La France est sur le mode de la séduction. Durant la semaine du 21 septembre, sur tous les continents, les représentants de la République emploieront les grands moyens pour convaincre les entreprises étrangères d'investir en France.
À Montréal, c'est le 22 septembre que l'ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, vantera les avantages du marché français à des entreprises québécoises. «Nous avons constaté un déséquilibre entre les entreprises françaises qui investissent au Canada et les canadiennes qui investissent en France», dit Stéphane Schorderet, porte-parole de l'ambassade de France à Ottawa.
Autrement dit, le Canada n'investit pas assez en France, aux yeux des Français.
En 2014, les investissements canadiens en France totalisaient 6,2 milliards de dollars, selon Statistique Canada. Or, ceux de la France au Canada s'élevaient à 11,4 G$. Malgré tout, après le Royaume-Uni, la France est la deuxième destination des investissements canadiens en Europe, selon Business France, une société d'État française qui aide les entreprises étrangères à s'implanter sur le marché français.
L'an dernier, 29 entreprises canadiennes ont investi ou réinvesti en France - dont la moitié provenait du Québec -, comme Lallemand (production et commercialisation des levures et des ferments lactiques), Sirona Biochem (conception de cosmétiques pour les soins de la peau) et Linamar (usinage de pièces en fonte de précision pour moteurs).
Investissements étrangers en croissance
La campagne de séduction mondiale de la France - qui est une première de cette envergure - survient au moment où les investisseurs étrangers semblent investir davantage dans l'Hexagone. L'an dernier, 608 entreprises étrangères ont annoncé publiquement leurs décisions d'investir en France, soit une hausse de 18 % par rapport à 2013, selon la firme EY.
Il s'agit de la plus forte croissance observée en Europe en 2014, devant le Royaume-Uni (+ 11 %) et l'Allemagne (+ 9 %).
«Pour la France, une croissance de 18 % est la deuxième performance [en importance] depuis 10 ans», souligne Patrick Imbert, directeur de Business France au Canada.
Toutefois, en ce qui a trait au nombre de décisions d'investissement, la France arrive au troisième rang après le Royaume-Uni (887) et l'Allemagne (763).
Selon Patrick Imbert, la hausse de 18% du nombre des décisions d'investir en France en 2014 tient à trois facteurs.
D'abord, la France est un pays d'innovation, où la productivité par heure travaillée est très élevée, à 64 $ US/h en 2014, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). C'est plus qu'en Allemagne (63,50 $ US/h) et qu'au Canada (50,60 $ US/h), mais moins qu'aux États-Unis (67,40 $ US/h).
Ensuite, les réformes économiques mises en place par le gouvernement français - des socialistes - depuis trois ans commencent à donner des résultats, selon Patrick Imbert.
De 2013 à 2017, la réforme sur la compétitivité de la France devrait réduire de 40 milliards d'euros (60 G$) les coûts de l'ensemble des entreprises en affaires dans le pays (taxation du travail et fiscalité des sociétés).
Enfin, la France dispose d'infrastructures de qualité, des ports aux autoroutes en passant par son réseau ferroviaire. Le pays est aussi une plateforme intéressante pour exporter ailleurs en Europe et en Afrique. En 2015, la croissance du PIB en France devrait toutefois se limiter à 1,1 %, par rapport à 1,4 % dans la zone euro, selon l'Economist Intelligence Unit.