Le portefeuille de beaucoup d'investisseurs est un véritable fouillis. Pourquoi détenir 50, 60, voire 100 différents placements?
Bien sûr, quand il s'agit des problèmes que peut rencontrer un investisseur, une diversification excessive n'est pas le pire des péchés. Posséder trop d'avoirs ne va pas causer autant de dégâts que ne pas économiser suffisamment, trop payer ou faire la chasse aux rendements. Toutefois, le désordre dans un portefeuille peut en rendre la supervision par un investisseur encore plus difficile. Il peut être laborieux de se rappeler les données fondamentales d'autant de placements, surtout ci ceux-ci comprennent des actions ou des fonds communs activement gérés. L'investisseur qui possède trop de placements peut avoir des difficultés à déterminer sa répartition d'actifs ou à savoir quand et comment rééquilibrer son portefeuille. Avoir trop d'actions et de fonds peut aussi multiplier les ennuis des héritiers d'un investisseur.
L'étalement d'un portefeuille peut aussi avoir des répercussions négatives sur le rendement. Si un investisseur amasse beaucoup d'avoirs, notamment de multiples fonds diversifiés d'obligations et d'actions, son rendement au sein de chaque catégorie d'actifs peut très vite émuler l'indice. Mais si ce même investisseur paie des frais de gestion active, des frais d'acquisition ou une combinaison des deux, il se peut très bien que le portefeuille se sous-classe par rapport à un portefeuille à long terme consistant en simples fonds indiciels aux coûts extrêmement bas.
Pour les investisseurs qui ont le dégraissage de leur portefeuille sur la liste de leurs résolutions de cette année, voici plusieurs choses à faire et à ne pas faire.
À faire : Prendre le meilleur et laisser le reste
Détenir des actifs dans divers paniers -- REER, régimes de pension d'entreprise et comptes imposables -- est pratiquement inévitable pour la plupart des investisseurs, ce qui multiplie le potentiel d'étalement de leur portefeuille. Et ce problème peut être multiplié par deux si on fait partie d'un couple, où les deux conjoints détiennent plusieurs comptes différents. De nombreux investisseurs gèrent chacun de ces sous-portefeuilles comme des portefeuilles diversifiés à part entière, ce qui nécessite une participation aux actions canadiennes et étrangères ainsi qu'aux obligations.
Toutefois, on peut réduire le nombre d'avoirs dans son portefeuille et s'assurer que chacun d'entre eux est le meilleur de sa catégorie en concevant tous ses comptes de retraite comme un tout unifié. La raison en est que c'est la répartition d'actifs du portefeuille dans son ensemble qui compte, et pas les affectations qui constituent les portefeuilles sous-jacents. Par exemple, si votre régime de pension d'entreprise a d'extraordinaires fonds indiciels d'actions mais manque d'options obligataires solides, vous pouvez faire le plein d'actions dans votre régime de pension et rétablir l'équilibre en détenant plus d'obligations dans votre REER. Les usagers de Morningstar.ca peuvent utiliser l'outil « Combiner » dans le menu déroulant sous « Créer » dans le Gestionnaire de portefeuille, pour voir la répartition d'actifs totale de leur portefeuille, même s'ils ont classé leurs sous-portefeuilles de manière séparée.
À ne pas faire : Aller trop loin dans la consolidation
Si les investisseurs en phase d'accumulation peuvent se permettre un dégraissage comme je viens de le décrire, la diversification au sein de chaque compte prend de la valeur au fur et à mesure que la retraite approche. Parce que lors de votre retraite vous voulez garder la souplesse de retirer des actifs de chacun de vos comptes, qu'il soit enregistré ou imposable, il se peut que vous ayez de bonnes raisons de détenir autant des actifs liquides que non liquides dans chacun de vos comptes. De cette façon, vous pouvez avoir la souplesse de choisir desquels vous pourrez retirer de l'argent au cours d'une année donnée pendant la retraite. Lors d'une année à imposition élevée, par exemple, si vous avez besoin de plus d'argent que ce que vous procure le retrait obligatoire d'un FERR, vous pourriez vouloir faire un retrait de votre compte non enregistré et ne payer des impôts que sur les gains en capital au lieu de payer l'impôt sur le montant total retiré de votre FERR.
