L'activité du secteur privé dans la zone euro a, contre toute attente, enregistré en septembre sa plus forte contraction en plus de trois ans, une indication supplémentaire que la région risque de retomber en récession malgré l'accalmie constatée sur les marchés financiers.
«Tandis que nous espérions un regain de confiance des entreprises après l'annonce d'une intervention de la Banque centrale européenne (BCE) destinée à alléger la crise de la dette, c'est un renforcement du pessimisme que l'on observe au cours de la dernière période d'enquête», dit Chris Williamson, chef économiste chez Markit, le cabinet qui publie l'indice PMI.
L'indice PMI composite s'est inscrit à 45,9 en septembre contre 46,3 points en août, selon une première estimation publiée jeudi. Il s'agit de sa plus forte contraction depuis juin 2009. Les analystes s'attendaient à un ralentissement de la contraction de l'activité et tablaient sur un PMI à 46,6 points.
Lorsque le PMI dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se contracte s'il est inférieur à ce seuil.
«La région semble donc replonger dans une récession technique, comme l'indique l'indice PMI qui affiche un niveau conforme à une baisse trimestrielle du PIB de 0,6%», affirme le chef économiste chez Markit.
Une période de récession se définit par deux trimestres consécutifs où le PIB se replie. La zone euro l'a jusqu'ici évitée de justesse car elle avait vu son activité stagner au premier trimestre et reculer au deuxième trimestre.
L'indice PMI «est une preuve supplémentaire que le nouveau programme de rachat de dette de la BCE n'est pas la solution à tous les problèmes de la zone euro», estime Ben May, analyste pour Capital Economics.
Fort ralentissement en France, page 2
«Nous pouvons seulement espérer que l'amélioration sur les marchés financiers après les annonces faites par les banques centrales va s'étendre à l'économie réelle (...)», souligne pour sa part Martin Van Vliet, de la banque ING.
Malgré tout, il estime que l'économie de la région aura besoin de mesures supplémentaires comme une nouvelle baisse du taux directeur de la BCE pour "renouer avec une croissance durable et assurer la survie de l'euro".
Les données de Markit sont d'autant plus décevantes que cette forte contraction intervient alors même le PMI s'est nettement amélioré en septembre en Allemagne, même s'il reste encore en phase de contraction. Il s'est établi à 49,7 points contre 47 le mois précédent.
La contraction de l'activité s'est en revanche fortement accélérée en France --avec un indice à 44,1 points-- et s'est aggravée dans les pays de la périphérie, soit les plus fragiles au sein de la zone euro.
Dans le détail, le PMI manufacturier est légèrement remonté en septembre à 46 points (contre 45,1 points), mais il s'est dégradé dans le secteur des services, affichant son plus fort repli depuis juillet 2009 (PMI à 46 contre 47,2 en août).