Un haut responsable de la société pétrolière BP a déclaré mardi, lors d'un témoignage en cour, que l'entreprise et les firmes partenaires partageaient la responsabilité de l'échec des mesures de prévention d'explosions comme celle qui a tué 11 travailleurs et déclenché la pire marée noire de l'histoire américaine, en 2010.
Lamar McKay, qui était président de BP America à l'époque du désastre de Deepwater Horizon, est le premier dirigeant de la pétrolière à témoigner dans le cadre d'un procès fédéral visant à identifier les causes de l'explosion du puits Macondo de BP et à établir la proportion de responsabilité des entreprises impliquées.
Le propriétaire de la plateforme, Transocéan, et Halliburton, responsable de la fabrication du ciment, sont eux aussi accusés dans le cadre de ce procès s'étant ouvert lundi.
Un avocat de la partie plaignante a pressé M. McKay d'admettre que BP était ultimement responsable de l'explosion, mais ce dernier a plutôt insisté sur le fait que la gestion des dangers du forage en haute mer était «un travail d'équipe».
M. McKay a également défendu l'enquête interne de l'entreprise sur la marée noire, qui a dégagé une série d'erreurs effectuées par les travailleurs de la plateforme, et de mauvaises décisions prises par d'autres entreprises, mais qui n'attribue aucun blâme à l'administration principale de BP.
Selon M. McKay, l'explosion de la plateforme et le déversement dans le golfe du Mexique était un «accident tragique» résultat d'un «risque qui a été identifié».
Il ne s'agit pas du premier témoignage sous serment de M. McKay à propos du déversement. Il s'était présenté devant le Congrès moins d'un mois après l'explosion mortelle de la plateforme.
Le juge de district Carl Barbier gère l'affaire sans jury. À moins d'une entente hors cours, ce magistrat décidera combien d'argent BP et d'autres compagnies devront verser pour leurs rôles dans le désastre.
Pas de mesures de gestion des risques
Le témoignage de M. McKay fait suite à celui d'un expert recruté par les gens et entreprises poursuivant BP. Le professeur d'ingénierie Robert Bea a indiqué que BP n'avait pas mis en place un programme de gestion des risques, vieux de deux ans, sur la plateforme qui a explosé dans le Golfe le 20 avril 2010. Environ 651 millions de litres de pétrole se sont déversés dans le Golfe au cours des trois mois qui ont suivi.
«Il s'agit d'un échec classique de gestion et de leadership au sein de BP», a déclaré M. Beau, un ancien consultant du géant pétrolier qui a également enquêté sur le déversement de l'Exxon Valdez, en 1989, et sur l'effondrement des digues de La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina, en 2005.
Les plaignants ont par ailleurs précisé que BP n'avait mis en place son nouveau programme de gestion des risques, supposément implanté depuis 2003, que sur une seule des sept plateformes que l'entreprise possédait ou louait dans le Golfe au moment de la catastrophe.
BP a déjà plaidé coupable à des accusations criminelles de meurtre non prémédité, et a accumulé des dépenses de plus de 24 milliards $ US en lien avec le déversement, y compris les coûts de nettoyage et la compensation monétaire pour les résidants et les entreprises, ainsi que 4 milliards $ US en amendes criminelles.
L'une des plus importantes questions auxquelles le juge Barbier devra répondre consiste à savoir si BP a fait preuve de grossière négligence.
En vertu du Clean Water Act, un pollueur peut être forcé de payer un minimum de 1100 $ US par baril de pétrole déversé; l'amende vient pratiquement quadrupler, à 4300 $ US le baril, pour les compagnies reconnues comme grossièrement négligentes, ce qui signifie que BP pourrait être obligée de casquer à hauteur de près de 18 milliards $ US.