À faire : Utiliser la Cote des analystes Morningstar pour faire un premier tri
Si vous avez de multiples avoirs jouant le même rôle au sein de votre portefeuille et que vous envisagez de faire des coupures, il vaut la peine de se livrer à une comparaison directe. Une des façons les plus rapides de le faire est par la Cote des analystes Morningstar, soit la Cote étoile pour les actions et le système de médailles pour les fonds. Ces cotes sont destinées à fournir une évaluation prospective des perspectives d'un titre. Bien entendu, vous pouvez avoir de bonnes raisons de vous accrocher à des titres qui n'ont pas la cote; par exemple, cette action cotée 2 étoiles que vous détenez dans votre compte imposable peut avoir un coût de base très faible, ou votre fonds à petite capitalisation coté Neutre peut être la seule option à petite capitalisation de votre régime de retraite. Toutefois, les cotes fournissent un point de départ sensé dans ce processus.
À ne pas faire : Se focaliser exclusivement sur les rendements passés
Si vous trouvez des avoirs qui font double emploi et que vous comparez leur valeur, prenez garde de ne pas trop vous focaliser sur les rendements passés. Malgré la volatilité récente, le marché a récompensé la prise de risque depuis qu'il a commencé à se rétablir au début de 2009. S'ils attachent une importance exagérée à des placements dont les rendements respirent le bonheur, surtout sur les périodes de trois et cinq ans qui viennent de s'écouler, les investisseurs peuvent involontairement faire pencher leurs portefeuilles vers des placements à risque et volatilité plus élevés.
Pour éviter ce piège, assurez-vous que vos recherches incluent une évaluation du profil de risque de chaque placement. Observer les rendements de 2008 est un bon point de départ; vous pouvez aussi jeter un œil sur les ratios de capture à la hausse et à la baisse des fonds pour voir exactement à quel oiseau vous avez affaire. Les rapports d'analystes Morningstar ont aussi pour objectif d'aborder les risques dont s'accompagne potentiellement chaque placement. Et si vous cherchez le point de données qui a le plus grand pouvoir prévisionnel pour les rendements d'un fonds commun, le ratio des frais de gestion est la meilleure façon de vous procurer un ascendant. Vous ne pouvez pas vous tromper beaucoup si vous concentrez vos avoirs sur les placements les moins chers de votre éventail de choix.
À faire : Employer des fonds indiciels et des FNB diversifiés
Les fonds indiciels et les fonds négociés en bourse diversifiés peuvent être un excellent point de départ (et d'arrivée) pour les investisseurs qui aspirent à un dégraissage. Un seul fonds du marché boursier total, par exemple, participe dans une mesure ou dans une autre aux sociétés à petite et à grande capitalisation et aux actions axées sur la valeur et sur la croissance. Un fonds indiciel général d'obligations ne sera pas aussi exhaustif (il ne comprendra pas d'obligations de pacotille, par exemple), mais il fournira une participation représentative au marché obligataire de qualité supérieure. Par conséquent, il pourrait bien servir d'avoir obligataire unique pour les investisseurs qui en sont encore à une phase d'accumulation. Même si vous détenez aussi des fonds activement gérés, en ancrant votre portefeuille avec des fonds indiciels, vous pourrez éviter de détenir trop d'avoirs et faire baisser le coût moyen de votre portefeuille.
À ne pas faire : Détenir des actions individuelles qui ne vous branchent pas outre mesure
De nombreux investisseurs utilisent des fonds communs ou des fonds négociés en bourse pour le gros de leur portefeuille, tout en conservant une plus petite corbeille d'actions sur le côté. Si tel est votre cas, réfléchissez sur votre comportement et vos résultats passés comme investisseur dans les actions. Si, en règle générale, vous tendez à faire des recherches sur les sociétés que vous choisissez et que cette partie de votre portefeuille en a tiré d'excellents rendements, cela pourrait justifier que vous fassiez des actions individuelles une partie encore plus grande de votre portefeuille qu'actuellement. Mais si vous avez rassemblé un portefeuille d'actions au hasard et que vous n'avez assuré aucun suivi, c'est le moment de vous demander ce que ces petites positions font vraiment pour vous. Si votre position totale est assez petite, cela ne fait qu'encombrer votre portefeuille encore davantage, sans avoir le potentiel de changer fondamentalement vos gains, en bien ou en mal.