L'industrie des fonds négociés en Bourse continue de se fragmenter et d'offrir de plus en plus de produits spécialisés. L'idée nous est venue de recenser quelques-unes des thématiques inusitées développées au cours des dernières années. En voici une dizaine.
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1. Les promesses de l'énergie propre
Si vous cherchez le moyen d'exposer votre portefeuille aux sociétés productrices d'énergie renouvelable - solaire et éolienne, notamment -, le FNB iShares Global Clean Energy (Nasdaq, ICLN) est une avenue. En plus d'un ratio de frais de gestion raisonnable, à 0,48 %, celui-ci propose une saine diversification à l'international. Attention, cependant ! Près de 19 % du portefeuille est composé d'un seul titre, Hanergy Thin Film Power Group, et 43 % du FNB est exposé à la Chine. Depuis son lancement, en juin 2008, les investisseurs ont vu leur pécule fondre d'environ 21 %. Ils reçoivent actuellement un rendement de distribution annuelle qui avoisine les 3,5 %.
2. Miser sur la restauration
Les investisseurs qui souhaitent s'exposer aux géants de la restauration n'ont pas l'embarras du choix. McDonald's (NY, MCD), jadis considérée comme un refuge tranquille pour les épargnants qui recherchent une combinaison de croissance et de revenu, est désormais dans l'urgence de repenser son concept. Le titre de Chipotle Mexican Grill (NY, CMG) n'est pas à la portée de toutes les bourses à plus de 655 $ US l'unité, celui de Yum ! Brands (NY, YUM) s'échange à plus de 20 fois les bénéfices prévus et celui de Shake Shack (Nasdaq, SHAK), moins connu, n'est offert que depuis le 30 janvier.
L'entreprise Jack in the Box (Nasdaq, JACK) continue, par contre, de bien performer. Dans un rapport publié récemment, l'analyste Robert M. Derrington, de Wunderlich Securities, confirme sa recommandation d'achat sur le titre et une cible rehaussée de 100 à 110 $US, un rendement potentiel de 14 % au cours actuel de 96,35 $ US. Ce titre a surperformé le S&P 500 de 53 % dans la dernière année, ce qui lui confère un momentum haussier.
Deux FNB en particulier permettent de s'exposer à ce dernier et, en fait, seulement cinq FNB présentent Jack in the Box comme l'un de leurs 10 principaux titres. L'investisseur pourrait ainsi se tourner vers le PowerShares Dynamic Food & Beverage (NY, PBJ) ou le PowerShares S&P SmallCap Consumer Discretionary Portfolio (NY, PSCD).
3. L'agriculture et les infrastructures
Même la Caisse de dépôt et placement du Québec envisage d'accorder davantage d'importance aux infrastructures dans sa philosophie d'investissement. Pour l'agriculture, l'investisseur parie plutôt sur l'augmentation des bouches à nourrir et sur la diminution des terres cultivables dans le monde. Le point commun de ces deux créneaux : la nécessité d'un portefeuille diversifié, exposé à plusieurs secteurs, mais sans la volatilité associée aux ressources naturelles. L'iShares Global Infrastructure Index ETF (Tor., CIF) et l'iShares Global Agriculture Index ETF (Tor., COW) sont deux exemples de produits qui permettent de s'exposer aux deux secteurs. Le premier comprend des titres tels que la firme d'ingénierie Stantec (Tor., STN), Kinder Morgan (NY, KMI) et Fluor Corp (NY, FLR), pendant que le second est constitué de firmes comme Monsanto (NY, MON), Archer Daniels Midland (NY, ADM), EI Dupont de Nemours (NY, DD) et Mosaic (NY, MOS). Le ratio des frais de gestion est de 0,71 % dans les deux cas.
4. La popularité des rachats d'actions
Les analystes parlent souvent d'ingénierie financière pour qualifier les rachats d'actions. L'opération consiste, pour une entreprise inscrite en Bourse, à racheter une partie de ses titres en circulation. La société diminue ainsi le nombre d'actions en circulation, ce qui a un impact immédiat sur le bénéfice par action. Les rachats d'actions sont une solution de rechange ou complémentaire au versement d'un dividende, ainsi qu'un excellent moyen de retourner de l'argent aux actionnaires. À défaut de dénicher une occasion d'acquisition à bon prix, et dans l'espoir de déployer le capital important accumulé dans leurs coffres, plusieurs grandes entreprises, par exemple Apple (Nasdaq, AAPL), Microsoft (Nasdaq, MSFT), IBM (NY, IBM) et Procter & Gamble (NY, PG), optent pour des rachats de plusieurs milliards de dollars.
Un bémol s'impose cependant : les rachats sont particulièrement judicieux lorsque l'évaluation boursière est dévalorisée, ce qui n'est pas nécessairement le cas à l'heure de rédiger ces lignes. Si une entreprise rachète ses actions à 10 $ et que le titre tombe par la suite à 8 $, elle a en fait détruit de la valeur.
