautique", a déclaré John Leahy, le directeur commercial d'Airbus, quelques minutes après l'annonce coup sur coup de quatre commandes.
Il a en outre promis d'autres contrats "peut-être dans quelques semaines".
Au total, les transactions ont porté sur 115 avions des familles moyen-courrier A320, long-courrier A330 et futur long-courrier A350, émanant en grande majorité de sociétés de location d'avions.
Et, sur les 16,9 milliards de dollars au prix catalogue, 11,1 milliards concernent des commandes fermes de 54 appareils.
Boeing devait dans l'après-midi annoncer, depuis Chicago, que la compagnie United Airlines lui achetait 100 moyen-courriers 737, avec une option pour 100 appareils supplémentaires.
Le contrat, attendu depuis plusieurs mois, a été emporté de haute lutte contre Airbus, reconnaît-on chez l'avionneur européen.
Les performances d'Airbus ont été un peu éclipsées par l'annonce d'un retard possible sur la livraison du futur long-courrier A350, et l'absence de commandes pour l'A380.
John Leahy compte vendre trente de ces super jumbos cette année mais n'a annoncé jusqu'à présent que quatre commandes.
"Le marché s'est un peu ralenti mais notre objectif reste inchangé et je pense que nous avons de bonnes chances de l'atteindre", a-t-il dit.
Le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, a martelé que le programme A350 devait avancer pas après pas, sans précipitation, et qu'il ne voulait pas renouveler les erreurs du passé, comme lors du développement de l'A380, qui a accusé plus de trois ans de retard.
Il a notamment expliqué qu'Airbus travaillait en étroite collaboration avec les sous-traitants. Il a en outre estimé que le programme était sous contrôle et les difficultés rencontrées "connues".
Mais, comme il l'avait déclaré lundi à l'AFP, il n'a pas exclu que la date de livraison à la fin du premier semestre 2014 soit dépassée.
"Nous n'allons pas dire que nous nous accrochons à l'échéance, a-t-il dit. Je n'excluerai jamais une légère adaptation du programme. Si nous devons l'adapter, nous le ferons savoir immédiatement".
Jeudi, une source de marché a expliqué à l'AFP que l'avionneur rencontrait des difficultés de perçage de la structure des ailes et que ce problème n'était pas résolu. Sa maison mère EADS pourrait même passer une provision dans ses comptes dès le deuxième trimestre, selon la même source.
Avant l'annonce à Chicago, siège de Boeing et de United, l'avionneur américain totalisait depuis le début du salon 75 commandes fermes pour son 737 MAX, qui sortira en 2017 deux ans après son rival l'A320 Neo, pour une valeur de 7,2 milliards de dollars au prix catalogue.
Il a également signé pour 13,4 milliards d'engagements d'achat de 120 737 MAX et 30 737.
L'avionneur américain commence ainsi à réduire l'écart avec l'A320neo qui, lancé avec une longueur d'avance, a recueilli 1.439 commandes fermes.
Mais toutes les spécificités du 737 MAX n'ont pas encore été arrêtées et les discussions pour répondre aux demandes des clients continuent, selon Jeff Knitell, directeur de l'activité de leasing de la société américaine CIT. Ce qui explique que le carnet de commandes de Boeing ne tourne pas encore à plein régime.