Environ 200 communautés ethniques se côtoient au Québec, et plus d’un Québécois sur 10 est un immigrant. Conscientes du potentiel de clientèle que cela représente, les banques ont à cœur de s’adapter à la diversité croissante de la population.
Sites internet disponibles en plusieurs langues, tarifs spéciaux pour transférer des fonds à l’étranger, assistance téléphonique pour traduire en direct une conversation entre un caissier et un client en 200 langues différentes, cartes-cadeaux Visa et cartes de souhaits en ligne aux couleurs du Nouvel an chinois… Les banques offrent désormais une panoplie de services et de produits pour attirer les personnes issues des communautés culturelles.
Viser les nouveaux arrivants
Parmi elles figurent de nombreux nouveaux arrivants que les banques tiennent à guider dans leurs premiers pas sur le sol québécois. Cet accompagnement passe notamment par un forfait comprenant des transactions illimitées gratuites la première année chez Desjardins ou encore par l’octroi de prêts auto sans antécédents de solvabilité chez TD.
Les institutions financières s’attardent particulièrement à informer les nouveaux arrivants sur le fonctionnement du système financier canadien en distribuant de la documentation et en organisant des conférences gratuites. Ces rencontres permettent aussi d’écouter les communautés culturelles et de mieux cerner leurs attentes.
Des partenariats ont été établis avec des banques étrangères pour permettre aux nouveaux arrivants d’ouvrir un compte avant même leur arrivée au Québec ou pour faciliter les transferts d’argent avec les proches restés au pays. « Nous avons signé des accords avec une banque française et deux institutions marocaines, explique Pierre-Franck Honorin, directeur Nouveaux arrivants et Communautés culturelles au sein du Mouvement Desjardins. Et nous avons ouvert un bureau à Paris. » Quant à la RBC Banque royale, elle a opté pour une présence en Asie en créant un bureau à Beijing.
Des équipes à l’image des clients
Autre moyen pour les banques de s’adapter à la diversité de leur clientèle : embaucher des employés eux-mêmes issus de communautés culturelles. « Ils représentent 16 % de notre personnel, indique Mo Belleus, directeur d’une succursale du Groupe Banque TD à Montréal. Nous cherchons à recruter les meilleurs talents disponibles, mais nous voulons que nos succursales ressemblent aux quartiers dans lesquels elles se trouvent. »
Et à l’interne, 300 sous-comités oeuvrent à valoriser cette diversité en participant notamment à des événements. « Depuis cinq ans, un cocktail est organisé en février, lors du Mois de l’histoire des Noirs, auquel jusqu’à 400 personnes prennent part à Montréal », précise M. Belleus, qui a lui même présidé le sous-comité de la communauté noire. Idem à la RBC Banque royale, où les employés s’impliquent lors des fêtes marquantes des différentes communautés. « Le lien que nous entretenons avec elles n’est pas seulement d’affaires, il est aussi social et humain », souligne Danielle Coutlée, directrice Stratégies des ventes et Soutien à la RBC.
Commandites et autonomie
Les banques appuient financièrement ces événements ainsi que des organismes représentant les communautés culturelles. Ces rapprochements mènent parfois à des partenariats comme celui qui lie l’Association communautaire d’emprunt de Montréal (ACEM) et le Mouvement Desjardins. Ce dernier prête des fonds aux travailleurs étrangers qui ont besoin de suivre une formation complémentaire afin d’obtenir leurs équivalences ou apprendre la français pour trouver un emploi.
Des différences existant entre les communautés culturelles, les succursales bénéficient d’une certaine autonomie pour s’adapter à la réalité ethnique de la zone géographique qu’elles couvrent. « Nous avons appris à ne pas tenir pour acquis que les communautés ont toutes des besoins identiques », met en avant Mme Coutlée.
Des limites
Si les banques démontrent une réel souci de répondre aux besoins des communautés ethniques, jusqu’à quel point sont-elles prêtes à faire des efforts? Par exemple, pour des raisons culturelles ou religieuses, des clients peuvent demander à ne pas être en contact avec des individus du sexe opposé. M. Honorin estime que « l’objectif de Desjardins est de satisfaire la clientèle et qu’il n’y a pas de problème à ce qu’une personne soit servie par quelqu’un d’autre si elle le désire ».
TD et RBC Banque royale se montrent plus réservés. « Nous croyons en l’égalité hommes-femmes, affirme Mme Coutlée. On fait du cas par cas car nous ne voulons ni offenser le client, ni l’employé. » Même son de cloche du côté de M. Belleus, qui juge que c’est le respect qui doit avant tout primer. Selon lui, le Groupe Banque TD prêche pour la diversité, mais ne veut pas non plus créer de différences.