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Plusieurs FNB permettent de s'exposer aux entreprises qui utilisent cette tactique financière, dont PowerShares BuyBack Achievers (NY, PKW) et AdvisorShares TrimTabs FloatShrink (NY, TTFS). Moyennant un ratio de frais de gestion de 0,68 %, le premier calque l'indice NASDAQ US BuyBack Achievers et investit 90 % de ses actifs dans les entreprises constituant l'indice en question. Ces dernières doivent avoir éliminé au moins 5 % de leurs actions en circulation dans les 12 derniers mois pour faire partie de l'indice.
Le second, quant à lui, propose un ratio des frais de gestion de 0,99 % et tient plutôt compte de plusieurs facteurs dans son algorithme de sélection : les rachats d'actions, l'augmentation des flux de trésorerie et la diminution du levier financier au bilan de chaque société.
5. Miser sur les spin-off
Un spin-off, ça vous dit quelque chose ? L'entreprise divorce de certaines activités qui ne cadrent plus avec son plan d'affaires. Celle-ci procède alors à l'essaimage d'une division, en créant une entité indépendante, désormais inscrite en Bourse. Des actions de la nouvelle entreprise sont octroyées aux actionnaires de la société mère sous forme de dividende. Une telle opération est souvent créatrice de richesse pour ces derniers, puisqu'elle favorise bien souvent la valorisation boursière de l'entité scindée, dont la croissance n'était pas reconnue au préalable, par le marché.
Une récente étude de la Deutsche Bank souligne cependant que les premiers pas en Bourse de la nouvelle société se font généralement... à reculons ! Les actionnaires de l'entreprise d'origine décident parfois de vendre leurs actions rapidement. De nombreux gestionnaires de fonds indiciels peuvent aussi emboîter le pas. Par contre, l'histoire est différente à long terme : la probabilité d'obtenir un meilleur rendement que le marché en investissant dans les entreprises issues de l'essaimage est démontrée pour l'investisseur en mesure de subir un recul temporaire.
Vous souhaitez éventuellement exposer votre portefeuille à l'essaimage de PayPal, entité qui sera séparée d'Ebay (Nasdaq, EBAY) en 2015 ? Vous pensez miser sur la séparation de Baxter (NY, BAX) en deux sociétés distinctes dans les prochains mois ? Mais vous souhaiteriez diminuer le risque ? Le FNB The Guggenheim Spin-Off (NY, CSD) pourrait bien vous convenir, puisqu'il investit depuis 2006 dans les titres de sociétés séparées au cours des 30 derniers mois. Il a notamment investi dans Zoetis (NY, ZTS), Kraft Foods Group (Nasdaq, KRFT) et Abbvie (Nasdaq, ABBV). Son évaluation semble raisonnable, à 14 fois le bénéfice moyen des 40 sociétés qui le composent. La distribution annuelle de 0,74 $ US procure un rendement de près de 1,50 %, et le ratio des frais de gestion se situe à 0,72 %.
6. Les transactions d'initiés
Le FNB Horizons Indice d'initiés canadiens (Tor., HII) calque l'indice d'INK Research qui regroupe 50 titres de la Bourse de Toronto faisant l'objet d'un volume significatif d'achats et de détentions d'actions par des initiés. C'est le premier indice mis au point par INK, société de Vancouver fondée en 2004, qui fournit des travaux de recherche sur les titres négociés par les initiés.
Plusieurs sont d'avis que l'achat et la détention d'actions par les cadres supérieurs et autres administrateurs d'une société représentent un signal intéressant pour l'investisseur, lorsque ces transactions sont conjuguées à des caractéristiques fondamentales favorables à ces sociétés. L'initié possède souvent de l'information pertinente que l'actionnaire ordinaire ignore. La réglementation exige d'ailleurs que les transactions d'initiés soient divulguées le plus rapidement possible suivant leur réalisation.
Pour éviter la tâche fastidieuse de répertorier chacun de ces mouvements occasionnels, un FNB permet désormais de s'exposer à un panier d'initiés. Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B) (2,57 %), Agrium (Tor., AGU) (2,37 %), Fortis (Tor., FTS) (2,17 %), Telus (Tor., T) (2,06 %) et Constellation Software (Tor., CSU) (2,23 %) sont quelques-uns des titres qui figurent dans ce panier. Le parcours de ce dernier sur la Bourse de Toronto demeure jeune, puisqu'il ne s'échange que depuis le 21 janvier 2015. Les frais de gestion sont de 0,65 % par année.
