ANALYSE – Après le Made in China, nous pourrions bien voir un jour le label Made in Africa sur les produits que nous consommons en Amérique du Nord, alors que le continent africain veut développer son économie pour faire de la deuxième et de la troisième transformation.
«Nous voulons devenir un pôle de production et pas seulement un pôle de consommation», a déclaré vendredi le président de l’Union africaine, Thomas Boni Yayi, lors d’une tribune organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Bref, l’Afrique ne veut pas seulement être un marché où les entreprises étrangères viennent vendre leurs biens et services.
Thomas Boni Yayi, qui est aussi président du Bénin, un pays d’Afrique de l’Ouest, souhaite que le continent africain transforme aussi sur place les ressources naturelles et fabrique des produits manufacturiers, des biens de consommation, sans parler des services. «Nous voulons créer de la richesse!», a-t-il dit.
Comme en Asie, les faibles coûts de production incitent de plus en plus d'entreprises à s'établir en Afrique, un continent qui connaît un important boom démographique. D’ici 2050, sa population doublera pour atteindre deux milliards d’habitants !
«La population sera alors composée à 60% de gens qui auront moins de 30 ans», a précisé l’homme d’État, qui est un docteur en économie.
Même si le continent africain demeure très pauvre, il abrite ce que les consultants de la firme PwC nomment la classe moyenne émergente.
Il s’agit de consommateurs – surtout basés en Afrique subsaharienne, en Chine et en Inde – qui sont sur le point d’accéder à la véritable classe moyenne. Actuellement, cette classe moyenne émergente compte plus de deux milliards de personnes dans les économies émergentes.
Le continent africain est rarement sur l’écran radar des exportateurs et des investisseurs canadiens, qui n’ont souvent d’yeux que pour les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Pourtant, l’Afrique est un vaste continent où plusieurs pays connaissent une forte croissance économique, notamment en Afrique subsaharienne.
Cette année, cette région du monde enregistrera d’ailleurs la plus forte croissance économique après l’Asie (sans le Japon), selon les prévisions de l’Economist Intelligence Unit. De plus, trois pays de l’Afrique noire figurent dans le top 10 des pays qui afficheront la plus forte croissance économique dans le monde en 2013, soit le Mozambique (8,2%), le Rwanda (7,8%) et le Ghana (7,6%).
Malgré les guerres et l’instabilité politique dans certains pays, comme le Mali et le Congo, l’Afrique est donc un marché qui représente plusieurs occasions d’affaires pour les entreprises et les investisseurs canadiens, a fait valoir Thomas Boni Yayi.
De passage à Ottawa plutôt cette semaine, le président Boni Yayi et le premier ministre Stephen Harper ont d’ailleurs signé un accord sur la promotion et la protection des investissements entre le Canada et le Bénin.
Comme la Chine, l’Afrique a besoin des investissements étrangers pour se développer, construire des infrastructures et bâtir des usines. Les multinationales investissent déjà beaucoup dans la région. En 2014, les investissements étrangers en Afrique pourraient s’établir dans une fourchette oscillant de 75 à 100 milliards de dollars américains, selon l’ONU.