Les parents soucieux de préserver « l'assurabilité » de leur enfant et qui veulent, du même coup, prévoir un coussin pour payer ses frais funéraires si leur enfant rendait l'âme peuvent avoir avantage à souscrire à une assurance vie pour leur enfant. À condition, d'être d'abord convenablement assurés.
Avant de commencer à parler d'assurance pour un enfant, le conseiller doit d'abord avoir couvert plusieurs autres besoins de sa famille. « On regarde avant tout l'impact si le gagne-pain de cette famille disparaît à cause d'une maladie, d'un accident d'une invalidité ou un décès prématuré. Puis, on regarde s'il y a un conjoint à assurer et s'il y a une hypothèque à couvrir avec de l'assurance temporaire. Après, on parle un peu du régime enregistré d'épargne-retraite, pour profiter de la fiscalité. Rendu aux enfants, on peut regarder le régime enregistré d'épargne-études, qui offre du financement du gouvernement, avant de commencer à regarder l'assurance des enfants », estime Kaddis Sidaros, assureur vie agréé et planificateur financier.
Pour assurer la vie d'un enfant, le conseiller peut offrir différents produits, selon le profil du client. « Quand le client est discipliné et qu'il peut toujours payer un supplément, une police universelle est intéressante. Il peut y avoir un élément d'investissement. Quand le client n'est pas très discipliné, la police vie entière est intéressante. Il n'y a pas de fluctuation en fonction des marchés. Tout est garanti : le montant assuré, la prime et la période de paiement des primes », indique Kaddis Sidaros.
L'avenant qui fait l'unanimité chez les conseillers interrogés est sans aucun doute celui de la « garantie d'assurabilité ». « Par exemple, si j'assure mon enfant pour 100 000 $ et que je prends l'avenant de la garantie d'assurabilité, entre l'âge de 21 ans et 49 ans, la compagnie d'assurance va envoyer un avis tous les trois ans disant que, pour tant de dollars de plus par année, votre enfant peut augmenter l'assurance vie de 50 000 $ sans preuve de bonne santé », illustre Hervé Webanck, conseiller en sécurité financière et vice-président, ventes et développement des affaires chez Assurance Banque Nationale.
Les trois conseillers recommandent également l'avenant de l'exonération des primes en cas de décès ou d'invalidité de celui qui paye la police. « Quand les gens tombent invalides, même s'ils ont une bonne assurance salaire, ils n'ont jamais 100 % de leur salaire. Malheureusement, les gens ont tendance à annuler leur police quand financièrement ça ne va pas, même si ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire », observe Hervé Webanck.
L'avenant selon lequel le client paye l'entièreté des primes en 10, 15 ou 20 paiements peut également être avantageux. Au bout de 10, 15 ou 20 ans, la police sera totalement payée. Le parent pourra ainsi transférer la propriété de la police à son enfant, lorsqu'il aura 21 ans par exemple, afin de lui offrir en cadeau. « Pour les assurances vie à 10 paiements, la prime est élevée. On peut alors défoncer le budget des parents. Comme on ne veut pas réduire l'assurance vie des parents, on va augmenter le nombre de paiements pour l'assurance de l'enfant », admet Hervé Webanck.
Même s'il est préférable d'assurer un enfant lorsqu'il est en santé, l'âge idéal n'est pas nécessairement le même pour tous. « Dans bien des cas, je dis à la naissance. C'est toujours bon de le faire dès le départ. La santé, on l'a un jour et le lendemain, on peut la perdre », dit Yves Charbonneau, planificateur financier et conseiller en sécurité financière chez Conseils financiers Yvanjay, un distributeur autorisé par l'Industrielle Alliance.
Assurer à la naissance est toutefois plus onéreux, compare Hervé Webanck. « Une assurance coûte plus cher pour un enfant entre 0 et 1 an que lorsqu'il a un an et plus. Il y a plus de mortalité avant l'âge d'un an », observe-t-il.
Pour les enfants ayant déjà eu des problèmes de santé à la naissance, il peut être judicieux d'attendre. « Si un enfant de deux ou trois mois a eu un souffle au cœur à la naissance, mais que maintenant tout va bien, j'aurais tendance à attendre après un an. Il y a des chances que la compagnie d'assurance refuse l'enfant. Je préfère dire : "On va attendre et je vous rappelle dans un an." C'est une approche que les gens aiment, parce que, s'il y a une chose que les parents n'aiment pas, c'est d'apprendre que leur enfant n'est pas assurable. C'est très dur à prendre », relate-t-il.
Gérer les émotions
Assurer la vie d'un enfant est un geste émotif et, parfois, les parents peuvent se montrer retissant à le faire. « Parfois les parents vont se retirer de la conversation. La façon de leur en parler est de leur demander : "Vous, en tant que parent, si vous décédez, qu'est-ce que vous voulez? Et si par malheur, ça arrivait à un de vos enfants, est-ce que vous voulez la même chose?" », suggère Hervé Webanck.
« Certains parents se disent : "Si mon enfant meurt, je ne veux pas faire de l'argent avec ça." Si le parent prend ça comme un cadeau qu'il fait à son enfant, il se voit comme visionnaire. Il l'achète pour son enfant pour que, lorsqu'il sera adulte, marié et avec des enfants, il aille une assurance vie payée ou avec une prime ridicule. Je pense que ça se vend de cette façon », propose Kaddis Sidaros.
Évidemment, le conseiller peut faire valoir les coûts élevés d'un décès d'un enfant. « Si l'enfant décède, il va y avoir des coûts. Par exemple, ma cousine, son enfant est mort dans un accident (de la route) à Ottawa. Le fait de transporter le corps ici et tout le tralala, on était rendu avec une facture dans les 40 000 $ », fait valoir Kaddis Sidaros.
« Lors du décès d'un enfant, les gens sont extrêmement émotifs. Il n'y a pas de prix. Souvent, les dépenses liées au décès sont élevées. Le deuil d'un enfant, pour un parent, c'est la plus grande difficulté. Quand on vend une assurance de 5000 $ ou 10 000 $, les chances que les budgets sautent sont énormes », soutient Hervé Webanck.
Si les clients sont encore allergiques à l'idée de « faire de l'argent avec la mort d'un enfant », Kaddis Sidaros leur suggère de désigner un organisme de charité ou un organisme religieux comme le bénéficiaire de la police.
Pour les parents au budget restreint, certaines polices d'assurance vie du parent offrent un avenant familial qui couvre 5000 $ par enfant et 10 000 $ pour le conjoint. « C'est un avenant dans lequel il va avoir une date d'expiration. Quand l'enfant aura 21 ans, il doit soit laisser tomber l'avenant, soit convertir les 5000 $ dans une police personnelle. C'est très intéressant parce que l'avenant ne prend pas compte du nombre d'enfants et il assure l'enfant qui n'est pas encore né. Quand l'enfant a 14 jours, il est automatiquement assuré », détaille Kaddis Sidaros.