La chaîne de quincailleries Rona (TSX:RON) a connu un dur début d'année qui l'a contrainte à donner un coup de frein à ses projets d'expansion.
À son premier trimestre, qui a pris fin le 27 mars, l'entreprise de Boucherville a essuyé une perte nette de 16,8 millions $ (13 cents par action), alors qu'elle avait dégagé des profits nets de 3 millions $ (deux cents par action) pendant la même période de 2010.
Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de trois cents.
Les investisseurs n'ont pas apprécié: l'action de Rona a plongé de 7,6 pour cent mardi pour clôturer à 12,25 $ à la Bourse de Toronto. Il faut remonter à 2009 pour retrouver un cours aussi bas.
Les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont chuté de 12,6 pour cent, ce qui a contribué à faire reculer les revenus totaux de Rona de quatre pour cent, à 918,2 millions $.
Le détaillant a imputé ces mauvais résultats aux conditions climatiques défavorables partout au Canada en mars, à la faible confiance des consommateurs et à la fin des programmes gouvernementaux favorisant la rénovation résidentielle.
"Ç'a été moins négatif que pour notre plus grand concurrent (Home Depot), ce qui signifie que lorsque l'industrie est en baisse, nous continuons de gagner des parts de marché", s'est consolé mardi le président et chef de la direction de Rona, Robert Dutton, à l'issue de l'assemblée des actionnaires de l'entreprise.
Malgré le caractère conjoncturel des résultats, Rona a annoncé la mise en place de mesures dans l'espoir de mettre fin au déclin.
Le détaillant réduira de 17 millions $ son budget consacré à la construction de nouveaux magasins et de 11 millions $ celui destiné à la maintenance de ses installations, tout en accroissant de 3 millions $ ses investissements en informatique.
Au final, les dépenses en immobilisation devraient atteindre 125 millions $ en 2011, alors que la somme de 150 millions $ était prévue jusqu'ici.
PLUS :
90 sec. avec Robert Dutton : «un jour, le consommateur devra rénover sa maison»
Analyse : Rona et Canadian Tire
Rona, une aubaine permanente ?
"On va diminuer le nombre de magasins qu'on croyait construire et laisser nos marchands faire le travail de construction de nouveaux magasins", a expliqué M. Dutton aux journalistes.
Déjà, l'entreprise a mis en veilleuse son concept de magasins de petite taille axés sur la peinture et la décoration, Studio par Rona. Contrairement
à ce qu'il prévoyait à la fin 2009, le détaillant n'en a ouvert aucun en 2010, de sorte que seules trois de ces boutiques sont actuellement en activité.
Cela fait plusieurs années que Rona vit des moments difficiles en raison de la récession et de la vive concurrence qui caractérise le secteur de la rénovation.
Malgré tout, Robert Dutton assure que la stratégie de l'entreprise est la bonne: recruter des marchands indépendants et accroître sa présence dans le segment des magasins destinés aux entrepreneurs, moins cyclique, afin de contrer les aléas du secteur du détail.
"Il faut qu'il y ait une reprise, mais la grande question, c'est de savoir quand elle aura lieu", a affirmé le pdg, en reconnaissant que "les années d'hyper-croissance du marché sont derrière nous".
L'analyste Brian Yarbrough, de la firme Edward Jones, a cependant estimé que le marché demeurera difficile pour l'avenir prévisible.
"Je ne vois rien qui indique que la situation va changer au cours des 12 à 18 prochains mois", a-t-il dit.
Rona se félicite d'avoir fait passer sa part du marché canadien de la rénovation de 17,5 à 19 pour cent en 2010 et espère atteindre 20 pour cent d'ici la fin de l'année.
Or, si elle continue de dominer au Québec, l'entreprise a du mal à percer au Canada anglais, plus particulièrement dans le secteur des très grandes surfaces. Rona compte 41 magasins de ce type à l'extérieur du Québec alors que Home Depot en possède pas moins de 157.
Rona espère être en mesure de tirer profit de la décision des conservateurs de reconduire, pour un an, le programme de subventions écoÉnergie Rénovation-Maisons, au coût de 400 millions $.
Pas question, toutefois, de se lancer dans un autre secteur d'activité, comme le fera Canadian Tire (TSX:CTC.A) avec l'acquisition du groupe de magasins de sports Forzani (TSX:FGL).
PLUS :
90 sec. avec Robert Dutton : «un jour, le consommateur devra rénover sa maison»
Analyse : Rona et Canadian Tire