Suite à la tuerie dans l’école du Connecticut, Barack Obama semble prêt à croiser le fer au sujet du contrôle des armes.
« Depuis que je suis président, c'est la quatrième fois que nous nous réunissons pour réconforter une communauté en deuil, déchirée par une fusillade. La quatrième fois que nous étreignons les survivants. La quatrième fois que nous consolons les familles des victimes. Et entre temps, il y a eu une interminable série de fusillades meurtrières à travers le pays, des rapports presque quotidiens de victimes,dont beaucoup d'enfants, dans les petites villes et les grandes villes à travers l'Amérique dont la seule faute des victimes, la plupart du temps, était d'être au mauvais endroit au mauvais moment », a expliqué le président américain, Barack Obama, dans son discours dimanche soir et retranscrit par The Wall Street Journal.
Une terrible vérité qui, après l'émotion, laisse aujourd'hui place au questionnement.
Car « chaque année aux États-Unis, on décompte 30 000 morts victimes d'armes à feu et près de 300 000 attaques en rapport avec des armes. Les violences liées aux armes nous coûtent près de 100 milliards de dollars par an. À titre de comparaison, la réglementation sur les jouets est plus stricte quecelle des armes à feu », soulignent Bill Moyers et Michael Winship, respectivement rédacteur en chef et rédacteur principal du programme hebdomadaire d'affaires publiques, Moyers & Company, diffusée sur la télévision publique.
Selon le journal britannique, The Guardian, en 2011 « quelque 300 millions d'armes circulent sur le territoire des États-Unis et un Américain sur quatre -la plupart des hommes- possède au moins une arme. Au cours des trente dernières années, le nombre d'États autorisant automatiquement le port d'arme dissimulé pour les individus se soumettant au contrôle de leur casier judiciaire est passé de 8 à 38.
Le président américain a affirmé hier que dans les prochaines semaines, il allait utiliser « tout le pouvoir que détient ce bureau pour engager mes concitoyens - depuis l'application de la loi aux professionnels de la santé mentale, aux parents et aux éducateurs - dans un effort visant à prévenir d'autres tragédies de ce genre. Car quel choix avons-nous? Nous ne pouvons accepter de tels événements comme une routine. »
Un chœur de sénateurs démocrates, y compris Dianne Feinstein, Richard Blumenthal et Richard Durbin ont ajouté leurs voix à celle du maire de New York Michael Bloomberg en appel dimanche pour une action rapide sur le contrôle des armes à feu, tandis que les Républicains et la National Rifle Association (NRA) sont restés silencieux dans le sillage de la tragédie, rapporte The Globe and Mail.
Se dresser contre la NRA n'est pas chose facile
Cette association défend une interprétation non restrictive du deuxième amendement de la Constitution des États-Unis et surtout promeut le libre commerce des armes à feu, l'entraînement à la survie, aux compétences de tirs, et aux sports de tirs. Elle comptait en 2009 environ 4 millions de membres.
D'autant qu'après une fusillade, les ventes d'armes explosent. « Quelques jours après la tuerie en Arizona l'année dernière, les armuriers constataient un doublement de leurs ventes de Glock 9 mm semi-automatique, l'arme utilisée dans la fusillade », révèlent Bill Moyers et Michael Winship.
Autre exemple, les ventes d'armes et de services militaires par les principales entreprises productrices d'armement-le Top 100 du SIPRI-ont continué d'augmenter en 2010, atteignant 411,1 milliards de dollars, selon de nouvelles données sur la production d'armes internationales, publiées le 27 février dernier, par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
« Une fois de plus, les firmes d'armement et les sociétés prestataires de services militaires de l'Amérique du Nord et d'Europe de l'Ouest sont arrivées en tête de la liste (qui ne comprend pas les entreprises basées en Chine). Les ventes réalisées par les 44 sociétés américaines ont représenté plus de 60% de toutes les ventes d'armes du Top 100 des firmes d'armement en 2010 », précise le rapport.
Même si ce dernier englobe les ventes de services militaires, cela donne tout de même une idée du poids économique de l'industrie des armes américaine.