Mises à pied de 1350 employés, fermeture d’une cinquantaine de magasins, fusion d’enseignes, renégociation de baux. Au cours des deux dernières années, Jacob avait pris les grands moyens pour éviter le pire. Mais ce ne fut pas suffisant. Le détaillant s’est placé à l’abri de ses créanciers, dont le plus important est la Banque Nationale.
L’entreprise privée familiale - fondée en 1976 par Joseph Basmaji à Sorel - observe qu’elle a été incapable de faire face à l’arrivée de nombreux joueurs étrangers. « Nous avons beaucoup de magasins dans les centres urbains. Cela a été positif, sauf que c’est en ville que la concurrence s’installe », explique en entrevue Cristelle Basmaji, porte-parole et fille du propriétaire.
La jeune femme soutient que la débandade de la chaîne de 189 boutiques n’est attribuable à aucune mauvaise décision. La chute des ventes (-16 % de janvier à octobre) et les problèmes financiers (perte de 16,3 M$ au cours de la même période) s’expliqueraient uniquement par la concurrence accrue et la situation économique. Des situations qui touchent tout le monde dans l’industrie, reconnaît Cristelle Basmaji, mais qui « nous ont très très affectées. »
Depuis le début de 2008, plusieurs efforts ont été faits pour redresser la situation. Les effectifs du siège social ont été réduits de 100 personnes. Dans les magasins, les coupes ont touché 1250 employés. La renégociation des baux a permis d’économiser annuellement 8,1 M$. Les Jacob Connexion, qui offraient des vêtements plus casual ont été transformés en Jacob, un processus qui s’est terminé en août dernier. Les deux enseignes sont qualifiées de « sous performantes » dans les documents préparés le syndic PricewaterhouseCoopers.
« Malgré les efforts de l’équipe de direction (…) l’entreprise a continué d’afficher de faibles ventes et une augmentation de ses pertes », rapporte le syndic.
De plus, entre 2008 et 2010, les documents de PricewaterhouseCoopers indiquent que l’actionnaire (présumément Joseph Basmaji) a avancé 65,8 M$ à Boutique Jacob en retour d’une garantie universelle sur les actifs de la société.
Optimisme
Jacob demeure néanmoins confiant de réussir sa restructuration. « On veut préserver un maximum d’employés », confie Cristelle Basmaji, précisant que le but n’était pas de trouver un acquéreur pour la chaîne de magasins. Il s’agit tout de même d’une des options envisagées, au même titre que la recherche de nouveaux actionnaires investisseurs.
« Nous sommes confiants que nous prendrons les bonnes décisions et que nous sortirons plus forts de tout ça. Nous sommes confiants d’être en affaires pour encore au moins 33 ans. »
« Mon père tient à Jacob, aux employés. C’est son 2e bébé. Il va tout faire pour sauver l’entreprise. »
Poursuite des opérations
Les magasins demeurent ouverts pendant la restructuration. Mais une liste des adresses les moins rentables est en train d’être établie. Cela permettra d’identifier les magasins qui pourraient fermer leurs portes.
Entre-temps, Jacob tentera de profiter de la période des fêtes, le moment de l’année le plus achalandé. « On va offrir des soldes, comme d’habitude, mais pas davantage, » précise la représentante du détaillant. C’est « business as usual ». D’ailleurs, une nouvelle collection est entrée dans les magasins la semaine dernière, précise-t-on.
« L’important, pour nous, est de continuer à opérer normalement. Nos fournisseurs nous appuient. Tout le monde veut notre continuation, et c’est ce qui nous aide. »
Depuis l’ouverture du premier Jacob, il s’agirait de sa première crise de liquidités.
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