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7. L'espoir des fusions et acquisitions
Les mariages entre sociétés se sont multipliés à un rythme soutenu en 2014, et la tendance se poursuit de plus belle en 2015. Les secteurs de l'énergie, de la technologie et des soins de la santé, notamment, sont particulièrement touchés par cette vague de consolidation. Le FNB IQ Merger Arbitrage (NY, MNA) permet de bénéficier de ce phénomène en s'emparant de la différence financière qui prévaut entre le prix du titre avant l'annonce d'une transaction et le prix annoncé lorsqu'une proposition survient. Il ne s'agit pas que d'une simple stratégie fondée sur des rumeurs : le FNB s'expose aussi aux titres de sociétés déjà ciblées par une proposition d'acquisition, mais qui pourraient faire l'objet d'une surenchère. Son principal titre, au 12 mars 2015 ? Salix Pharmaceuticals (Nasdaq, SLXP), qui a fait l'objet d'une chaude lutte entre Valeant (Tor., VRX) et Endo International (Nasdaq, ENDP).
8. Un pari sur l'infonuagique
Les géants technologiques souhaitent tous s'approprier une part du lucratif marché de l'infonuagique. Les principaux acteurs ont généré 16 milliards de dollars américains en revenus dans ce secteur lors du seul quatrième trimestre 2014, selon la firme Synergy Research Group. Amazon (Nasdaq, AMZN) a ravi 28 % des parts de marché mondial en 2014, loin devant Microsoft (Nasdaq, MSFT) (10 %), IBM (NY, IBM) (7 %), Google (Nasdaq, GOOG) (5 %), Salesforce (NY, CRM) (4 %) et Rackspace Hosting (NY, RAX) (3 %). Pas étonnant, donc, que chacun de ces titres soit représenté dans le FNB First Trust ISE Cloud Computing Index Fund (NY, SKYY). Ce dernier investit dans l'indice ISE Cloud Computing, qui compte 39 titres, dont d'autres noms bien connus de l'univers techno : Netflix (Nasdaq, NFLX), Red Hat (NY, RHT), Cisco Systems (Nasdaq, CSCO), Facebook (Nasdaq, FB), Open Text (Tor., OTC) et Adobe Systems (Nasdaq, ADBE). Rééquilibré deux fois par année, le fonds est offert moyennant un ratio de frais de gestion de 0,60 % et s'échange à prime par rapport à l'ensemble du marché boursier, soit à un multiple de près de 27 fois les bénéfices. Néanmoins, pour l'investisseur qui souhaite s'exposer à ce secteur prometteur, la diversification du FNB réduit le risque associé à la sélection d'un titre technologique individuel.
9. Les variations quotidiennes du prix du pétrole
Le pétrole est sur toutes les lèvres depuis la fin de 2014. Si vous êtes gagnant à la pompe depuis ce temps, il y a fort à parier que vos investissements boursiers dans le secteur ont fondu comme neige au soleil. S'il est difficile de sélectionner l'une ou l'autre des sociétés oeuvrant dans le secteur, compte tenu de l'incertitude qui prévaut actuellement, pourquoi ne pas miser sur les variations quotidiennes de la matière première, dans l'espoir de tirer bénéfice de la hausse du prix du baril ? C'est ce que permet de faire le FNB United States Oil (NY, USO). Mais attention, on est loin de la simplicité... et de la sécurité !
Ce dernier tente de dupliquer les fluctuations quotidiennes du baril West Texas Intermediate (WTI). Pour arriver à ces fins, les gestionnaires misent sur des contrats à terme pétroliers (ou futures, en anglais) qu'ils négocient tous les mois. Deux variables entrent dans l'équation : le cours actuel du brut et l'optimisme (ou le pessimisme, c'est selon) du marché pour l'avenir.
Les écarts de valeur entre chacun des contrats mensuels fluctuent au gré du vent, et le simple roulement des contrats, avec le temps, peut venir gruger le capital investi. L'investisseur doit souhaiter que le pétrole remonte rapidement, avant que trop de mois ne s'écoulent ou que le marché des contrats à terme ne devienne nettement moins optimiste, et que la valeur des contrats ne se resserre tous les mois.
Conclusion ? Le FNB existe... mais n'entre pas nécessairement dans la catégorie de l'investissement. Les spéculateurs pourraient cependant s'en donner à coeur joie.
10. Un regard sur les gourous de l'investissement
Vous aimeriez bénéficier des conseils des plus grands de l'investissement ? Vous souhaiteriez exposer votre portefeuille à la sagesse de Warren Buffett ou à l'audace de Carl Icahn ? Le FNB Purpose Best Ideas Fund (Tor., PBI) regroupe les meilleures idées d'investissement de gestionnaires de portefeuille parmi les plus chevronnés. Ses 25 titres, inscrits majoritairement sur les Bourses américaines (88 %), font partie des plus importantes positions de 20 maîtres de la sélection boursière, dont Nelson Peltz, Daniel Loeb, David Einhorn et George Soros. Trois des titres bien connus ? Valeant Pharmaceuticals (4,63 %), Actavis (4,14 %) et eBay (4,01 %). Au moment de rédiger ces lignes, les actifs sous gestion de ce FNB, lancé récemment, ne sont que de 20,1 M$.
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